Chapitre 3

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Alaïa se sentais soulagée d'avoir donné sa réponse.

Du moins d'avoir donné une réponse, sans savoir ce que cette dernière entraînerait comme conséquences.

L'homme avait souri faiblement à Alaïa lorsque cette dernière avait annoncé sa décision et il s'était avancé un peu plus si bien que désormais son visage, libéré des ombres, était totalement visible.  

Alaïa pu donc voir la couleur de ses yeux : ils étaient marrons tirant légèrement vers le vert et elle remarqua également qu'il paraissait plus jeune que ce qu'elle avait pu précédemment penser car il ne semblait pas avoir plus de vingt cinq ans.

Personne n'avait prononcé un mot depuis qu'Alaïa avait parlé et cette dernière finit par poser la question qui l'inquiétait :

- Donc, qu'attendez-vous de moi et pourquoi suis-je retenue ici par je ne sais quel moyens ? 

Elle avait fait référence aux liens invisibles qui la tenaient immobile mais à peine les eût-elle évoqués qu'elle sentit sa mobilité revenir. Effectivement, lorsqu'elle voulut étendre ses jambes ses dernières lui répondirent sans aucune résistance. 

- Nous devions nous assurer que vous ne tenteriez pas de nous attaquer mais apparemment nos précautions n'étaient pas nécessaires, répondit la femme qui était désormais derrière Alaïa et de ce fait toujours invisible à la vue de cette dernière.

Alaïa ne sus pas comment interpréter justement cette phrase mais elle en fut blessée. Elle eut le sentiment d'avoir perdu un avantage sur ces gens : l'avantage qu'aurais pu lui procurer une agressivité dont elle n'était malheureusement pas dotée. Alaïa ne répondit pas car elle estimait qu'on ne lui avait déjà pas offert de réponses à sa précédente prise de parole et qu'il ne servirait à rien de demander autre chose en plus.

- Je m'appelle Hitsilas, annonça l'homme en regardant Alaïa.

- Alaïa, ne fit que répondre cette dernière.

- Comme si les présentations étaient notre première préoccupation ! s'exaspéra la femme toujours derrière Alaïa.

- Vous n'avez toujours pas répondu à mes questions, observa Alaïa.

Silence.

Puis la femme s'avança dans la lumière tout en disant :

- Vous n'êtes pas en position de poser des questions. Par ailleurs, si vous ne suivez pas à la lettre nos recommandations il se pourrait que vous sentiez l'air se vider de vos poumons et que vous soyez incapable de reprendre votre respiration. Maintenant, que diriez-vous de vous vengez de toutes ces personnes qui se sont moquées de vous, toutes celles qui vous ont humiliées ?

Alaïa n'était pas sûre d'entendre correctement, peut-être était-ce sa faim grandissante qui l'empêchait de démêler le vrai de son imagination mais pourquoi est-ce que cette femme mate de peau aux yeux verts et aux cheveux d'or lui posait-elle une telle question ?

- Je ne suis pas certaine de comprendre, dit Alaïa sans oublier la première partie de l'intervention précédente qui sonnait parfaitement comme une menace.

- C'est pourtant simple, reprit la femme en se regardant les ongles présentant ainsi un manque d'intérêt certain pour Alaïa, nous pouvons vous aider à prendre une revanche que vous n'auriez jamais pu prendre en restant là-bas.

Alors qu'Alaïa n'avait jamais réellement imaginé une situation ou elle pourrait se venger et ne sachant même pas si elle en avait envie elle demanda en hésitant sur les termes choisis :

- Là-bas, par rapport à ici, est-ce une grande différence ?

La femme sourit sans répondre et posa la question suivante :

- Je pense que vous connaissez approximativement le nombre de personnes vivants sur la Terre, dans ce cas imaginez la même population sous-terre prête à reprendre ses droits sur la population de la surface.

- Une population qui se trouverait dans la terre ? s'étonna Alaïa.

- Non pas dans cet élément qu'est la Terre mais dans un autre, l'eau. 

Elle avait parlé avec un dégoût totalement visible comme si l'eau la rebutait mais Alaïa ne comprenait toujours pas très bien alors elle attendit en silence que la femme continue, ce qu'elle fit très vite :

- Bien que vous ayez connaissance du stéréotype de la "sorcière" comme étant présent dès les procès du début du quinzième siècle dans le pays dans lequel vous avez grandi ne vous êtes vous jamais demandée pourquoi il n'est pas apparu avant ? Le fait est que dès les débuts de la vie telle que l'on peut la connaître sur Terre certains étaient différents, ils possédaient des aptitudes de sensibilité et penser que ceux qui naissaient sans ces aptitudes pourraient comprendre ces dons étaient une folie. D'abord, il y a eu la curiosité de ceux qui ne possédaient pas de "pouvoirs", ils essayaient de savoir comment cela pouvaient être possible. Puis, est arrivé l'intérêt, qui a mené de nombreuses personnes dotées de sensibilité à être étudiées mortes puis vivantes et même sous tortures car les non-sensibles désiraient connaître leurs secrets. Par la suite, il y a eu la déception qui a été camouflée en violence : comme il était impossible pour les non-sensible de le devenir ils ont décidés d'éradiquer les sensibles ce qui mène directement au prochain point : la peur. Qui se laisserait tuer sans réagir ? Les sensibles pouvaient se défendre ils l'ont donc fait et cela est normal mais la trahison a été le coup de maître de certains sensibles qui a fait que la situation a dégénérée. Certains sensibles ont décidés de se faire passer pour des non-sensibles pour être sûrs de rester en vie et ont envoyés leurs propres frères et sœurs à une mort certaine. Pourtant, l'ironie du sort tombera bientôt sur eux car tous les sensibles ne sont pas décimés.

- Vous en êtes n'est-ce pas, des sensibles je veux dire ? osa demander Alaïa sans grande conviction et pas certaine de croire ce que cette femme venait de dire.

- Vos liens vous vous souvenez ? ne fit que demander Hitsilas qui prit la parole.

Alaïa réfléchit et ne pouvait trouver d'explications rationnelles entre ce qu'ils appelaient les "sensibles" et ses précédents liens qui l'avaient empêché de se mouvoir. 

- Je ne comprends pas, avoua t-elle.

La femme souffla mais Hitsilas ne la laissa pas prendre la parole :

- La sensibilité qui vous a été exposée concerne entre autre les éléments dont l'air...

- Vous voulez dire que vous êtes des sensibles qui ont utilisés l'air pour me clouer sur ma chaise? s'emporta Alaïa qui commençai vraiment à se demander avec quel genre de personnes dérangées elle s'était retrouvée.

- Oui, approuva la femme, et votre réaction témoigne exactement du point de départ des actes des ancêtres des non sensibles.

- En admettant que vous me disiez la vérité, commença Alaïa en se retenant de pouffer de rire tellement la situation était improbable, où se trouvent les sensibles ? Où nous trouvons nous ?

- Au milieu des profondeurs marines, dans les abysses à l'intérieur desquels aucun non-sensible ne pourrait nous trouver et où nous nous préparons à mener une guerre.





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