Atlantes **Lexy

Renaissance 2

Voilà trois ans que je suis ici. Une grotte sous marine. Un endroit pour me protéger, me disent mes gardiens mais j'ai de plus en plus l'impression d'y être prisonnière. Je m'allonge à nouveau sur ma couche, l'esprit vagabondant dans mes souvenirs.

Je ne me souviens plus de grand-chose de ma vie d'avant. Des souvenirs me reviennent mais ils se mélangent à ceux du corps que j'occupe. Liam me dit qu'avec le temps je finirai par lever le brouillard mais dès que nous abordons certains souvenirs de mon passé, mon corps se met en mode sécurité et je m'évanouie. Impossible pour eux de me narrer qui j'étais, les personnes qui m'entouraient, ma famille, mes amis, ma vie tout simplement sans que je ne perde connaissance. Alors nous y allons petit à petit. Liam m'interroge sur mes rêves, tous les jours. Nous essayons de sortir quelques éléments de mon passé. Il m'a expliqué que mon esprit essaie de me redonner des éléments de moi-même. Mon âme se rebelle contre ce corps qui me bloque et il passe par les rêves. Cependant, il est nécessaire de trier les souvenirs de ce corps et les miens. C'est ainsi qu'il m'a raconté l'histoire de Shalia, des corps que je voyais, des meurtres qu'elle avait commis. Certains rêves nous mélangent l'une à l'autre. Je me suis vu dans un cercueil, au milieu de corps moitiés morts, moitiés vivants. Ma rencontre avec les manges morts. Il a tenté, ce jour là, de m'expliquer comment j'avais pu m'échapper et survivre mais mon corps s'était mis à trembler et je me suis écroulée.

Ainsi se passent mes séances de rattrapage. Je raconte ce que je vis la nuit et Liam essaie de me conter l'histoire qui s'est déroulée autour. Sauf pour lui. Je n'avais jamais abordé le sujet de cette voix qui m'appelle, qui me supplie de revenir. Et j'ai enfin vu son visage. Celui que je recherche également dans mes rêves. Il m'appelle et je cours dans tous les sens pour le retrouver. Et pourtant, je ne sais pas qui il est. Ses yeux verts illuminent mes pensées. Je souris. Je revois son visage parfait, devant moi. Je suis les courbes de ses lèvres. Mais qui est-il ?

- Debout fainéante ! Au boulot ! me lance Maïwen me sortant de mes réflexions.

Maïwen. Ma tortionnaire ! Et oui, dans toute histoire il faut un ennemi. La voici ! La méchante sorcière ! L'horrible personnage de mon histoire ! Maïwen ! Je râle en me levant et en me dirigeant vers notre salle d'entrainement. Son odeur est tellement forte que je pourrais la suivre les yeux fermés ! Elle revient d'Atlantide. Elle sent le poisson. Le poisson mélangé avec une odeur plus poignante, plus sensuelle et attirante ! Je lève les yeux au ciel en la voyant. Elle ne pouvait pas s'habiller plus provocante !

- En forme ? me lance-t-elle de l'autre bout de la pièce.

Elle me lance aussitôt un souffle qui me projette contre le mur derrière moi. En quelques secondes, elle est à mes côtés.

- Tu n'étais pas prête ? me demande-t-elle en me relevant et en souriant en coin.

- Non mais t'es malade ! je lui lance en la repoussant. Non, je n'étais pas prête !

Maïwen tente de m'apprendre, à sa façon, à me servir des pouvoirs contenus dans ce corps. Mais mon cas est désespéré.

- On réessaie ! me dit-elle en s'éloignant.

- Non ! je lui réponds en m'asseyant. Je n'y arrive pas ! Je n'y arriverais jamais, Maïwen. Laisse tomber !

- Ça fait seulement trois ans, Lexy, me dit-elle en revenant vers moi. Il faut du temps pour maitriser les pouvoirs d'une sirène, ça ne se fait pas comme ça, surtout pour une humaine !

Je la fusille du regard. Oui, elle me le répète tous les jours. Je ne suis qu'une humaine. Une humaine décérébrée ! Pour elle, les humains sont dépourvus d'intelligence et sont faibles. En l'occurrence, pour moi, il s'avère que c'est vrai. Elle n'a fait que bouger la main, un simple petit geste et je me suis écrasée sur le mur. Heureusement, ce corps est solide et je ne me suis jamais rien brisé. J'ai réussi une fois à contrer son attaque. Elle m'avait poussée à bout. Je lui ai renvoyé son attaque comme un boumerang et c'est elle qui est allé s'écraser sur le mur. Comment j'ai fait ? Aucune idée.

- D'accord ! accepte-t-elle. Mais alors, je vais t'apprendre un petit tour facile.

Elle s'assoit en face de moi en tailleur, ses mains l'une sur l'autre devant elle.

- Fais comme moi !

Au début je n'ai rien vu mais sa main a commencé à se brouiller et une mini tornade s'est formée au creux de sa main.

- Comment fait-on ça ? je lui demande impressionnée.

- Imagine du vent, l'air dans ta main et ensuite imagine en être maitresse, c'est toi qui le dirige. Il y a de l'air dans ta main, il te suffit de regarder, de le voir et de le faire tourbillonner.

Mes yeux fixés dans le creux de ma main, je scrutais. Elle me dit que je peux voir l'air alors je peux voir l'air. Et petit à petit ce sont des paillettes que j'ai vu. J'ai cru que mon corps se mettait de nouveau en mode autodéfense mais non, je regardais ma matérialisation de l'air et j'y voyais des paillettes. Et je les ai fait tourner. Je les regarde tourbillonner. Et je teinte l'air autour en vert. Des paillettes qui tourbillonnent dans un fond vert. Magnifique. Sublime.C'est son hoquet de surprise qui me sort de ma contemplation.

- Pourquoi ses couleurs ? m'interroge-t-elle en fronçant les sourcils.

- Je crois que ça me fait penser à quelqu'un, je lui réponds honnêtement, c'est ma seule amie ici et j'ai besoin d'avoir un avis féminin sur la question.

- Ah oui ? s'étonne t-elle en scrutant, inquiète, l'entrée de la pièce. Tu te souviens ?

- Me souvenir ? je lui demande le cœur battant plus fort.

Elle le connait ! Elle sait qui a les yeux verts pailletés ! C'est obligé ! Maïwen connait l'inconnu dans mon rêve et elle va pouvoir m'éclairer sur son identité. Peut-être même me proposera-t-elle de le rejoindre !

- Il existe alors ? Tu le connais, Maïwen ?

- C'est que... hésite-t-elle. Lexy, c'est compliqué !

Je me lève très excitée par la nouvelle. Il existe ! Le beau brun aux yeux vert pailletés existe ! Et apparemment, je ne dois pas trop en savoir. Je sais que mon corps se met en veille lorsque j'essaie de savoir des choses de mon passé et je suis persuadée que c'est pour ça que Maïwen ne veut rien me dire sur cet inconnu dans mes rêves.

- Tu viens ? nous interrompt Ethan les sourcils froncés.Nous ne l'avions pas entendu arriver.

Je l'ai vu dans les yeux de Maïwen, elle ne s'attendait pas à le voir. Il sait être discret, Ethan.