Alaïa se réveilla en ayant l'impression de ne pas avoir dormi.
Elle s'était pourtant endormie juste après être allée aux toilettes mais la couchette était peu confortable et ses rêves peu agréables, d'où sa fatigue.
Les autres filles se réveillèrent peu après Alaïa mais aucune ne parlait.
Zhaganai fut la première à s'adresser à Alaïa en lui apprenant que le repas du midi allait se passer aujourd'hui en compagnie des autres prisonniers car c'était mardi et que mardi était, comme vendredi : un jour durant lequel tous ceux qui était dans cette section de la prison pouvaient se retrouver pour manger.
Alaïa la remercia pour cette indication sur le déroulement de la journée et ce remerciement laissa place au silence. Peut-être les filles étaient-elles excitées de changer un peu leur routine mais Alaïa se demandait comment ces trois filles pouvaient tenir dans une cellule sans se parler pendant des journées qui paraissaient durer une éternité avec comme seule distraction ces deux repas par semaine et des éventuelles rares visites.Alaïa soupira en silence en se demandant depuis combien de temps elles étaient là. Ce fut sans vraiment réfléchir à si elle voulait connaître la réponse qu'Alaïa demanda aux filles :
- Qu'avez-vous fait pour être amenée ici ?
Il y eût un long blanc durant lequel Alaïa n'entendait que les bruits de pas dans le couloir. Peut-être s'était-elle montrée trop curieuse et trop familière avec ces personnes qu'elle ne connaissait même pas. Peut-être étaient-elles comme elle encore sous le choc car persuadées de n'avoir rien fait.
Alaïa se disait qu'elle avait sûrement commis une maladresse en posant cette question et tandis qu'elle se trouvait idiote elle entendit Zhaganai inspirer avant de lui livrer son histoire :
- J'ai été inculpée pour avoir enterrée ma jeune sœur vivante alors que nous jouions près d'un lac à quelques centaines de mètres de la maison dans le sable. Elle a détruit mon château et le sable s'est retourné contre elle. Cela faisait plus d'une semaine que je modelais le sable jour et nuit pour que ce château devienne suffisamment grand et à l'épreuve des intempéries pour qu'il nous abrite elle et moi lorsque nos parent se disputeraient de nouveau, comme chaque jour, et juste parce que je ne l'autorisais qu'à regarder de l'extérieur car l'intérieur n'était pas terminé et que j'avait peur qu'il ne s'écroule elle a décidé de rentrer à l'intérieur dès que j'eus le dos tourné. Lorsque je suis revenue de ma récolte de branches et de feuilles que je comptait utiliser pour consolider et décorer ma création le château s'était écroulé sur elle et a causé une crevasse dans le sol. J'ai creusé mais après quelques minutes, ne la sentant toujours pas, j'ai couru jusqu'à la maison et mes parents ont appelé la police et les pompiers. Ils ont pris plus de deux heures à la déterrer et son corps était couvert de bleus. Je trouvais cela normal car elle a été écrasée par plusieurs kilos de sable mais ce fut qualifié d'homicide car mes parents ne savait pas que je construisais ce château et affirmaient donc que c'était un meurtre intentionnel...
Alaïa n'eut pas le temps de digérer cette histoire qui la remplissait d'effroi et qui lui rappelait l'injustice de sa propre expérience que Qith expliqua à son tour pourquoi elle était là :
- Quant à moi c'est parce que j'ai étouffée ma jumelle que j'aurais, selon ma mère, toujours jalousée d'être plus jolie que moi alors que c'était elle qui m'enviait. Elle venait en fait d'envoyer des photos de moi que je détestais à toutes les agences de mannequinat connues : ma carrière était fichue ainsi que mon image sur tous les réseaux sociaux et je n'ai jamais été à la fois autant en colère et surtout déçue que ma sœur souhaite que je n'échoue. Lorsque sa dernière expiration touchait ma main alors que nous étions face à face ma main prête à la gifler ma mère est arrivée et elle a vu que ma sœur ne respirait plus alors elle m'a assommée...
Alaïa tentait toujours de ne pas se boucher les oreilles ou de faire un commentaire déplacé alors que Coulnao, qui la fixait, énonça lentement, comme si elle voulait que cela entre en résonance avec tout ce qui avait été dit :
- J'ai mis le feu à la cabane en bois au fond du jardin dans laquelle se trouvait ma grande sœur qui bricolait.
Je détestait cette cabane car j'y avait subis des agressions par mon père. Alors que ce jour était celui durant lequel il allait être conduit en prison après qu'il ne fût condamné à perpétuité je voulais tout effacer. Toute cette souffrance, cette peur je voulais que tout se termine. Alors, j'ai pris de l'huile et sans un bruit alors que des souvenirs me revenaient j'ai induit le bois de cette substance inflammable. Alors que je passais par la porte de derrière pour aller chercher des allumettes ma sœur sortait de la maison par la porte principale pour aller poncer notre petit meuble pour en enlever la peinture pour ensuite pouvoir le couvrir d'une nouvelle couleur.
C'était un meuble dans lequel on mettait les photos de famille et dans lequel ma mère était en train de faire du tris à ce moment là. Ma sœur, trop préoccupée surement par le poids du meuble ne s'était pas rendu compte de l'odeur ou de l'aspect brillant que l'huile pouvait donner au bois de la cabane.
Alors, lorsque je suis arrivée elle venait sûrement, je pense, de poser le meuble et reprenait des forces avant commencer son travail. J'ai allumé plusieurs allumettes pour les disposer tout autour de cette cabane. Je voulais la voir brûler si fort que même ses cendres elles-mêmes disparaissent. J'étais tellement absorbée par ma tâche que je n'ai entendu les cris de ma sœur que lorsque les flammes avaient commencées à attaquer tout l'extérieur. C'est lorsque je prenais conscience de mon acte et de mon erreur, encore paralysée et immobile devant les flammes que maman est sortie, alertée par les cris. Elle a d'abord appelé les pompiers mais la police a été alertée lorsque ma mère qui perdait la tête après avoir perdu son mari puis sa fille a dit aux pompiers qu'elle m'avait vue immobile au milieu des flammes. Je n'ai rien dit encore sous le choc de la vision du corps de ma sœur calciné et lors de mon procès aucun de mes arguments ne furent convaincants surtout qu'après tout j'étais la "fille déstabilisée dont son père avait abusé".Alaïa fixait un point au dessus de sa tête dans l'espoir d'échapper à toute cette violence et à toutes les images qui surgissaient dans sa tête.

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Psolea
FantasyAlaïa, étudiante, va se voir arracher à sa vie pour se retrouver au milieu d'une nouvelle société. Mais loin de se trouver dans un conte de fée, Alaïa devra tenter de survivre dans un monde au bord de l'implosion où ceux les sensibles, ceux qui poss...