Comme mon emploi du temps me le spécifie, je n'ai pas cours aujourd'hui. Et Cathy étant en maternelle, elle peut aussi profiter de son mercredi. Après avoir déjeuné et l'avoir douchée, elle me propose de faire un atelier de pâte à modeler. À son anniversaire, mes parents lui ont offert un jeu permettant de créer des gâteaux à l'aide d'une machine. Je trouve l'idée intéressante. Pour une fois, j'ai envie de passer du temps avec elle.
— Je vais chercher ce qu'il faut dans ta chambre.
Je parcours des yeux les étagères de son placard mural à la recherche du jeu et découvre au passage tous ceux avec lesquels elle ne s'est jamais amusée ou ceux qui ne l'intéressent plus. La plupart sont neufs ou n'ont servi qu'une seule fois, car il faut bien souvent être deux pour y jouer. Toutes les fois où elle m'a demandé de jouer à Barbie ou aux Legos avec elle, j'avais mieux à faire, et mes parents ne sont jamais là. Elle peut toujours demander à Lorianna, sa nourrice, mais je sais qu'elle est plutôt de nature à préférer les balades en plein air. Je vais me reprendre, je vais rattraper tous ces moments perdus.
— Tu veux pas plutôt faire un des jeux auquel t'as jamais touché ? lancé-je du haut des escaliers.
— Non. Je veux faire de la pâte à modeler.
— O.K.
— J'attrape la boîte lorsque celle-ci s'ouvre.
Plus de pâte, la journée commence bien.
— T'es sûre ? redemandé-je, assez fort. Parce qu'il n'y en a plus.
— On n'a qu'à aller en acheter. J'ai rien envie de faire d'autre.
Je me souviens soudainement pourquoi je ne passe jamais de temps avec elle. Madame caprice.
Comme je sais que rien ne la fera changer d'avis et que si je n'en rachète pas elle va hurler toute la journée et se rouler par terre, je pars me préparer.
À la sortie du supermarché, alors qu'on attend le bus avec nos six boîtes de pâte à modeler de toutes les couleurs sous le bras, je remarque une femme qui nous observe depuis plusieurs minutes. Elle est rondelette, a les cheveux bruns légèrement grisonnants et porte des petites lunettes. Je vais prendre la parole, lorsqu'elle se décide enfin à parler.
— Excusez-moi, Mademoiselle, je me demandais si on s'était déjà croisée. Ma fille dit connaître la vôtre.
— Heu... C'est pas ma fille, mais ma sœur, je réponds un peu offusquée.
— Oh ! Je suis vraiment désolée ! Bien sûr que c'est votre sœur, vous êtes si jeune, dit-elle pour se rattraper. Je m'appelle Laurine Morel et voici Anaïs. Elle n'arrête pas de me dire « c'est Cathy Rolter, elle est dans ma classe ». Êtes-vous Amanda ?
Je porte mon attention sur la fille. Elle est brune et a de magnifiques yeux verts.
— C'est bien moi. Ma sœur m'a parlé de votre fille également. Vous habitez dans le quartier ?
— Nous sommes à trois pâtés de maisons de chez vous.
Comment cette femme, que je ne connais pas, sait où j'habite ? Comme si elle lisait dans mes pensées, elle ajoute :
— Je vous ai vue rentrer chez vous l'autre jour.
Son attitude ne me plaît pas du tout et elle affiche maintenant un large sourire qui laisse apparaître de grandes dents en mauvais état. Je décide d'éviter de la regarder et détourne le regard ; Cathy et Anaïs jouent ensemble et ont l'air de vraiment bien s'entendre. Elle n'a rien à voir avec sa mère. D'ailleurs, est-ce que c'est vraiment la sienne ?
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Et soudain... [Terminée]
Fiksi RemajaAmanda Rolter est une jeune femme banale et sans problème apparent. C'est une étudiante brillante et pleine de vie. Mais le jour où on lui apprend que ses parents ont péri dans un terrible accident à l'autre bout du monde, tout change. Elle se retro...