Chapitre 11.

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Je fixe l'immense bâtisse en pierre devant moi. Comme cela, elle ressemble à un commissariat désaffecté que plus personne n'utiliserait. Le panneau « interdit d'entrée, danger de mort » est par ailleurs très explicite. Cela ne semble pourtant pas freiner Orphée qui s'avance d'un pas, prêt à pousser la porte. Je pose une main sur son bras pour souffler :

« Tu es sûr de toi ?

- On ne risque rien.

J'esquisse une moue dubitative resserrant mes doigts sur le tissu plissé de ma jupe-pantalon.

- La dernière fois que tu as dit cela, tu me faisais pénétrer dans une ruche de tueuse et j'ai fini poignardée.

- Je n'ai pas tout à fait dit que c'était sans risque. Et puis là, c'est véritablement sans risque : la S.S.C. s'efforce de maintenir le secret entre monde humain et surnaturel. Ils ne vont pas s'attaquer à toi. Et puis ils ne sont pas si dangereux que cela. Si tu veux tout savoir, à côté de la ligue de chasseur de sirène, les agents de la S.S.C. sont des amours.

L'ironie dans sa voix m'intrigue mais je conserve le silence. Après tout, mieux vaut entrer plutôt que de laisser notre poursuivant nous retrouver. Nous pénétrons dans un corridor plutôt sombre, qui donne sur une cours. La stupeur me gagne. Au centre de la cours, se dresse un autre bâtiment, bien plus récent, qui dissimulé de l'extérieur par l'immense mur de pierre qui l'encercle.

Sur le fronton, les lettres S.S.C. scintillent légèrement, majestueuse.

Sans hésiter, Orphée m'y entraîne. Etrangement, la curiosité me gagne et je me demande ce que nous allons bien pouvoir trouver à l'intérieur.

À l'entrée, un comptoir d'accueil nous réceptionne. Un jeune homme dont les yeux sont si gris qu'ils en paraissent argentés nous fixe un instant. Puis un sourire vient étirer ses lèvres et il s'exclame, appuyant sur un bouton :

- Agent Kepner, vous êtes demandés à l'accueil.

Surprise je me tourne vers Orphée qui soupire :

- Un télépathe sûrement. Plutôt utile pour garder l'entrée d'un lieu tel que celui-ci.

Ledit télépathe se contente de nous sourire jusqu'à que des bruits de pas attirent notre attention. D'un même mouvement, le héros et moi nous tournons vers l'origine.

Un homme se dresse face à nous. Les mains nonchalamment enfoncées dans ses poches, il est vêtu d'un très long manteau en cuir, de style vintage. Le genre qu'on ne déniche que dans les friperies dans lesquelles je trouve mes propres vêtements anciens. Le genre que Melusine portait lors de notre rencontre. Ses yeux bruns sont habités d'une lueur taquine. Cet homme est tout ce qu'il y a de plus humains et de plus vivant.

- Tiens donc Orphée. Quelle surprise...

Mon compagnon le toise un instant avant de sourire et de s'esclaffer :

- Bonjour Seth. Tu as pris des rides.

- N'importe quoi, ça ne fait que quatre ans que nous ne nous sommes pas vu.

- Oh, des cheveux blancs...

Le policier lève les yeux au ciel, l'air agacé par les moqueries du héros. Ce dernier finit par reprendre un peu de sérieux et annonce :

- Voici Yerine.

Je lui tends la main pour serrer la sienne. Il incline la tête en signe de salut.

- Enchantée de vous rencontrer.

- Moi de même.

- Ne te laisse pas abuser par son apparence de jeunot, il a plus du double de l'âge qu'il semble faire. me glisse Orphée.

Yerine (Mélusine HS.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant