Chapitre 2

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Ses oreilles bourdonnaient, Alaïa avait mal à la tête et entendait des voix, ou plutôt des chuchotements, résonner autour d'elle. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'ils disaient mais c'était trop fort et elle aurait aimé se boucher les oreilles. Mais, Alaïa remarqua que c'était impossible : ses mains refusaient de bouger comme entravées par des liens.

Pourtant, elle ne sentait le contact d'aucune corde ou autre composant susceptible de la tenir.

Étrange.

Tandis que ses yeux étaient toujours clos la vive lueur que ne pouvaient camoufler ses paupières commençait à lui apparaître de plus en plus distinctement et proche. Alaïa voulut donc mettre ses bras devant ses yeux mais ces imperceptibles liens ne paraissaient pas décidés à céder.

- Nous pourrions baisser la lumière, entendit-elle dire.

Cette personne possédait une voix masculine et la personne qui lui siffla de se taire était apparemment une femme qui, malgré sa première réaction plutôt agressive se décida à baisser la lumière, à moins que cela ne soit l'oeuvre de l'homme.

La source lumineuse baissa en luminosité et Alaïa put, enfin, ouvrir lentement les yeux. Après quelques secondes d'adaptation elle eut l'impression de ne pas avoir retrouvé la vue tellement ce qu'elle observait se rapprochait de ce qu'elle pouvait percevoir les yeux fermés.

Une lueur sur sa gauche, une chaise en bois effectivement sans liens et l'obscurité tout autour.

Alors qu'elle aurait du s'inquiéter de sa situation Alaïa ne faisait que réfléchir à comment elle était maintenue assise sur cette chaise. Elle essaya à nouveau de se mouvoir mais ce fut un échec, encore.

Puis, elle le remarqua, ce silence.

En effet, depuis que qu'elle avait pu ouvrir les yeux les deux personnes dont elle avait entendu la voix s'étaient tuent. Alaïa avait un million de questions à poser mais elle ne dit rien, après tout, autant attendre.

Et puis, elle n'avait rien à se reprocher. En pensant cela Alaïa se mit à réfléchir à comment elle était arrivée ici et fut frappée de constater que la dernière chose dont elle pouvait se souvenir était qu'elle avait été "aspirée" vers le ciel. Ce fut donc sa première question :

- Comment suis-je arrivée ici ?

- Le comment vous importe t-il plus que le pourquoi ? ironisa la femme dont Alaïa ne pouvait voir le visage dans l'obscurité.

Alaïa haussa les sourcils de surprise et, bien que sa curiosité fut à son comble elle ne releva pas et répéta son exacte même question.

Elle entendit un soupir qui aurait très bien pu être synonyme d'agacement comme d'amusement mais c'était difficile de le deviner sans avoir les expressions du visage à l'appui.

Un moment passa et Alaïa se demanda s'il n'y avait effectivement que deux personnes avec elle ou si elles étaient davantage mais elle se souvint des chuchotement et repoussa ce questionnement peu utile. Après tout elle était "attachée" donc peut importe leur nombre supposé. Et puis ce n'était pas comme si Alaïa était capable de se défendre : n'ayant jamais appris elle ne pouvait ni ne voulait en cet instant imaginer ce qu'il se passerait si elle était amenée à se battre.

Un raclement de gorge la détourna un moment de ses pensées sinistres et elle put voir apparaître le visage de l'homme près de la lumière. Alaïa entendit la femme souffler et cette fois-ci elle put deviner que c'était de frustration : il semblait que son compère eut désobéi à ses directives en se montrant.

Alaïa put observer cet homme assez sommairement avant qu'il ne dise :

- Tout ce que nous devons savoir c'est si vous êtes prête.

Il avait les cheveux noir courts et une barbe naissante. Quant à ses yeux, on ne pouvait pas en distinguer la couleur compte tenu du manque de lumière et donc du caractère dilué de ses pupilles.

- Prête pour quoi ? demanda Alaïa quelque peu dans l'incompréhension.

Silence.

Qu'était-elle supposé répondre ? Que répondrait quelqu'un à sa place ?

Apparemment pas autorisé à lui fournir plus d'indications l'homme la regardait en se dandinant sur place : il avait l'air de vouloir l'aider sans le pouvoir. Ses traits étaient doux et il inspirait confiance mais peut être était-ce leur objectif : faire dire oui à Alaïa en lui présentant quelqu'un au faciès lisse.

Alaïa détourna le regard de lui pour réfléchir. Deux options s'offraient évidemment à elle : répondre affirmativement ou répondre négativement. Dans les deux cas elle ne pouvait prédire ce qui allait se passer mais elle tentait d'être logique car la logique semblait être son seul soutien : elle ne pouvait se reposer que sur elle.

Un refus lui mettrait ces deux personnes à dos et, ne les connaissant pas cela serait un risque mais accepter pourrait la mener, la mener elle ne savait où.

Résister ou coopérer ? Question que l'on peut se poser et qui est discutable dans de nombreux cas mais qu'en était-il de son cas ? Celui dans lequel on ne possède aucun repère, un cas dans lequel on vous fait une proposition dénuée de contexte comme si vous étiez capable de deviner ce qu'ils pensent.

Et puis, ce n'est pas comme si la pièce pouvait contenir des indices, non c'était délibéré : aucun décors pour ne pas l'influencer ni la guider.

L'esprit d'Alaïa tentait de trouver du rationnel dans des arguments sans fondements et il lui était difficile de ne pas penser aux histoires qu'elle avait pu lire. En effet que cela soit dans des autobiographies ou des romans des situations vécues par les héros ou héroïnes pourraient être comparées à la sienne.

Sauf qu'elle n'avait rien d'une héroïne et son questionnement intérieur ne faisait que confirmer ce fait

Un toussotement perturba le fil de ses pensées mais elle ne releva pas la tête.

Peut être qu'elle réfléchissait trop, peut être qu'une autre personne dans le même cas aurait déjà juré ou imploré mais elle, était calme.

Du moins elle espérait le paraître de l'extérieur.

"Prête", "terrifiée", "confiante", "faible", "capable de tout", "mais aussi de rien", "vivre", "mourir", "espoir", "futur désenchantement".

Le flot continu de mots et expressions que lui imposait son cerveau la fatiguait et ce fut sans aucune idée de ce qu'elle allait bien pouvoir dire qu'elle inspira et débita le premier mot qui lui vint :

- Oui.

- Oui, quoi ? insista la femme toujours dans le noir.

- Oui je suis prête, confirma donc Alaïa en relevant la tête.

PsoleaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant