De nouveau dans sa chambre, allongée dans le noir, Alaïa n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle se sentait ignare à ne pas savoir comment interpréter les Essences. Elle se sentait incompétente d'autant plus que l'on lui avait "donné" cette faculté.
Alors qu'elle se demandait si elle méritait d'être là elle chercha de nouveau pourquoi elle y était. Cette question ne l'avait, en fait, jamais quittée depuis qu'elle s'était réveillée sur cette chaise au milieu de la pièce sombre et que le faisceau de lumière l'avait ébloui.
Alaïa se souvint des multiples fois où elle avait prononcé cette interrogation à voix haute, aux réponses, mais surtout aux esquives que constituaient les répliques de ceux à qui elle demandait.
Depuis qu'elle était ici on lui demandait toujours d'accepter des choses sans savoir à quelles fin ce qui la distrayait de ses questionnements. Sûrement était-ce leur objectif, faire qu'Alaïa se concentre sur des tâches à accomplir afin qu'elle devienne leur marionnette qui ne pose aucune question.
Peut-être espéraient-ils qu'elle oublieraient qui elle était, sa vie mais comment le pourrait-elle ? Néréla lui avait pourtant demandé si elle voulait rentrer chez elle alors pourquoi ne pas avoir dit oui ? Alaïa se sentit mal de ne pas avoir dit oui à ce moment et s'en voulut. Peut-être était-ce la curiosité qui l'avait emporté mais malgré cela elle aurait dû retourner chez ses parents bien qu'ils ne se seraient, à ce qu'on lui avait dit, pas souvenus de sa présence.
Alaïa eut un pincement au cœur lorsque cette information lui revint : même si elle retournait chez elle pourrait-elle réussir à faire retrouver la mémoire à ses parents ? Peur de la réponse qu'elle pourrait se donner à elle même Alaïa préféra ne pas réfléchir davantage à cette partie du flou que constituait désormais son existence. En essayant de se focaliser sur autre chose que cela elle se demanda tout de même quelle couleur il fallait posséder pour pouvoir altérer les souvenirs. Peut-être que des combinaisons d'éléments étaient nécessaires ou bien que tous les sensibles avaient cette capacité.
Ainsi, elle arriva à réfléchir sur la suite, une fois son entraînement terminé pourra t-elle encore se regarder en face en se disant qu'elle aura contribué à déclencher une guerre. Y survivra t-elle ? Si oui comment sera sa vie d'après guerre ? Comment s'intégrer après le rôle qu'elle aura joué ?
Alaïa se pencha ensuite sur la raison qui poussait les sensibles à attendre encore. Les sensibles à la surface étaient-ils si redoutables et si c'était le cas comment ceux qui l'entraînaient pouvaient-ils imaginer que ces sensibles ne la démasquent pas ?
Ce fut avec toutes ces interrogations dans la tête qu'Alaïa tenta de s'endormir en vain et elle décida d'aller marcher dans les couloirs pour détecter la présence d'autres sensibles.
Pourtant, elle ne ressentit la présence de personne et cela même lorsqu'elle s'approchait des portes desquelles Alaïa pouvait voir s'échapper de la lumière. Le silence pesait sur Alaïa de même que son incompréhension. Denelea lui avait dit dans le réfectoire que tout le monde lui cachait leurs Essences mais pourquoi le feraient-ils maintenant ? Après tout, elle ne pouvaient pas les "détecter d'aussi loin donc il pourrait aussi bien laisser leurs Essences s'exprimer sans peur de la heurter.
Avec un soupir Alaïa retourna dans sa chambre, se recoucha et attendit de nouveau que le sommeil vienne à elle ce qu'il fit assez rapidement malgré les pensées incessantes qui résonnaient dans sa.
Alaïa se réveilla alors que l'heure indiquée était sept. C'était le deuxième jour d'entraînement et comme la veille elle avait théorie puis pratique. Elle décida d'aller se rafraîchir, s'habilla avant de se rende au réfectoire pour manger, toujours sans ne sentir aucune Essence, avant de se rendre dans la même pièce exiguë dans laquelle Denelea lui avait fait son premier cours.
Denelea camouflait toujours son Essence et apprit aujourd'hui à Alaïa la logique des aptitudes que possédaient les sensibles. Ces dernières n'étaient pas héréditaires et plus le sensible en possédait plus il étaient puissant. Denelea expliqua également que ces derniers étaient ceux qui avaient tentés de décimer leurs semblables et lorsqu'Alaïa demanda pourquoi Denelea ne fit que dire que "le pouvoir change n'importe qui le possédant".
Après quelques autres informations et des discussions peu intéressantes Alaïa partit rejoindre Néréla. La boule au vente Alaïa frappa et entra dans la même pièce que la veille mais cette fois-ci elle contenait une jarre remplit d'un liquide que Néréla lui dit être de l'eau.
La présence de l'eau devait en fait indiquer si tel ou tel environnement aidait Alaïa à mieux sentir et différencier les Essences.
Ce fut de nouveau un échec.
Le lendemain, l'essai avec une torche allumée fut de nouveau sans aboutissement.
Le surlendemain la tentative avec un pot de terre se révéla être de nouveau un fiasco.
Le jour suivant l'expérimentation avec une sorte de ventilateur ne fut pas plus fructueux et Alaïa était au bord de la crise de nerfs.
Néréla ne lui faisait même plus de remarques cinglantes et même si cela pouvait paraître étrange Alaïa trouvait cela encore pire. Le soir de l'essai avec l'air, après avoir été prendre son deuxième repas et s'être changée pour dormir Alaïa se dit qu'après cinq jours elle aurait dû progresser ! Même en s'aidant d'éléments ou en s'en passant elle n'était toujours pas capable de différencier les Essences et elle ne les détectait que lorsque la personne en face fournissait un effort pour que son Essence soit davantage facile à détecter.
Les cours pratiques étaient un échec constant et les cours théoriques étaient de moins en moins intéressants en ne portant que sur quelques détails qui étaient développés de manière exagérée comme pour en dire beaucoup pour pas grand chose en finalité.
Alaïa s'endormit frustrée comme chaque soir après les entraînements.
Elle s'endormit de cette manière après encore cinq autres journées d'entraînement durant lesquelles les mêmes méthodes pour lui faciliter les choses furent utilisées : vide, eau, feu, terre, air et toujours sans succès.
Alors qu'elle retournait dans sa chambre après le dixième jours d'essais infructueux Alaïa craqua et se mit à pleurer. C'était des pleurs de frustrations de ne pas réussir, de colère contre Néréla qui devrait laisser tomber devant ses échecs et de lassitude. Elle était lasse de ce rôle qu'elle devait tenir. Elle n'y arrivait pas alors pourquoi ne pas la laisser tranquillement repartir ?
Alors que ses larmes se tarissaient sur ses joues Alaïa, assise sur son lit, décida qu'elle demanderait le lendemain à Denelea de rentrer chez elle. Pourquoi Denelea ? Simplement parce qu'Alaïa trouvait cette femme vraiment douce et donc la plus enclin à accepter sans poser de questions.
Alors qu'Alaïa se demandait si ce n'était pas égoïste de laisser ainsi les sensibles sans aide pour détecter ceux de la surface quelqu'un frappa à la porte de sa chambre.

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Psolea
FantastikAlaïa, étudiante, va se voir arracher à sa vie pour se retrouver au milieu d'une nouvelle société. Mais loin de se trouver dans un conte de fée, Alaïa devra tenter de survivre dans un monde au bord de l'implosion où ceux les sensibles, ceux qui poss...