28. Parle-moi

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— Faut qu'on parle.

J'entre en fracas chez Léo. Sa grand-mère, en train de préparer un crumble dans la cuisine, ne remarque même pas ma présence. Léo, quant à lui, est avachi sur le canapé et pianote sur son téléphone.

Depuis mon « interrogatoire surprise », j'ai passé la fin de la semaine à examiner en détail les réponses et agissements de Julie et Arthur, que j'ai comparés avec l'avertissement de Léo. Dans un premier temps, j'en suis venue à la conclusion que tout le monde était coupable. Léo était trop mystérieux avec ces cachotteries, Lola était devenue distante et méchante – une dispute de ce genre n'aurait jamais pris une telle ampleur en temps normal. Tobias était étrange depuis le début comme s'il savait. Arthur paraissait douteux avec son air d'ami trahi par Léo qui nous avait « abandonnés », comme s'il en connaissait la raison et qu'il avait voulu se racheter en le cherchant. Et enfin, Julie semblait inquiète et en colère d'apprendre que j'aimerais le revoir. Pourquoi ?

Je me suis aussi souvenue de la dispute entre Tobias et Julie lors de ma fête, celle-ci avait précisément dit : « Ça fait longtemps, il faut en parler aux autres ! Les secrets entre amis, c'est fini », et Tobias s'était vraiment énervé cette fois-là. S'il n'a pas voulu que ça se sache, c'est qu'ils cachent tous les deux quelque chose de gros. J'ai donc décidé d'éclaircir les choses avec Léo.

Lorsque ce dernier me voit, ses yeux s'écarquillent ; il se redresse d'un bond et m'entraîne dans sa chambre.

— T'es folle de débarquer ici comme ça ! chuchote-t-il.

— Tu peux parler normalement, ta grand-mère est sourde comme un pot.

— Qu'est-ce que tu fais là ? On devait se rejoindre au cinéma ce soir.

— Ça ne pouvait pas attendre. Je suis allée demander à Arthur et Julie si ça les branchait de m'aider à te retrouver.

— Vraiment ? Et qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?

Je prends place sur son lit, et m'adosse contre le mur de sa chambre, avant de lui répondre.

— Arthur m'a confié qu'il avait déjà tenté l'expérience, il y a quelque temps. Il t'a réellement cherché de partout, tu sais. Je pense que tu lui manques beaucoup ; il ne parle pas à Tobias comme il le faisait avec toi.

— À moi aussi, il me manque... J'aimerais pouvoir lui dire.

— Je suis persuadée qu'il est au courant, même s'il clame le contraire.

— Ça m'attriste d'apprendre ça, soupire-t-il, il était un peu comme le frère que j'ai jamais eu.

— Mais t'en as un, rétorqué-je.

— Tu parles ! C'est plus un étranger qu'autre chose. Quand on a quitté la ville, il nous a suivis parce qu'il a pas eu le choix, mais dès qu'il a atteint la majorité, il a disparu des écrans. Je l'ai pas vu depuis près de trois ans...

— Je suis désolée, je savais pas.

Je l'attire à moi et je le console en l'enveloppant de mes bras un instant, puis j'ajoute :

— Je suis sûre que ton frère pense à vous et qu'il montrera le bout de son nez tôt ou tard.

Il hausse les épaules, très peu convaincu de ma positivité.

— Et Julie ? Elle a dit quoi, elle ?

Pour réponse, je l'interroge sérieusement du regard. Ignorant ce qu'il a pu dire de mal, il me questionne à son tour silencieusement.

— Fais pas l'innocent. Tu sais très bien ce qu'elle a répondu.

— Comment tu veux que je le sache ? s'indigne-t-il.

Et soudain... [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant