Passer à autre chose

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Olivia

-Mais qu'est ce qui lui arrive ?

      C'était la troisième fois pendant la journée que je voyais Steeve rentrer dans l'infirmerie. Et il en sortait toujours pareil. Avec une main sur la tête et cette grimace de douleur inchangée.

    Christian releva la tête pour tenter de découvrir de quoi je voulais parler. Quand il vit Steeve trottiner comme un somnambule, il dit en haussant les épaules d'un ton vague :

-La gueule de bois, je suppose.

     Avec Christian, on est devenu copain depuis ma rupture avec Steeve. Pas petit copain,non. Juste copain. Il était plutôt cool et comme je ne pouvais m'empêcher de parler de Steeve plus de cinquante fois par jour, surtout en sa présence, il a vite comprises que notre relation ne sera qu'amical. Il lui arrivait parfois de m'embêter en me demandant :
"Vous êtes vraiment sûrs d'avoir rompu vous deux ? "

-Qu'est ce que tu entends par gueule de bois ?

Steeve venait de sortir des toilettes avec une main sur le coeur, la tête baissée en bousculant tout le monde sur son passage. Christian le suivi du regard en disant :

-Un de mes potes l'a surpris au country-club hier soir. Et à ce qu'il paraît, il buvait tout ce qui lui tombait sous la main.

     Hein ! Steeve ! Se saouler sans raisons ?

D'accord, je savais qu'il était le roi du délire d'habitude. Mais je m'attendais plus à ce qu'on le surprenne au milieu d'un groupe de filles plutôt que d'une centaine de bouteilles.

-J'arrive pas à y croire !

-Hé ! Mon pote a une bonne vision ! Se vexa Christian.Et puis, je vois pas ce qu'il y a d'étonnant.  C'est de Steeve dont on parle, non ?

-C'est vrai. Reconnu-je. Mais il est plus du genre à se saouler de sexe que de bière.

   Il parut réfléchir une seconde.

-C'est peut-être vraie. Ou du moins, c'est ce que tu cherches à croire.

      Que voulait-il dire ?
   
-Où veux tu en venir ?

    Il ne répondit tout de suite.

-Écoute, Olivia. Je ne connais pas toute l'histoire, mais il semblerait que c'est un peu à cause de toi qu'il est dans cette état.

       Avait-il vraiment dit ça ? Comment osait-il ?

-Ce qui veut dire ? Enrageai-je

-Je veux pas m'en mêler. Mais avant toi, Steeve était un autre Steeve,tu vois ? Et ça empirait de jour en jour. Mais depuis que vous sortiez ensemble, il n'avait d'yeux que pour toi. J'espère que tu ne l'a pas puni pour rien.

    Là, c'en était trop. Non seulement il prenait sa défense, il me mettait le tout sur le dos en plus. Comme si c'était ma faute. La solidarité entre mec, ouais. Grave chiant. Attendez un peu que je lui remette à sa place.

-Je ...

    À peine eus-je commencé que la sonnerie annonçant la fin de la pause retentit. Ce qui coupa court à la conversation.

-Il faut que j'y aille. Me dit-il. J'ai cours.

    Il me planta un rapide baiser sur la joue et s'en alla rapidement.

    "Lâche"eus je envie de lui crier. Mais je m'abstins.

  Non mais quel enfoiré !

                                      *******

-On peut pas remettre ça à une autre fois ? Marmonna Val en mettant son dernier cahier dans son casier.

-Une autre fois ? Pourquoi une autre fois ? Ce sera plus simple si l'on s'y met dès ce soir. Comme ça, on n'aura pas à se prendre la tête la semaine prochaine.

   Val inspira bruyamment tout en se grattant l'arrière du crâne. Et je savais parfaitement ce que ça signifiait. Que je parlait dans le vent, rien de plus.

     Sandra, trop occupée à jouer avec ses crottes de nez , saisissait à peine la conversation.

-De quoi vous parlez, toutes les deux ?

-On a un devoir de trigo à remettre mercredi, Valentia et moi. Je lui demande de bien vouloir le faire ce soir, question d'être débarrasser d'un devoir en plus. Mais bien entendu, madame a autre chose à faire. Fulminai-je

     L'intéressé en question ferma son casier et se retourna face à moi.

-Écoute Olivia, je comprends ton point de vue. Mais ça ne pourra pas le faire pour moi. J'ai quelque chose d'autre de prévu ce soir.

     Laissez moi deviner. Jérémy !

-Vous pourriez baiser une autre fois toi et ton nounours. Mais, pour...

-Attends ! Attends ! Je crois que j'ai un appel !

      Non mais je rêvais ! Je lui parlais de devoirs, de notes, d'activité scolaires très importants, et pendant ce temps, elle ne se souciait que d'une chose : Son mec. 

   Cette note comptait pour les examens. L'a t-elle oublié au moins ? À ce rythme v je voyais parfaitement ce qui m'attendait dans mon bulletin pour ma note de trigo. Un énorme Zéro  bien costumé. Et même si parfois, je me souciais peu de mes notes, je ne pouvais pas me permettre un zéro quand même.

Alors que j'en faisais toute une histoire à propos de mes futurs résultats scolaires, Valentia elle, sautillait partout comme une gamine , son téléphone collé à l'oreille. Non mais franchement,c'était ça être amoureuse ?

-Rappelle moi de choisir quelqu'un de plus sérieux comme partenaire de travail la prochaine fois. Dis-je à Sandra

-Oh mais tu faisais pire.

     Je fronçai les sourcils, perplexe.

-Tu sais, quand tu sortais encore avec Steeve. Renchérit-elle. Steeve par ci, Steeve par là. Je ne te parle même pas du nombre de cours que tu as séchés.

    Dans le mil ! Rappelez-moi de fermer la gueule la prochaine fois. Principe : "Ne pas juger pour ne pas être jugé en retour. "

    Comme je rougissait jusqu'aux oreilles, bouche bée, Sandy décida de m'épargner. 

-Bon, je dois te laisser. J'ai des tonnes de trucs chiants à faire. À toute.

   À peine partit, Val me rejoignit à son tour, tout sourire.

-Laisse moi deviner. Je peux bien aller me faire foutre c'est ça ?

   Tout en continuant à sauter partout, elle répondit :

-Jérémy m'attend dehors. Il dit qu'il a une surprise pour moi.

   Désireuse de gâcher le plaisir, je lui assénai un :

-Je vois pas pourquoi en faire tout un plat. C'est peut-être une mauvaise surprise. Comme un : "J'ai rencontré quelqu' un d'autre, c'est fini entre nous. "

     Et bien sûr, je fus là seule à rire de ma mauvaise blague. Car Val, complètement prise d'amour, semblait n'avoir rien entendu de ce que j'ai dit.

-En tout cas, il faut que j'y aille. Pour le devoir de trigo, on en parlera plus tard, d'accord ? A plus  !

-Mais attends, on...

    Mais elle était déjà partit. En me laissant en plan au milieu du couloir vide.

     Géniale !




L'irrésistible playboyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant