Break The Rules.

Chapitre 21 : Les adieux déchirants

Ça y est, c'est l'heure. Les bagages d'Helly sont faits. Elle a dit au revoir à quelques-uns de ses enseignants, ses préférés – désolé Rogues, sans rancune? Il ne lui reste plus qu'à dire au revoir à sa maison, à Gryffondor, à cette tour où elle avait toujours rêvé d'être et qu'elle a hâte de quitter aujourd'hui. Tous les élèves y sont rassemblés dans le salon. Dean, Romilda, les jumelles Parvati, même des élèves qu'elle ne connaît pas! Eux doivent la connaître, évidemment. Depuis la mort de Crédric, à son passage, les chuchotements sont les seules voix qu'elle entend. « C'est elle, la sœur de Diggory? » « C'est elle qui a fait tout un scandale au Tournoi? » « C'est la fille qui sort avec un Serpentard? » Ainsi vont les commérages, racontant sa vie en croyant tout savoir et qui se contentent de juger sans s'informer.

« Ok, dispersez-vous, bande de vautours, laissez-la faire ses adieux aux gens qui comptent en paix! »

Ha! Fred et George, les diaboliques jumeaux Weasley. Plus vieux qu'elle, un peu, en théorie, même si ce sont toujours eux qui se mettent le plus souvent les pieds dans les plats. Avec Helly, ils ont eu un bref moment de compétition à savoir qui récolterait le plus de retenus en une année scolaire : ils gagneront à coup sûr, puisqu'elle abandonne. N'empêche, ces deux idiots vont lui manquer. Ils savaient toujours comment lui redonner le sourire avant. Une mauvaise note? Une querelle avec une amie? Rien n'était à leur épreuve. Une mauvaise journée? Pas de problème, ce joli sourire brillera à nouveau sur le visage de la jeune fille, c'est eux qui le disent! Mais, quand les mauvaises journées et les querelles s'accumulent, même les plus rigolos n'y peuvent rien.

« Fred, George, merci à vous deux. Vous m'avez fait rire dans des moments où j'en avais besoin.

-On a pas réussi à te faire rire quand tu en as eu le plus besoin, argumente George.

-On a vraiment essayé, tu sais, renchérit Fred.

-Je sais, et je vous en remercie. Vous y avez mis beaucoup d'efforts et j'en suis reconnaissante. Vous allez me manquer. Tenez-moi au courant de vos mauvais coups, OK?

-Tu nous écriras aussi si tu as des idées à nous proposer.

-On est ouvert aux suggestions. »

Tous trois se prennent dans leurs bras pour un dernier câlin groupé. Qui sait, peut-être passera-t-elle à l'occasion chez les Weasley. Après tout, elle s'est attachée à cette famille pratiquement plus qu'à la sienne. Molly et Arthur étaient toujours si gentils avec elle, Helly se sentait toujours la bienvenue auprès d'eux. Elle a eu la chance de voir à quoi ressemblait une vraie famille heureuse et unie, l'espace d'un moment...

Ginny, Ron, Harry et Hermione s'approchent à leur tour afin d'apprécier leur dernier câlin groupé ici, à l'école de sorcellerie où Helly n'y remettra plus jamais les pieds. Helly ne pourra pas trouver un autre groupe aussi soudé que le leur, malgré les réticences du début, malgré leurs doutes sur sa relation avec un Serpentard, malgré les disputes. Ils étaient pratiquement toujours ensemble quand elle n'était pas avec Calum, et c'est en leur disant au revoir qu'elle regrette presque de les avoir négligés pour un garçon qui, finalement, n'en valait peut-être pas la peine.

Personne ne semble vouloir quitter le câlin, qui perdure depuis déjà quelques minutes. Ils s'accrochent les uns aux autres, incapables de laisser aller... de laisser Helly aller. Ils savent que sa décision est prise et qu'elle ne changera pas, mais ils savent aussi à quel point elle est vulnérable depuis plusieurs temps déjà. Au moins, si elle restait ici, ils pourraient lui apporter leur soutien, alors que quand elle sera loin, ce sera plus compliqué.

« Tu nous écris, hein Helly?

-Oui, Hermione, promis.

-Et tu viendras nous rendre visite à Noël, au Jour de l'an, à Pâques, à...

-Oui, Ginny. Je viendrai vous voir tellement souvent que vous allez vouloir me mettre à la porte.

-Tu vas venir me voir aussi?

-Désolé, Harry, mais j'ai pas envie de passer d'une famille dysfonctionnelle à une autre, tu vois... Vas chez les Weasley, on s'y verra.

-Et tu viendras magasiner avec nous à Diagon Alley?

-Je dis toujours oui à du magasinage, vous le savez. Je quitte Poudlard et la sorcellerie, mais pas vous. Vous êtes trop importants à mes yeux. »

C'est donc les yeux remplis d'eau que le petit groupe d'ami se dirige vers la gare de Pré-au-Lard. Le chemin est rempli de rires, de souvenirs et de nostalgie. Helly reste sur le quai avec ses amis jusqu'à ce que le premier appel d'embarquement retentisse. Derniers câlins, cette fois individuels.

« Helly, attends! »

Tous se retournent pour voir Calum, courant à travers la foule jusqu'à eux – jusqu'à Helly, surtout. Ron, Hermione, Harry et Ginny se dispersent afin de leur laisser un tant soi peu d'intimité dans cette gare bondée.

« Alors c'est sérieux, tu t'en vas?

-Je te l'ai dit que je quittais Poudlard et tout ce qui s'y rattache, non?

-Oui, mais... Je pensais pas que tu partirais aussi vite, sans prévenir...

-Notre histoire est finie, Calum. Tu te fais plus de mal que de bien en t'accrochant comme tu le fais.

-Notre histoire est finie parce que tu l'as décidé, j'ai eu aucun mot à dire moi. je t'aime, Lyly. Je veux pas te perdre. Je veux surtout pas te perdre parce que mon père a choisi de suivre les mauvaises personnes...

-Je suis vraiment désolée, Cal. J'aurais aimé que ça se passe autrement... »

Helly profite de ce second appel d'embarquement pour grimper à bord du train. Qui sait, aussi déterminée était-elle il y a quelques minutes, elle serait maintenant capable de changer d'avis. À la fenêtre de son compartiment, elle regarde Calum, les yeux humides, l'air suppliant. Elle porte son regard ailleurs pour éviter de culpabiliser, d'être torturée par cette vision de l'homme qu'elle aime, l'air brisé. Elle regarde Ron, Ginny, Hermione et Harry, un sourire au visage, qui lui envoient la main, l'air de dire « à la prochaine ». Pour eux, une prochaine fois, il devrait y en avoir. Pour Calum et elle, toutefois, il n'y a plus le moindre espoir.

Elle aurait aimé que sa peine la quitte au moment où le train se met en marche et quitte la gare. Elle aurait aimé que ses sentiments restent à la gare, qu'ils ne la suivent pas, en vain. Sa peine, sa douleur, sa déception, sa colère, son vide, tout est là. C'est un bagage qu'elle porte à contrecœur, incapable pour le moment de s'en défaire. Désormais, c'est tout ce qui lui reste : ses sentiments et ses souvenirs d'un monde qu'elle avait cru inatteignable pour elle. Un monde qui lui a pris la seule personne qui comptait réellement à ses yeux; un monde qu'elle abandonne aujourd'hui, laissant une bande d'amis derrière et un ex petit ami en peine. Pré-au-Lard, qu'elle regarde par la fenêtre, disparaît au loin, tout comme son passage dans le monde de la sorcellerie.