Chapitre 11: La demande surprenante.

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Dans l'infirmerie, en train de changer les draps de tous les lits sans se servir d'aucune magie, Calum et Helly ne parlent pas, trop occupés à réfléchir. Depuis le repas, le jeune Malefoy a mûri un projet dont il aimerait faire part à la jeune femme, mais cherche encore comment. Il a déjà tout planifié, ne reste plus qu'à la convaincre d'accepter. Il s'apprête à se lancer, mais ne le fait pas. Pas tout de suite.

Bien qu'elle essaie de ne rien faire paraître, Calum voit bien qu'Helly semble tracassée. Ses gestes sont automatiques, mécaniques, mais son esprit est ailleurs. Ses mains ont beau s'affairer à déplier, étendre et positionner les couvertures propres sur les lits, sa tête est restée dans le corridor où elle se trouvait avec son frère plus tôt.

« Qu'est-ce que tu fais, le soir de Noël? »

La jeune femme sursaute, la voix de Calum surgit de nulle part la prenant au dépourvu. Le monde réel n'existait plus pour elle jusqu'à ce qu'il la fasse replonger en plein dedans. Surprise à ce point, ses doigts lâchent le drap qu'ils s'apprêtaient à bien positionner sur le lit.

« Il y a le bal, donc...

Donc on y va ensemble? »

Deuxième choc pour Helly. Calum a lancé cette proposition précipitamment, sans réfléchir. Trop penser aurait pu le faire changer d'idée, voilà donc pourquoi il s'est dépêché à parler sans s'attarder. La jeune Diggory arrête tous ses gestes et le fixe, les yeux écarquillés.

« Tu te fous de moi?

Non, pourquoi?

T'as pensé à ce que tu viens de dire?

L'espace de quelques secondes, ouais.

T'aurais dû y songer plus longtemps, parce que c'est complètement insensé!

Et en quoi le serait-ce?

Tu nous vois toi, arriver ensemble au Bal de Noël, main dans la main?

Je nous imaginais plutôt les bras l'un dans l'autre moi. »

Helly soupire avant de lancer la couverture – celle qu'elle avait reprise en main – à son petit ami, désespérée mais en même temps charmée par la simplicité de sa réponse. Il a juste fait cette remarque comme si ce n'était qu'un petit détail, comme si c'était le seul et simple problème dans la situation qu'il a amenée. Tout compte fait, Calum se fout bien de l'opinion des autres et des règles – c'est dans ses gênes. Tout ce qui lui importe, c'est Helly, c'est leur couple, c'est les soirées qu'ils pourraient passer ensemble. Ce n'est pas le cas de l'autre moitié de son couple qui, elle, est terrifiée.

« Allez, Helly, qu'est-ce qu'on risque?

Les commentaires des profs, des élèves, de mes parents, des tiens, de nos amis, les railleries, les moqueries, des retenues séparées jusqu'à la fin de nos jours, l'expulsion peut-être aussi, qu'elle énumère en guise de réponse.

Alors quoi, on va aller à cette soirée chacun de notre côté, se regarder de loin, se morfondre de pas pouvoir être ensemble et se contenter de petits sourires discrets?

...

Bah non, y'en est pas question. »

Presque avec rage, le jeune homme dépose le drap sur le lit qu'il s'apprêtait à faire et franchit les quelques mètres qui le séparaient de son amoureuse. Ses poignets agrippent les mains d'Helly et les empêchent de continuer leur travail, Calum ayant besoin de toute l'attention qu'elle pouvait avoir. Les yeux bruns rencontrent les yeux bruns.

« Y'a un autre moyen, Lyly.

Un autre moyen de quoi?

De vivre un bal ensemble.

Quoi, on change d'école et on va tout recommencer là-bas en s'arrangeant pour être dans la même maison pour pu avoir le problème qu'on a ici?

Non...mais c'est une solution envisageable pour plus tard.

Alors quoi?

On se fait notre propre bal rien qu'à nous. »

Les yeux brillants, illuminés par la chandelle qui brûle près d'eux, Calum la regarde et sourit, les doigts enroulés aux siens. Un sourire timide sur le visage, un petit sourire d'enfant qui a peur de se faire disputer, il se dandine encore d'un pied à l'autre, cette fois de manière assez discrète. Il attend une réponse qui est restée bloquée dans la gorge de la jeune femme.

« T'en dis quoi?

Hum je...

En fait, t'as qu'à dire oui, tout est déjà prêt!

Tout quoi est prêt?

Le lieu, la décoration, la musique, tout!

Et on y va comment, à ce fameux bal qui serait le nôtre?

Ça aussi, c'est prêt. Une jolie robe t'attend quelque part dans les affaires de Ginny.

De Ginny?

...

De Ginny?, répète Helly, visiblement étonnée et même pas sûre d'avoir bien entendu.

Bah quoi, tu penses que j'ai trouvé et acheté une robe tout seul?

Elle t'a aidée?

Ouais.

Pis y'a aucun blessé?
Si, moi. À cause de ton manque de confiance.

Donc, si je résume... T'as organisé un bal privé pour nous dans une pièce décorée? Et on est déjà habillés?

C'est exact. Alors, c'est oui ou c'est oui?

J'crois que ça va être oui. »

Un sourire immense s'étire sur les lèvres du jeune Malefoy. Ses bras s'enroulent autour de la taille d'Helly et la soulèvent, la font tourner aussi. Elle rie. Ils s'arrêtent lorsque des pas résonnent dans le couloir. Précipitamment, ils se séparent et retournent à leur tâche, aux lits qu'ils étaient en train de changer de draps. Le concierge s'arrête devant les portes de l'infirmerie et regarde les élèves qui exécutent le travail qu'ils ont à faire. Ne voulant pas savoir comment et pourquoi il y avait des cris et des rires quelques secondes plus tôt, il continue son chemin et s'en va. Une fois certains qu'il est assez loin, ils éclatent de rire devant la naïveté du personnel.

« Normalement, j'aurais dit que je passe te prendre à 19h, mais...

Mais mauvaise idée.

On se rejoint aux escaliers extérieurs près de la grande salle?

Pourquoi pas à notre salle?
Parce que c'est une surprise.

Mais Calum....

Mais non, Helly, j'te dirai pas de quoi y s'agit. Tu verras toi-même, qu'il conclut en souriant à la jeune femme boudeuse. J't'attendrai à 19h. »

Heureux, Calum poursuit son travail en souriant gaiement, ne pouvant s'en empêcher. Même Helly se surprend à éprouver du bonheur. Les pensées qui tout à l'heure l'assaillent se sont évaporées – vraiment? – et elle se sent bien. Les nuages noirs ont disparu de l'horizon hivernal et le soleil est de retour pour réchauffer les cœurs et faire fondre les doutes.



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