Break The Rules.

Chapitre 22 : L'épilogue.

« Helly, tu es rentrée! »

Helly est surprise de voir son père à la maison. Enfin, ce n'est pas surprenant en soi, puisqu'il y habite, seulement à cette heure, il a l'habitude d'être au travail. Travail qu'il a d'ailleurs tôt fait de reprendre après les funérailles de Cédric.

« Qu'est-ce que tu fais là?

-L'école m'a averti que tu revenais à la maison, alors je voulais être présent.

-T'en fais pas, je resterai pas longtemps.

-Qu'est-ce que tu veux dire, ma princesse?

-J'ai passé l'âge que tu m'appelles comme ça. Qui plus est, je reviens pas vivre ici. Je viens juste ramasser mes affaires.

-Et tu vas où comme ça?

-À mon nouveau chez moi.

-Quel nouveau chez toi?

-Je me suis loué un petit appartement à Manchester.

-Tu pars vivre à presque quatre heures de route de la maison?!

-Je pars vivre à presque quatre heures de route de toi, papa.

-Je suis toujours le méchant papa, c'est ça?

-Tu es toujours le père qui est trop, qui veut trop, qui pousse trop. Celui qui prend même pas la peine d'écouter ses enfants, de savoir ce qu'ils veulent vraiment, pas juste ce que toi tu veux qu'ils fassent et qu'ils soient. Tu voulais tellement que Cédric soit parfait qu'il a participé à un stupide tournoi pour te faire plaisir, et tout ça pour quoi? Pour se faire abattre froidement d'un sortilège interdit. J'ai perdu la personne qui comptait plus que tout à mes yeux et dans mon cœur. On me l'a enlevé. Voldemort a prononcé le sort, mais tu l'y as conduit. Maintenant, Cédric est mort et, à mes yeux, tout ce qui se rapporte à la magie aussi, et tu en fais partie. Je suis désolée. »

Sans un mot de plus, Helly se dirige vers sa chambre. Aujourd'hui, elle utilise la magie pour ramasser ses effets personnels, ensuite, c'est terminé. Plus jamais de magie, de sorcellerie, de sortilèges. Avant de quitter la maison de son enfance, elle s'allonge un bref moment sur le lit de son grand frère. Elle emmène avec elle quelques effets lui appartenant. Elle prend uniquement des vêtements : son polo vert, sa veste en jeans, son pull de Poufsouffle. Elle quitte tout de sa vie d'avant pour mieux recommencer, mais Helly ne peut s'empêcher d'emmener une partie de Cédric avec elle. Elle tentera de réaliser les rêves et les voyages pour lesquels il n'a pas eu assez de temps.

Helly visitera l'Irlande et l'Écosse, l'Indonésie et la Chine, la France et l'Espagne, sans oublier le Portugal, et l'Australie et le Vietnam aussi. Elle se lancera dans l'écriture, celle de l'histoire d'amour fraternelle entre une sœur et un frère, eux deux contre le monde. Elle apprendra le français, l'allemand et l'italien, le mandarin et le portugais même. Elle cuisinera des mets de tous ces pays que Cédric a toujours voulu visiter.

Oui, Helly se jettera corps et âmes dans des projets aussi fous les uns que les autres, du saut en parachute à l'ascension du Machu Picchu. Les aventures s'enchaîneront pour elle, mais... jamais elle n'oubliera. Au fond de son cœur, ils seront toujours là. Chaque nuit, elle s'endormira en pleurant aux hommes de sa vie, à Cédric et à Calum. C'est peut-être une histoire de destin, qui sait. Il faut croire que Cédric devait mourir ce soir-là. Il devait mourir pour qu'Helly cesse d'exister, qu'elle commence à vivre réellement.

Chaque nuit, Calum aussi pensera à Helly. Il coupera les contacts avec tous les membres de sa famille, qu'il considère – avec raison – responsables de sa rupture et de sa peine d'amour. Si seulement il avait eu un père normal, un père comme les autres, qui se contente d'un travail de 9 à 5 sans se plaindre, comme Arthur Weasley. S'il avait eu un père différent, Helly ne l'aurait pas quitté. Helly ne serait peut-être pas partie. Il n'aurait pas le cœur brisé et ses larmes ne couleraient pas chaque soir sur ses joues. Avec un autre père, Calum ne serait pas devenu une ombre, un fantôme de celui qu'il était autrefois, incapable de surmonter la perte de la seule fille qu'il n'ait jamais aimée.

Vous pouvez quitter tout ce que vous connaissiez, changer du tout au tout, mais Poudlard ne vous quittera jamais.

Pour tous les vivants, la vie continue. Pour certains, le vide n'aura jamais été si grand. Pour Helly et Calum, ce vide ne sera plus jamais comblé. Ils demeureront des fantômes d'eux-mêmes, de qui ils étaient, jusqu'à la fin, hantés par les erreurs et les regrets. Parfois, quand on ne peut pas changer le passé, l'avenir en est terni pour toujours.