20. Pardon

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La nuit est presque tombée quand je ressort de chez moi pour aller retrouver Sawako.
Mon père a raison. Je dois ravaler mon sale caractère et mon orgueil pour elle, en espérant que ça suffise. Je m'étais juré de ne pas la faire pleurer, d'être celui qui essuierait ses larmes et aujourd'hui, j'en suis la cause.
Tandis que je marche et que je réfléchis à ce que je vais lui dire, je passe devant un konbini. J'ai alors une idée et m'y précipite pour ressortir quelques minutes plus tard avec un sac en plastique.
Le trajet jusqu'à la maison des Fukuda est trop court et je ne sais toujours pas ce que je vais lui dire au moment où je frappe à la porte.

- Qu'est ce que tu fous là, toi ?

Merde Haru ! Je n'avais pas réfléchi à la possibilité que ça soit lui qui m'ouvre et je réalise que ça va être un problème.

- J'veux voir Sawako.

- C'est hors de question vu dans quel état elle est rentrée toute à l'heure, à cause de toi! s'énerve Haru en me barrant le passage de son bras. Je t'avais dit que je te casserais la gueule si tu la faisais pleurer ! Mais visiblement quelqu'un s'en est déjà chargé. Tu veux quoi ? Une deuxième raclée ?

- J'suis venu pour arranger les choses... Laisse moi la voir !

- Non, y'a pas moyen que tu lui fasses encore plus de mal ! Dégage ! me balance t-il en poussant violemment en arrière avant de claquer la porte.

Je lâche un juron en descendant les marches du perron. Comment je peux faire pour voir Sawako sans me confronter à Haru ? Foncer dans le tas provoquerait une bagarre et même moi, je suis pas assez bête pour faire ça. Je sais que taper sur son frère n'est pas le meilleur moyen d'arranger les choses. Je lève les yeux vers le ciel et une lumière filtrant à travers les rideaux de la fenêtre des voisins me donne une idée. Discrètement, je fais le tour de la maison pour arriver sous la fenêtre de la chambre de Sawako, qui par chance se trouve juste au dessus de l'avancée de toit de la terrasse. Je pose mon sac plastique à mes pieds et ramasse quelques petits cailloux. J'en jette un premier puis un second, sans que rien de bouge à la fenêtre. Avec un soupir, j'en lance un troisième.

- Sawako ! j'appelle à voix basse pour qu'Haru ne m'entende pas.

Alors que je me prépare à jeter un quatrième caillou sur sa fenêtre, je vois les rideaux bouger et le visage de Sawako apparaître.

- Qu'est ce que tu veux, Daiki ? me demande t-elle sèchement.

- Laisse moi monter, s'te plaît ! Faut que j'te parle et Haru me laisse pas entrer...

- Et ça t'étonnes ? T'as été un vrai connard !

- Je sais... Je... S'il te plaît...Est ce que je peux monter ?

Je la vois se reculer de la fenêtre sans la fermer. Je prends ça pour une invitation à monter la rejoindre alors je passe les anses du sac sur mon bras et commence à escalader l'avancée de toit. Quand je pénétre enfin dans sa chambre peu éclairée, Sawako me fixe, les sourcils froncés et les bras croisés sur la poitrine.

- Écoute... je commence en m'avançant vers elle.

- Mais... Qu'est ce que t'as fichu ? Tu t'es battu ? me coupe t-elle remarquant ma lèvres et ma joue tuméfiée. C'est Haru qui t'as fait ça ?

Son inquiétude pour moi me rassure légèrement et je reprends confiance. Si elle s'inquiète pour moi, c'est qu'elle tient encore à moi.

- Non, c'est pas ton frère mais ton ex qui m'a fait ça !

Un verre de lait |KnB|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant