Chapitre 1

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Aujourd'hui, Alaïa avait été priée par sa mère de se rendre dans le supermarché le plus proche afin de faire des courses. Pas particulièrement emballée à l'idée de sortir alors qu'elle avait davantage de temps que durant la période scolaire pour lire Alaïa avait tout de même souri et hoché la tête lorsque que sa mère lui avait donné la liste. 

Désormais en route, Alaïa passa devant son ancien lycée. 

Elle le savait, avant de partir, que le chemin le plus rapide allait l'amener à croiser la route de cette bâtisse et pourtant, elle n'avait pas cherché à la contourner. Ce fut d'ailleurs sans émotions qu'elle décida de s'arrêter devant le portail d'enceinte. 

Rien se semblait avoir changé, il y avait toujours ce haut, très haut portail en fer forgé noir, que la rouille tentait d'attaquer. L'entrée extérieure était délimité par des murs tout aussi hauts dont la couleur n'était pas vraiment définissable et Alaïa pensa alors qu'il ne manquait plus que des pics en haut de ces murs pour que cela ressemble, totalement, à une prison.

Pour l'intérieur, Alaïa se souvenait que les couloirs lui paraissaient toujours trop étroits, les fenêtres trop hautes, hors d'accès, sans possibilités de pouvoir sortir. Sa respiration s'accéléra et elle se maudit. 

Elle se maudit de faiblir à la vue d'un établissement scolaire et des souvenirs qu'il lui procurait. Elle prit une grande inspiration mais ne bougea pas, elle continuait de regarder ces murs et ce portail qui ne laissaient apparaître qu'une partie de la structure extérieure du lycée.  Alaïa grimaça et décida de se détourner afin de repartir vers son but : aller faire des achats alimentaires. 

Un but certes à court terme mais un but, et c'était tout ce dont Alaïa avait toujours eu besoin : quelque chose à quoi s'accrocher pour ne pas sombrer. 

C'était un autre aspect de sa personnalité, elle devait trouver des petites occupations sous peine de ne pas avoir la force de se lever et de rester cloîtrer au lit, à vie.

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De retour chez ses parents Alaïa arriva et commença a ranger les courses en silence. Sa mère l'a remercia d'être sortie pour l'épauler puis se mit à l'aider sans chercher à discuter pour rompre le silence. Comme au repas de la veille et depuis toujours, du moins aussi loin qu'Alaïa pouvait s'en souvenir, le silence était un refuge pour ses parents et était naturellement devenu un refuge pour elle également. 

Eviter de parler, de s'expliquer, d'exprimer leurs sentiments, Alaïa pensait que c'était probablement la raison de l'omniprésence de ce calme dans sa famille et jamais elle n'avait entendu ses parents hausser la voix à l'encontre de l'autre. 

Contre elle, c'était arrivé mais pas souvent et elle s'était toujours demandée si l'obéissance était naturelle chez elle ou si elle avait été le résultat de la crainte qu'elle éprouvait lorsque ses parents trouvait son comportement déplacé et qu'ils la regardaient avec une désapprobation flagrante. En effet, et même si elle aurait eu du mal à l'admettre Alaïa avait toujours cherché l'adhésion de ses parents. Sûrement lié au fait qu'elle n'obtenait jamais celle des autres elle s'était efforcée de rester sage et de travailler d'une manière acceptable : ni plus, ni moins.

L'organisation des achats alimentaires étant terminée Alaïa décida d'aller lire dans la véranda.

La véranda avait toujours été son endroit préféré et cette pièce était adjacente à la salle à manger et était reliée à cette dernière par une porte. Alaïa entra dans la véranda avant de la refermer et de s'asseoir sur son fauteuil. Elle posa son livre sur ses genoux et prit le temps de contempler les finissions de la couverture avant de l'ouvrir. 

Elle aimait prendre le temps, avant de lire, d'admirer la police de caractère et les dessins, que pouvaient receler les couvertures. 

Cela lui permettait de s'enfouir avant même de commencer sa lecture, dans une autre réalité.

Désormais plongée dans la lecture depuis plus d'une heure, Alaïa fut obligée dans un soupir d'agacement à lever la tête. En effet elle n'y voyait plus rien car la luminosité avait fortement baissée d'un seul coup et elle vit que le ciel bleu d'hiver avait déserté. Désormais, des nuages bas recouvraient le ciel et faisaient presque l'effet d'un épais brouillard au travers duquel la visibilité était fortement réduite. 

Alaïa se leva pour allumer la lumière et mit une couverture sur ses jambes avant de se rasseoir. En effet, la température semblait avoir fortement chutée et Alaïa avait frissonnée. Alors qu'elle venait tout juste de s'installer de nouveau confortablement Alaïa ne fut que contrainte de regarder une nouvelle fois le ciel. 

Les nuages se mouvaient, devenant plus cotonneux et presque solides en apparence et ils semblaient former des motifs tels des embruns sur une plage. 

N'ayant jamais vu quelque chose de tel Alaïa se leva et s'approcha de sa fenêtre. Elle voulut appeler ses parents afin qu'ils voient cela mais elle n'osait pas détourner ses yeux du ciel tant elle craignait que ce phénomène ne disparaisse. Les yeux écarquillés elle vit un cercle se dégager de ses nuage, un cercle de ciel dont on voyait maintenant le gris et dont une ligne de nuages, telle une tornade, prenait naissance et descendait vers le sol. 

Tout d'abord, lorsque le pic toucha le sol, et alors qu'Alaïa s'attendait à une secousse vu la vitesse de rotation du pic il n'y en eu aucune.

Puis, le pic s'approcha dangereusement de sa maison et de l'endroit dans lequel elle était. Lorsqu'elle eut compris qu'elle devrait bouger elle n'eût pas le temps de faire un pas que le pic fonça sur les baies vitrées.

Les vitres explosèrent et Alaïa criait de terreur en se protégeant le visage des débris de vers alors que le vent la malmenait.

Elle ne put se débattre très longtemps contre cette tempête et alors qu'elle s'était décidée à ne plus bouger afin d'attendre et espérer que cela passe elle sentit ses pieds quitter le sol. 

D'abord lentement, elle était soulevée puis reposée sur ses appuis comme si la tempête s'amusait avec elle. 

Puis, et comme si la tempête s'était lassée d'elle elle fut violemment aspirée dans cette dernière, vers le haut ; la brutalité de cette montée lui coupa le souffle.

Et tout devint noir... 


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