15. Verdicts

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J'émerge, doucement. Je ne parviens pas tout à fait à ouvrir les yeux, mais je perçois divers sons autour de moi. Un bip régulier résonne dans la pièce. À l'extérieur, des voix, des pas pressés, des roulettes. J'ai une sensation étrange dans mon bras gauche ainsi que dans mes narines. Je remue légèrement mes paupières et une personne se précipite immédiatement à mon chevet.

— Oh ! Ma chérie, tu m'as tellement fait peur !

— Ma... Maman ? essayé-je de formuler.

— Non, Mandy, c'est Lola...

— Où est-ce que je suis ? demandé-je en me réveillant un peu plus.

— À l'hôpital, t'as eu un accident. Tu rappelles ?

— Pas vraiment. Je courais et après...

Tout à coup, tout devient clair, je me souviens de tout ! Je commence à paniquer :

— Où sont mes parents ? Où ils sont ? Je veux les voir !

Je tente de me lever, mais l'aiguille piquée dans mon bras et ma sonde nasale à oxygène m'empêchent de sortir de mon lit.

— Calme-toi, Amanda, je t'en prie, implore Lola.

Une infirmière suivie d'un docteur arrive à cet instant dans la chambre.

— Mademoiselle s'il vous plaît, il faut que vous vous ménagiez, commence-t-il. Vous avez reçu un choc à la tête lorsque vous avez été percutée par la voiture. Mais vous avez eu énormément de chance, vous n'avez qu'une légère commotion cérébrale.

— Dites-moi où sont mes parents s'il vous plaît, le supplié-je, les yeux remplis de larmes.

— Je ne sais pas où sont vos parents, Mademoiselle, vous étiez seule lorsque vous êtes arrivée. Mais je peux demander que la police qui était sur les lieux vienne vous voir si vous voulez.

— Oui, appelez-les. Ils doivent être au courant pour l'enquête aux États-Unis.

Le bipeur du médecin accroché à sa ceinture se met à sonner.

— Le devoir m'appelle. Je m'occupe de tout, ne vous inquiétez pas. On va vous garder en observation encore quelques heures afin de vérifier que vous allez bien, puis vous pourrez rentrer chez vous.

Il quitte la pièce en hâte. L'infirmière termine de réajuster les niveaux de ma perfusion et retire ma sonde à oxygène, puis elle part à son tour. Avant de franchir le seuil de la porte, elle se retourne vers moi et m'adresse un sourire compatissant.

Lorsque cette dernière a refermé la porte, Lola m'interroge immédiatement.

— Amanda, qu'est-ce qu'il se passe ?

— Comment ça, qu'est-ce qu'il se passe ? T'es censée savoir puisque c'est toi qu'ils ont appelé.

— Je suis là uniquement parce que je suis dans les personnes à contacter en cas d'urgence ! Enfin, juste après tes parents. Tout ce que je sais c'est que tu t'es retrouvée ici parce qu'une voiture t'a renversée, car t'as eu l'idée d'aller courir je sais pas où en plein orage ! Est-ce que tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ? Et puis c'est quoi cette enquête aux États-Unis ?

Je la dévisage, elle semble vraiment perdue. À mesure qu'elle a parlé, je me suis souvenue plus en détail la soirée de la veille. À la fin de ses questionnements et avant de lui répondre, je consulte mon téléphone. Léo m'a répondu, il a tenté de m'appeler, vingt-cinq fois. Son dernier message date de plus tôt dans la matinée ; il a appris pour mon accident et souhaite passer me voir dès que possible. Je n'ai pas d'appels manqués de mes parents. Les larmes me montent soudainement aux yeux, et j'éclate en sanglots. Lola ne cherche pas à comprendre et me prend dans ses bras. Dix mille questions se bousculent dans ma tête et mes émotions passent de la tristesse à la colère, à la peur. On reste ainsi de longues minutes, puis je commence à me sentir de plus en plus apaisée, même si j'ai toujours mal, alors je me détache de ma meilleure amie et, finissant d'essuyer mes larmes, je lui raconte tout. Au fur et à mesure de mon récit, le visage de Lola se décompose. Dans ses yeux se mélangent tristesse, effroi et compassion. Quand j'ai enfin terminé, un long silence plane tout d'abord dans la pièce.

Et soudain... [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant