Alaïa déglutit et se rendit compte que son esprit, pourtant si actif en temps normal, était comme... en pause.
Impossible pour elle de réfléchir : c'était trop d'informations et elle détestait cela. Ne pas avoir les idées claires l'horrifiait et elle avait l'impression qu'on lui maintenait la tête sous l'eau pour l'empêcher de penser.
La tête sous l'eau... à cette pensée Alaïa se prit à rire. Elle riait de manière hystérique et bientôt elle vint à en pleurer. Quelle ironie ! Elle avait l'impression que ses pensées étaient noyées et si ce que cette femme racontait était vrai elle était vraiment en ce moment même sous l'eau !
Tandis qu'elle pleurait de rire depuis cinq bonnes minutes elle entendit la femme, qui ne s'était toujours pas présentée, souffler et Alaïa cru l'apercevoir lever les yeux aux ciels à travers ses larmes d'hilarité.
Un éclair de douleur fit stopper le rire d'Alaïa instantanément et cette dernière cru l'avoir imaginé tellement la douleurs avait été rapide. Elle s'essuya les yeux et regarda, interrogatrice, les deux personnes en sa présence qui n'avaient pas bougés. Alaïa haussa les sourcils et la femme se décida à répondre à son interrogation silencieuse :
- Vous étiez en train de dérailler et c'est un peu tôt pour perdre la tête vu le peu que vous savez.
Elle avait parlé d'un ton sévère et semblait réellement ennuyée de la réaction d'Alaïa mais cette dernière n'en avait cure et s'exclama :
- Vous voudriez que je garde mon calme devant une situation pareille ? Et puis pourquoi moi au juste ? Il n'y a pas assez de non-sensibles vulnérables ? Pourquoi a t-il fallu que vous m'enleviez à ma famille et à ma vie pour me retenir ici dans cette pièce qui serait selon vos dires au fond d'un océan ? J'exige des réponses, termina t-elle en reprenant son souffle, fatiguée et la tête lui tournant de s'être emportée.
- Car nous avions besoin de commencer quelque part, élucida Hitsilas en baissant les yeux comme s'il se sentait coupable.
- Ce n'est pas une réponse ! cracha presque Alaïa. Très bien, reprit-elle, comme vous ne voulez pas répondre à cela je vais demander autre chose car je pense que vous pourriez comprendre que j'ai la nécessité de m'informer. Alors, comment ils ont survécu dans l'eau? Enfin vous, les sensibles quoi. Comment nous pourrions nous trouver dans l'eau à l'heure qu'il est sans être dans un sous marin qui devrait être géant si votre population est si nombreuse.
- Voyez par vous même, soupira la femme en fermant les yeux.
La lumière se diffusa dans la pièce jusqu'à l'illuminer complètement et petit à petit les parois de de cette dernière changèrent. Les anciens murs laissèrent place à des parois noires.
Alaïa se leva et alla toucher l'ancien mur qui avait désormais l'aspect du verre !
Cela ne se pouvait ! Pour en avoir le cœur net Alaïa tapota son ongle sur cette matière et avec une surprise mélangée d'horreur elle remarqua que le son produit était le même que celui crée au contact d'une bouteille de verre.
Le cœur d'Alaïa s'accéléra et à travers les parois elle vit de nombreuses bulles d'oxygènes qui étaient immobiles. De temps à autre des petits poissons des profondeurs les frôlaient mais ne les éclataient jamais. Puis, un poisson s'approcha de la où elle était et au fur et à mesure qu'il avançait il devenait de moins en moins volumineux jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point à côté de la parois de verre.
- Comment ? chuchota Alaïa plus pour elle même et pour entendre sa propre voix que pour les deux autres personnes dans la pièce.
- Nous vous avons dit que les sensibles peuvent influer sur les éléments. Alors, lorsque la guerre a éclaté entre sensibles et non sensibles nos aïeux ont cherché un moyen d'échapper à cette spirale de violence. Ainsi, nous sommes désormais dans des bulles d'oxygènes éternelles au fond de l'océan qui forment d'extérieur une sorte d'île appelée Psolea. Île qui, en cas d'invasion extérieure se disloquera en laissant chaque bulle voguer un peu plus loin par sécurité et qui, une fois le danger passé pourra se reconstruire. C'est le moyen qui a été trouvé pour survivre dans ce monde, même si pour cela nous devrions survivre sous l'eau en nous débrouillant pour subvenir à nos besoins seuls, termina Hitsilas.
Alaïa prit quelques temps à intégrer cela. Des minuscules bulles d'air seraient en fait remplies d'une société entière sans que personne ne le sache et ne puisse le voir ?
- Comment ? répéta de nouveau Alaïa plus pour elle-même mais qui haussa la voix pour demander, comment se fait-il que personne ne se souvienne des sensibles ? Pourquoi leur existence a été comme...
- Effacée de la mémoire collective ? compléta la femme. Et bien c'est exactement ce qui est arrivé du moins c'est ce que nous imaginons. En effet, il n'est pas difficile pour certains sensibles de manipuler un esprit et quand les informations qui doivent être effacées sont des pensées qui ont procuré de la peur chez les non-sensibles il n'a pas été compliqué pour les sensibles de transformer leurs souvenirs en les effaçant.
- Certaines choses voulant être effacées sont, en pratique, plus aisément gommables, confirma Hitsilas.
Inconcevable était le seul terme auquel Alaïa pouvait penser pour qualifier la situation.
Inconcevable, c'était inconcevable ! Pourquoi est-ce qu'on lui racontait cela à elle ? Ce n'était surement pas le hasard qui avait conduit Alaïa au fond des mers dans ! Alors pourquoi ?
Peut-être était-elle crédule mais elle cru ce qui venait d'être dit à moins que...
- Si je ne vous crois pas, allez vous entrer dans mon esprit pour me convaincre ? Ou peut-être l'avez-vous déjà fait ? questionna Alaïa de plus en plus mal à l'aise de savoir comment ces gens pourraient entrer dans son esprit.
- Si nous l'avions déjà fait croiriez-vous que vous seriez en mesure de réfléchir ainsi ? se moqua la femme.
Alaïa ne répondit pas. Elle était fatiguée de réfléchir, elle avait besoin de repos mais tous ces sens étaient en alerte. Elle ne se sentait pas tranquille et très vulnérable face à cette démonstration de pouvoir si bien qu'elle ferma les yeux et demanda :
- Pourrais-je rentrer chez moi ?
- Si vous le souhaitez oui mais, et ce fut la première fois qu'Alaïa entendait cette femme hésiter, mais personne ne vous reconnaîtra et pourriez avoir des problèmes.
Alaïa avait totalement arrêté d'écouter dès qu'elle avait entendu que personne ne la reconnaîtrait. Pas besoin de beaucoup penser pour deviner que la mémoire de ses proches avaient dues être modifiées en y effaçant sa propre existence !
C'en était trop pour Alaïa qui trouva refuge dans la tranquillité de l'inconscience.

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Psolea
FantasiAlaïa, étudiante, va se voir arracher à sa vie pour se retrouver au milieu d'une nouvelle société. Mais loin de se trouver dans un conte de fée, Alaïa devra tenter de survivre dans un monde au bord de l'implosion où ceux les sensibles, ceux qui poss...