Break The Rules.

Chapitre 10: Le dommage collatéral.

Ce matin, les élèves de Poudlard sont fébriles. Lorsqu'Helly, accompagnée de Ginny, franchit les portes de la Grande Salle, elle remarque l'atmosphère électrique qui y règne. Elle ne comprend pas pourquoi, mais ne cherche pas à savoir. Sans se poser plus de questions, elle hausse les épaules et va s'asseoir avec ses camarades. À peine assise, elle entend Neville prononcer le mot « bal ». Tout à coup, elle fait des liens entre le terme et la situation, interprétant que l'un est la raison de l'autre.

« Neville, t'as bien parlé de bal ou c'est moi qui a halluciné?

– Si tu passais pas toutes tes soirées en retenue, tu saurais qu'il va y avoir un bal, lance Ron en riant.

– Quel bal?, s'exclame-t-elle, un peu trop fort peut-être. »

La voix de sa Lyly parvenue jusqu'à ses oreilles, Calum lève la tête vers la table des Gryffondors. Il observe le visage de la jeune fille qui réagit aux explications de ses amis, qu'il écoute d'ailleurs aussi. Le Bal de Noël, qui aura lieu le soir du 24 décembre, n'est pas accessible pour les élèves de 3e année et moins, ce qui fait qu'Helly, Calum et toute la bande sont autorisés à s'y rendre. De 20h à minuit, ils pourront danser après avoir mangé – et après que les champions aient ouvert le bal. De préférence, il faut y aller en couple. Calum s'imagine déjà en retenue en train de demander à la jeune femme de l'y accompagner lorsque lui revient en tête une contrainte : ils ne peuvent être vus ensemble. Il se creuse les méninges à la recherche d'une solution pendant que la jeune Diggory, à quelques mètres de lui, se renfrogne déjà à l'idée qu'elle ne pourra pas célébrer cette Fête en compagnie de son petit ami.

« Et puis, Helly, avec qui tu vas y aller?, s'informe Hermione.

– Où ça?

– Au bal!

– Ah, hum... avec personne.

-Tu vas y aller toute seule?!, intervient Seamus, presque outré.

– Avec qui tu y vas, toi?, le questionne Harry.

-Lavande Brown.

– Sérieusement, Helly, tu vas aller au Bal de Noël en solo?, continue Hermione, se préoccupant de son amie.

– J'irai tout simplement pas à cette soirée. »

Tout le monde se met à protester, personne n'est en accord avec la décision d'Helly. Celle-ci secoue la tête, signe qu'elle ne changera pas d'avis. Hermione est toujours en processus pour la convaincre d'y aller lorsque Cédric apparaît derrière sa cadette.

« Helly, je peux te parler?

– Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que j'ai fait?

– Qu'est-ce que t'as pas encore fait?

– ... un point pour toi. »

S'excusant une fois de plus, Helly suit son frère hors de la Grande Salle afin de discuter du comportement de la jeune femme. Évidemment, il aura de nouveaux reproches à lui faire, il ne lui parle que pour cette raison depuis son arrivée dans cette école. Adossée sur le mur extérieur, les bras croisés sur la poitrine, elle regarde son frère.

« Qu'est-ce qu'il y a?

– Tu fais exprès de te ramasser en retenue ou quoi?

– Qu'est-ce que t'insinues par là?, questionne-t-elle, suspicieuse.

– On dirait que tu fais tout pour transgresser les règles! Au début, t'es insolente avec un prof, bien que ce soit Rogue et qu'il le mérite, pis maintenant...

– Pis maintenant quoi?

– Te promener dehors après le couvre-feu, sérieusement, à quoi tu pensais!

– J'pensais à prendre l'air. »

L'aîné de la famille Diggory passe une main nerveuse et exaspérée dans ses cheveux. Il soupire bruyamment avant d'inspirer pour se calmer. Vraiment il adore sa sœur! Mais parfois, il a l'impression qu'elle le rend dingue.

« Qu'est-ce qui se passe avec toi?
– Qu'est-ce que t'insinues cette fois?, questionne Helly, impatiente d'entendre l'opinion de Cédric.

– T'es différente. Déjà à ta première journée, quand on s'est parlé, t'étais pas comme d'habitude. Tu deviens insolente, tu désobéis aux règles, tu... Plus le temps passe, moins je reconnais ma petite Hel.

– J'étais déjà comme ça quand j'allais à une école normale, t'étais juste pas là pour t'en rendre compte. J'pourrais te dire la même chose, Ced. Tu me réprimandais jamais avant que j'arrive à Poudlard. T'étais marrant à la maison.

– J'le suis toujours, marmonne-t-il, quelque peu vexé dans son orgueil.

– Les seuls moments où tu viens me parler, c'est pour me faire un sermon avant une retenue. C'est loin d'être marrant.

– Tu crois que c'est marrant pour moi de jouer à la police?

– Alors le fais pas.

– Qui le fera sinon?

– Pas besoin de police, Ced! J'suis une adolescente, j'me rebelle contre l'autorité, c'est dans la nature des choses! T'as oublié ça? C'est une étape normale de la vie, autant chez les sorciers que chez ceux qui le sont pas. Moi, j'suis dedans là.

– Écoute, Hel, j'veux juste que tu te calmes un peu, ok? J'aimerais pouvoir te voir le soir, sauf que t'es toujours collée. Tu me manques. »

En relevant le regard qu'elle avait baissé afin de se calmer, Helly croise les yeux de son frère. Ses yeux brun-vert ont l'air sombre, plus qu'ils le sont normalement. Cédric a l'air triste. Elle ne l'avait jamais réalisé avant.

« On a passé des mois sans se voir pendant 7 ans, Ced.

– Oui, parce que t'étais loin de moi. Tu te rends compte qu'on se voit à peine alors qu'on est dans la même école?

– ...

– J'veux passer plus de temps avec toi, Hel.

– J'dois me sauver. »

Elle s'apprête déjà à partir lorsque son frère lui attrape le bras afin de la retenir. Il la regarde intensément, les yeux humides. Il glisse sa main dans celle de sa sœur.

« Pense-y, pumpkin. Fais un effort, arrête de t'attirer des ennuis et on passera une soirée ensemble, d'accord? »

Helly essaie de se déprendre pour partir, pour ne pas avoir à répondre, mais Cédric insiste. Pour avoir la paix, ou plutôt pour qu'il la laisse tranquille, elle hoche la tête. Satisfait, le jeune Poufsouffle dénoue sa poigne autour de la jeune fille, qui s'éloigne aussitôt, le cœur lourd. Culpabilisant, pleine de remords, elle emprunte le même couloir que depuis maintenant plusieurs semaines. Cette fois, elle n'est pas heureuse. Ses pas ne sont pas aussi légers qu'autrefois, alourdis par la peine qu'elle cause à son frère. Tout serait tellement plus simple si Calum et elle n'avaient pas à se cacher...

En franchissant la porte du local, la jeune femme efface sa mine triste et enfile son masque, laissant place à un sourire hypocrite se voulant être rassurant.