16. Jour pluvieux

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Mes nerfs lâchent. À peine la porte est-elle fermée que je me rue dans le garage pour récupérer tous les fonds de bouteilles d'alcool qu'ils restent de la fête. Je vide un reste de vodka d'une traite, puis je rejoins ma chambre et j'envoie par terre tout ce que je peux trouver sur mes meubles. En passant devant mon miroir, avec une bouteille de whisky en main, mon reflet me dégoûte et une seule réflexion me vient à l'esprit :

— On dirait ton père Mandy ! T'es aussi incapable et bourrée que lui !

J'ai toujours bu un peu, quand j'étais stressée ou pas en grande forme, toujours en cachette, car c'était jamais dans des lieux très appropriés et parce que je ne voulais pas qu'on s'en fasse pour moi, ça m'a toujours permis de me détendre un peu et de reprendre confiance en moi. Mais aujourd'hui, je n'en ai plus rien à faire, je veux juste me saouler jusqu'à oublier et peu importe l'image que je renverrai.

Ma chambre détruite, m'assied sur mon lit et bois encore, en mélangeant tous les alcools, et puis lorsque tout ce que j'ai remonté du garage est vide, je finis par m'endormir, à moitié sur mon lit, à moitié par terre, trop ivre.


La sonnette de la porte d'entrée me réveille quelques heures plus tard. Un coup d'œil par le balcon m'informe que Monsieur Royer ramène ma sœur. Il ne manquait plus que ça. Sans perdre une seconde, je compose le numéro de Lorianna et je l'implore de venir chercher Cathy. Je n'ai pas la force de lui annoncer la nouvelle, alors je préfère l'envoyer passer encore quelques jours chez sa nourrice, loin de tous ces problèmes d'adultes. Et au moins, je pourrai boire tranquillement.

Je descends prudemment, car mon équilibre n'est pas parfait et je rejoins la porte. Arrivée devant celle-ci, je m'apprête à les inviter à entrer lorsque je me fige, ma main à quelques centimètres de la poignée. Il faut que je sois forte ! Au moins jusqu'à ce que Cathy parte de la maison. Je souffle un bon coup, j'affiche un immense et faux sourire sur mes lèvres et j'ouvre.

— Bonjour, Amanda ! Comme convenu, je te ramène Cathy. Oh, ça alors ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande le père de Lilou en apercevant la bosse sur ma tête.

— Bonjour. J'ai eu un petit accident, rien de grave. Je suis désolée de ne pas vous laisser rentrer, mais c'est un peu le bazar et je n'ai pas trop le temps. Je dois sortir, je mens.

Sans attendre sa réponse, j'attire ma sœur à moi et le congédie. J'espère qu'il n'a pas senti mon haleine.

— T'as fait quoi à ta tête ? me questionne Cathy, insatisfaite de la réponse que j'avais donnée.

— Ce n'est rien, ne t'en fais pas, ma chérie. Tu vas aller passer quelques jours chez nounou, d'accord ? je réponds en m'accroupissant à sa hauteur.

— Pourquoi ? Et pourquoi tu sens bizarre de la bouche ?

— C'est exactement pour ça que tu vas aller chez elle.

***

Ma sœur a de nouveau quitté la maison quelques minutes après. J'ai expliqué la situation à Lorianna et elle a promis qu'elle éloignerait Cathy de tout ça jusqu'à l'enterrement. Lola est venue, comme promis, mais je ne lui ai pas ouvert. Elle a attendu quinze minutes, me suppliant de la laisser m'aider, puis elle a abandonné. J'ai réfléchi tout l'après-midi à ce que je pourrais lui dire si je la contactais. Après un long moment, j'attrape mon téléphone et je réussis à lui envoyer un message : « Dis au directeur que je viendrai pas pendant quelques jours. ».

Je n'ai encore informé aucun proche de ce qu'il s'est produit, mais je sais que tôt ou tard je vais devoir les appeler. Ma famille de Suisse va vouloir prendre en charge les funérailles, les parents de mon père en revanche, j'en suis moins certaine.

Et soudain... [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant