Chapitre 5

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Quand Alaïa se réveilla elle prit un moment avant de réaliser où elle se trouvait ; elle avait repris conscience allongée et après avoir tourné la tête pour apercevoir un environnement inconnu elle s'était redressée. 

Maintenant assise sur un lit deux places surmonté de draps argentés Alaïa se souvint des précédents événements. 

Elle se demanda qui l'avait portée jusqu'ici mais elle pensa au fait qu'on ne l'avait probablement pas touchée du fait que des "pouvoirs" des sensibles. Sa tête n'arrêtait pas de la faire souffrir et le souvenir de sa situation : d'elle se trouvant sous l'eau sans que personne ne sache qu'elle était là et sans que personne ne puisse venir la chercher lui fit accélérer son rythme cardiaque.

A l'étroit, Alaïa se sentait à l'étroit.

Car, bien qu'elle ne sache pas le volume d'espace réel qu'il pouvait y avoir dans ces bulles, elle se sentait comme piégée. Et c'est comme cela qu'ont vécu ces gens pendant je ne sais combien d'années pensa Alaïa avec horreur. 

Alaïa se surpris à plaindre les sensibles avant qu'elle ne se reprenne en se disant qu'après tout ils l'avaient enlevée et qu'ils ne méritaient aucune compassion. Ils en méritaient encore moins en vue de tout ce qu'ils semblaient cacher à Alaïa mais après tout c'était une étrangère, pourquoi lui feraient-elle confiance ? Pour aucune raison mais dans ce cas, pourquoi était-elle donc là ? 

Trop de questions, trop de questions sans réponses qui ne faisaient qu'empirer les maux de tête d'Alaïa qui s'était mise en tailleur sur le lit pour essayer de se réconforter par sa propre présence.

Essayant de penser à quelque chose de plus léger Alaïa s'intéressa quelques minutes à la décoration. Tout était argenté : les draps, la coiffeuse et sa chaise, la table de nuit, l'armoire et même les deux portes qu'elle pouvait observer. 

Elle partit en ouvrir une qui donnait sur une salle de bain tout aussi argentée tandis que l'autre était fermée à clé.

Bon au moins maintenant Alaïa en était assurée : elle était retenue "prisonnière" contre son gré et sans aucune raison, du moins à sa connaissance actuelle des choses. 

Pour éviter de paniquer et de perdre l'esprit, ce qu'Alaïa sentait arriver bien plus vite qu'elle ne l'aurait souhaité, cette dernière réfléchit au sens de la couleur argentée. Maintenant qu'elle y pensait elle se souvint qu'Hitsilas et cette maudite femme incapable de se présenter était également d'argenté vêtus lorsqu'ils avaient conversés avec elle. Elle ne s'y était pas penchée sur le moment mais Alaïa commençait à trouver cette couleur bien trop présente jusqu'à ce qu'elle en devienne pesante, bien que ce soit une couleur assez neutre et douce.

Les réflexions d'Alaïa sur une éventuelle explication de cette couleur furent interrompues par le bruit de la poignée de porte qui s'enclenchait sans qu'elle n'ai entendu aucune clé déverrouiller la serrure au préalable.

Elle se souvint qu'elle n'aurait pas du être étonnée et le fait qu'elle l'eut été la fit soupirer d'agacement et d'impuissance. Debout près de la table de chevet, elle attendait que la porte ne s'ouvre pour découvrir qui lui rendait visite.

Rendre visite n'était pas le bon terme et Alaïa sourit à cette pensée tandis que cette même femme, toujours sans nom connu, s'avançait dans la pièce en refermant la porte sans même se retourner pour la toucher.

- Ma venue vous amuse ? demanda la femme qui avait levé un sourcil devant le sourire d'Alaïa.

Elle avait une voix froide et cette manière de parler était tout compte fait semblable à la dureté des traits de son visage. 

- Je ne vois pas ce qu'elle aurait de drôle, rétorqua Alaïa en employant un ton plein d'audace qu'elle ne ressentait pourtant absolument pas devant cette femme intimidante.

Pourtant, alors qu'un silence s'installait Alaïa remarqua une faille dans l'expression dure de cette femme : ses yeux. Bien que ses sourcils soit souvent froncés et les rapetissent, les yeux de cette femme confirmaient le fait que "les yeux étaient le reflet de l'âme". En effet, Alaïa ne pouvait tenir le regard de cette femme que quelques secondes car ces yeux vers étaient en continuel mouvement. Alaïa se demanda même s'ils ne changeaient pas d'aspects comme des vaguelettes sur un étant. 

Toujours était-il qu'il était impossible pour Alaïa de tenir ce regard et, bien que la femme tinsse les yeux levés jusqu'à ce qu'Alaïa ne les détourne, cette dernière pouvait sentir que celle lui faisant face n'était que soulagée d'écourter les contacts visuels. 

Un trait de personnalité ? Une peur de révéler plus qu'il n'en fallait par le regard ?

Alaïa n'en avait aucune idée mais la deuxième possibilité lui paraissait assez irréaliste vu comme cette femme en imposait.

Cette dernière brisa le silence en s'avançant, en tendant la main à Alaïa et en, enfin, se présentant :

- Néréla.

Pas de formule de politesse, pas de chaleur dans la voix, seulement un nom.

Alaïa ne répondit pas et ne fit que hocher la tête en serrant la main de cette femme qui avait l'air bien décidée à lui broyer la sienne. S'empêchant de grimacer Alaïa pensa que ce nom lui allait bien, il avait le même nombre de syllabes que le sien et pourtant sa diction était bien plus brutale, collant tout à fait avec le personnage auquel Alaïa avait eu affaire jusque là.

- Pourquoi êtes vous là ? demanda Alaïa d'une voix plus fluette qu'elle l'aurait voulu maintenant que Néréla la dominait de taille.

En effet, Néréla était juste un peu plus grande qu'Alaïa mais sa carrure musclée la faisait paraître bien plus imposante et...intimidante.

- Ma visite ne vous fait donc point plaisir ? ironisa Néréla avant de continuer sans même attendre de réponse, je suis en fait ici pour m'assurer de votre bon fonctionnement psychologique. En effet, passer son temps dans l'inconscience démontre que les petites explications que nous vous avons fournis vous ont impactées.

Elle avait insisté sur l'adjectif "petites" et Alaïa le savait, au fond d'elle, qu'elle ne savait rien et encore moins son rôle à jouer dans la perspective d'une reprise des droits du peuple des sensibles sur les non-sensibles.

- Que voulez-vous de moi ? demanda Alaïa et elle ne pouvait se souvenir de combien de fois elle avait posé cette question de manière différente sans obtenir de réponses.

- Disons que je voudrais d'abord que vous répondiez à quelques unes de mes questions avant de, pourquoi pas repartir, pour notre compte, à la surface pour repérer les traîtres sensibles et leurs descendants, expliqua Néréla tout sourire.

Sourire qu'Alaïa ne lui rendit pas.


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