Les jours suivants demeurèrent dans le flou pour Alaïa.
Un jour enfermée au poste et murée dans le silence, le suivant à rencontrer son avocat qui lui demanda quels arguments il allait bien pouvoir exposer pour la défendre de cette lourde accusation. A cette demande Alaïa avait ri, comment dire à cette homme qu'elle n'était même pas à proximité de chez ses parents lorsque le présumé meurtre avait été commis. Elle ne pouvait pas parlé de Psolea à cet homme car cela ne serait même plus en prison qu'on l'emmènerait mais dans un asile !
De plus, comment pouvait-on la défendre pour un meurtre alors qu'il n'y avait aucune preuve qu'elle ne l'avait pas fait. A cette réflexion, Alaïa se demanda si il y avait des preuves qui "confirmaient" ce meurtre de sa main et interrogea son avocat. Celui-ci, apparemment confus que personne ne lui ait exposé les motifs de son arrestation et de son procès proche expliqua à Alaïa que ses empreintes avaient été retrouvées sur un couteau à côté d'un corps défiguré mais qui fut reconnu comme la fille de ses parents par ces derniers, surtout que le corps se trouvait dans la chambre de la jeune femme.
Alaïa se souvint alors des policiers qui lui avaient montré des empreintes mais elle n'écoutait déjà plus, perdue dans le flou de cette accusation sans fondements réel. Alors, Alaïa sut qu'elle ne gagnerait jamais ce procès, ce n'était pas juste ses parents qui étaient devenus fous, il y avait ses empreintes et rien ne pourrait changer cela. De ce fait, Alaïa laissa son avocat parler seul jusqu'à qu'il parte puis elle attendit en se demandant comment elle en était arrivée là.
Comme ses empreintes pouvaient-elles se trouver sur ce couteau ? Il était encore plausible pour Alaïa de deviner que les sensibles aient modifié les souvenirs de ses parents mais les empreintes...
Le jour du procès vint et elle fut menée au tribunal. Menottée, Alaïa était debout et fit face au juge, aux jurés et à ses parents dans un silence absolu. Elle ne dit rien de toute la séance et cela même lorsqu'on lui donna une chance de se défendre de sa propre voix et non plus seulement par le biais de son avocat.
Ainsi, alors qu'Alaïa s'attendait à une peine de quelques années, on la condamna à perpétuité.
Alaïa ne faillit pas lorsque la sentence fut annoncée.
Après tout, elle avait du assister à son propre procès, sans souvenirs de ce qu'elle aurait fait. Ce fût sans un regard vers ses parents qu'elle se laissa emmener sans résistance à l'intérieur d'une camionnette jusqu'à la prison.
Arrivée dans sa cellule et tandis que le gardien refermait les barreaux elle s'effondra en distinguant trois femmes derrière ses larmes. Ces dernières semblaient la toiser mais Alaïa ne pouvait pas en être sûre avec sa vue troublée.
Elle vit vaguement l'une des filles lui désigner un couchette et Alaïa partit s'y allonger. Elle pleura jusqu'à ce qu'elle ne sombre dans un sommeil d'épuisement dans lequel elle revoyait son procès mais qui finissait différemment car elle se défendait et était finalement innocentée.
Alaïa se réveilla les cils collés de larmes et mit du temps à se souvenir de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Aussitôt que ses souvenirs furent de retour, Alaïa referma ses paupières avec force en espérant qu'en les rouvrant elle serait de retour chez elle, avec des parents qui l'aiment ou même au sein des sensibles, où elle échouerait à tout ce qu'on lui demandait d'essayer ce jour-ci.
Bien sûr, cet espoir était vain.
Alaïa soupira et voulut s'asseoir sur sa couchette mais celle du dessus était tellement basse qu'elle se cogna en tentant de se redresser. Une des femmes qu'elle avait distingué le soir dernier poussa un grognement et Alaïa chuchota un "désolée" avant de s'asseoir par terre le dos contre sa couchette.
La minuscule cellule contenait deux lits superposés tellement proches qu'Alaïa avait ses jambes plaqués sur sa poitrine pour pouvoir rentrer entre les deux, assise, et il y avait également un seau dans lequel Alaïa imaginait qu'il fallait se soulager.Les trois autres dormaient encore et Alaïa ne se demanda pas pourquoi elles étaient là tant sa détresse était grande. Le vide régnait dans son esprit et elle n'avait désormais plus d'espoir. Elle cacha sa tête dans ses bras et la fille sur la couchette en haut en face de la sienne prit la parole :
- Il te faut peu de temps pour perdre espoir.
- Qui te dit que je l'ai perdu, répondit Alaïa d'une voix qui sonnait faux même à ses propres oreilles tout en s'étonnant de la facilité avec laquelle elle avait tutoyé cette femme.
- Ton attitude me le dit et si tu veux un conseil ne t'apitoies pas sur ton sort ici tu te ferais démolir deux fois plus vite.
- Je n'ai tué personne, chuchota Alaïa après un moment de silence.
- Cela ne changera pas ta peine à moins que tu ne te conduises de manière parfaite et que tu puisses sortir avant, qui sait.
- Avant la perpétuité, ironisa Alaïa presque en questionnant celle avec qui elle parlait.
Silence.
Alaïa finit par se dire que la conversation avec cette femme était terminée mais tandis que les deux autres commençaient à s'agiter sur leurs couchettes elle reprit la parole :
- Je m'appelle Qith.
- Alaïa.
Le deuxième et dernier repas de la journée fut apporté par des gardiens directement dans la cellule et comme toute la journée fut silencieuse Alaïa n'en pût plus et demanda sans s'adresser à une filles en particulier :
- Est-ce toujours ainsi ? Je veux dire restons nous toute la journée dans la cellule tous les jours ?
- Non, en fait une fois que nous aurons finit de manger on nous emmènera aux toilettes et deux fois par semaine on a un repas avec les autres prisonniers au réfectoire. Après, si tu as de la famille cette dernière pourra venir te voir une fois tous les deux mois, répondit celle qui se trouvait au dessus d'elle.
Alaïa ignora la partie sur une éventuelles visite car elle n'avait pas encore accepté que c'était sa famille justement qui l'avait faite enfermée et demanda :
- Donc le seau...
- Tu peux aller te soulager là-bas si tu ne peux vraiment pas attendre le soir mais avec le temps tu vas t'habituer à te retenir, répondit Qith.
- Surtout que si tu y vas les remarques des gardiens fusent, termina celle qui se trouvait au même niveau qu'Alaïa.
Cette dernière avait en effet besoin d'aller aux toilettes mais n'avait pas osé y aller de la journée devant ces femmes et décida d'attendre qu'elle soit emmenée aux toilettes.
Comme elles devaient y aller une par une Alaïa apprit le nom et vit l'apparence de chacune de celles qui partageaient la cellule avec elle.
Qith était grande et élancée, mate avec les cheveux noirs bouclés et aux yeux bleus telle une photo de magazine.
Coulnao, celle qui était dans la couchette à côté de celle d'Alaïa était de la même taille que Qith mais marchait avec raideur. Ses yeux marrons lançaient des éclairs aux gardiennes et ses cheveux bruns et lisses flottaient rageusement autour d'elle.
Enfin, Zhaganai était de taille moyenne, avait la peau très foncée et des yeux aussi noirs que ceux de Coulnao mais les siens transmettaient de la chaleur. Quant à ses cheveux, elle n'en avait plus.C'était des personnes aussi différentes que semblables dans la situation qu'elle partageaient désormais et Alaïa, sur le chemin de la salle d'hygiène, se rendit compte qu'elle partageait aussi cette situation.

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Psolea
FantasiAlaïa, étudiante, va se voir arracher à sa vie pour se retrouver au milieu d'une nouvelle société. Mais loin de se trouver dans un conte de fée, Alaïa devra tenter de survivre dans un monde au bord de l'implosion où ceux les sensibles, ceux qui poss...