Chapitre 8

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De la douleur, Alaïa ne ressentait que cela.

Impossible de bouger, impossible même d'ouvrir les paupières. 

Sa respiration était sifflante et malgré cela elle savait qu'il y avait quelqu'un à côté d'elle. Oui, sans l'avoir entendue elle se savait en présence de quelqu'un d'autre. Alaïa se souvint du liquide et se rappela qu'il avait pour objectif de la faire se rendre compte de la présence des sensibles.

C'était une impression qui, sans effacer la douleur la rendait plus supportable, car elle permettait à Alaïa de réfléchir à la nature de cette impression. Ce n'était rien de physique,  du moins rien du corps d'Alaïa qui serait proche avec autre chose jusqu'à toucher cette chose non, cela venait de l'extérieur de son enveloppe corporelle comme si une fumée entrait en contact avec son espace vital et qu'elle le ressentait sans même toucher ou voir.

Lorsqu'Alaïa se rendit compte qu'elle ne pouvait définitivement pas parler ou bouger elle attendit que la personne qui se trouvait là se manifeste oralement mais aucun son ne parvint a ses oreilles si bien qu'en retournant dans l'obscurité pour échapper à ses maux, Alaïa se demanda si elle n'était pas devenue sourde.


Cette fois-ci, lorsqu'Alaïa reprit conscience elle le fit en ouvrant les yeux. Pas un seul de ses muscles n'étaient pas courbaturés mais elle réussit à lever ses paupières. Ne pouvant bouger la tête elle ne voyait que le plafond, gris argenté évidemment, et pensa qu'elle était surement dans "sa chambre".

Elle ne ressentait plus cette "présence" et se dit qu'elle l'avait probablement rêvée.

Ne supportant pas d'être allongée sur le dos sans pouvoir rien faire Alaïa entreprit de se lever. Elle commença par se concentrer sur sa respiration en inspirant et expirant longuement histoire d'oxygéner toutes les parties de son corps. Ensuite, elle commença à plier ses bras pour pouvoir ensuite pousser sur ces derniers pour se redresser.

Vingt minutes, cela lui prit vingt minutes pour se redresser en position assise sur son lit et poser ses pieds au sol. 

Alaïa n'entreprit pas de se lever et tachait encore de chasser ses vertiges. Alors qu'elle se demandait depuis combien de temps elle n'avait pas mangé son ventre gargouilla et sa gorge lui parut extrêmement sèche.

Comme en réponse à ses besoin elle trouva sur sa table de chevet une carafe d'eau et une bouillie non identifiée qui devait être là pour qu'elle la mange. 

Alaïa était méfiante mais était aussi trop affamée et assoiffée, elle ne réfléchit que quelques secondes avant de se jeter sur la nourriture .

Elle mangea vite, trop vite pour quelqu'un qui n'avait pas mangé depuis quelques temps et elle fut alors prise de nausées et dut les contenir jusqu'à ce qu'elle arrive à se traîner devant ses toilettes pour rendre son repas.

Ankylosée et lasse Alaïa attendit que les spasmes s'arrêtent pour s'adosser au mur de la salle de bain.

Assise, elle revint lentement à quatre pattes dans la pièce principale et avant même de sortir de la salle de bain le sentiment qu'elle pensait avoir rêvée revint à elle. De nouveau, elle eut l'impression que son essence vitale partait à la rencontre de celle de quelqu'un d'autre et elle regretta l'état dans lequel elle allait devoir faire face à celui ou celle qui lui rendait visite.

Elle fit de son mieux pour se lever et sortit de la pièce en s'aidant du mur pour ne pas basculer d'un côté ou d'un autre. 

Se tenait près de la porte Hitsilas, une pile de livre aux couvertures sans couleurs dans les bras. Alaïa s'arrêta et il partit poser les livres en deux piles sur la table de chevet avant de s'asseoir à l'autre bout de la pièce sur la chaise de la coiffeuse.

Il paraissait gêné mais il ne pouvait pas l'être plus qu'Alaïa totalement honteuse de l'apparence qu'elle présumait avoir.

- Vous n'avez pas l'air bien...observa assez timidement Hitsilas pour engager la conversation.

Alaïa avait presque l'impression qu'il la craignait et cela l'amusa car c'était lui qui possédait des pouvoirs après tout, pas elle.

- Disons que votre liquide m'a un peu secouée, rétorqua vivement Alaïa qui voulait son ton assez neutre mais ils sentirent tous deux le reproche caché derrière.

D'ailleurs, Alaïa pensa que c'était stupide d'en vouloir à qui que ce soit, après tout elle ne les connaissait pas.

- C'est qu'il devrait avoir fonctionné je me trompe ? insinua Hitsilas en souriant faiblement et Alaïa sut qu'il parlait du fait qu'elle pouvait sentir sa présence.

- Je savais que vous étiez là avant de vous voir, hésita Alaïa un peu mal à l'aise de dire cela.

Hitsilas sourit et alors qu'il se levait pour se diriger vers la porte de sortie Alaïa demanda :

- Pourquoi ai-je été enlevée par un nuage ? Comment suis-je passé du nuage aux profondeurs des océans ?

Alaïa avait posé cette question car elle n'avait jamais obtenu de réponse à cette dernière mais aussi parce qu'elle ne voulais pas de nouveau se retrouver seule, même si elle ne l'aurait jamais avoué à la personne en face d'elle.

- C'était une simple précaution, commença Hitsilas en haussant les épaules. Nous devions nous assurer que si des sensibles étaient près de l'endroit où vous vous trouviez ils ne soupçonnent pas forcement la mer. 

- Vous avez donc combiné la maîtrise de deux éléments ? tenta de comprendre Alaïa qui essayait de se souvenir de ce que lui avait dit Néréla.

- Pas vraiment, nuança Hitsilas avant de s'expliquer, après tout les nuages ne sont que des gouttelettes d'eau.

- Vous maîtriser l'eau ? se surprit à demander Alaïa.

Elle rendait la conversation assez personnelle et Hitsilas pinça ses lèvres ce qu'Alaïa prit pour un signe de malaise chez cet être qui paraissait constamment souriant. Ainsi, elle tenta de se rattraper en disant : 

- Vous n'êtes pas obligé de répondre excusez moi.

- Ne vous excusez pas, répondit Hitsilas en souriant tout de même plus faiblement qu'avant, mais c'est que, depuis que les sensibles ont été chassés ils se cachent leurs pouvoirs même entre eux. En effet, connaître le pouvoir d'un de nôtre c'est aussi une piste pour le détruire alors, après la trahison de sensibles du temps de nos aïeux nous cachons en général la nature de nos pouvoirs. En fait, seuls ceux qui décident de partager ces informations le font et les autres gardent cela caché. La deuxième catégorie étant la grande majorité...

- Je n'en savais rien désolé, s'excusa de nouveau Alaïa déconcertée par le climat dans lequel la confiance ne semblait pas exister qui régnait au sein même de ce peuple.

- Vous n'avez de nouveau pas à vous excuser maintenant je vais devoir y aller. Les livres sur votre table de chevet sont ceux que je pense les plus aptes à vous en apprendre davantage sur divers sujets. Je ne serai pas chargé de votre instruction théorique mais si vous avez besoin d'aide n'hésitez pas.

- Euh merci mais où pourrais-je vous trouvez ? interrogea Alaïa qui ne connaissait en fait pas du tout la disposition des "lieux".

- Vous aurez toutes les indications pour vous repérer dans le livre Logique d'architecture qui est tout au dessus de la plus petite pile il me semble, expliqua Hitsilas avant de gratifier Alaïa d'un "au revoir", de lui recommander de se reposer et de sortir.

Alaïa, même si elle était de nouveau seule, fut finalement soulagée qu'il sorte car elle redoutait depuis que la conversation avait commencé de tomber de faiblesse.

Alors, elle tituba jusqu'à son lit et s'y allongea.

Incapable de dormir mais trop faible pour faire quoi que ce soit elle s'assit en plaçant un coussin derrière son dos et commença le livre sur la disposition des lieux dont lui avait parlé Hitsilas.





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