Chapitre 1.

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Ce soir, Nix est tombée,
D'un coup fatal à sa beauté,
La lune s'est levée.

Sous ses pales rayons,
En reine, tu t'es avancée,
Guidée par ma chanson,

Toi, nymphe que rien n'afflige,
Toi que la nature érige
En une déesse plus belle encore
Que celles qui ne craignent la mort.

Dryade au cœur pur,
Voudras-tu m'aimer ?
Seras-tu mon futur ?

Dryade au cœur d'or,
Malgré le mauvais sort,
Je t'ai aimée.

Doux amour, sur la terre,
Quand tes délicats baisers
Changeront les enfers
En un paradis rêvé,

Je saurai te trouver...
Je saurai t'aimer.

Pour toute l'éternité.
Contre les dieux et leur haine,
Contre le sort et la peine.

Ô nymphe, sois pour toujours ma destinée.
Ô nymphe, voudras-tu m'aimer ?


Chant d'amour à une nymphe,
Par le poète Orphée, date inconnue (vers le dixième siècle avant J.C.)

*

Vingt années plus tard.

La vie d'adulte ressemble à un grand pas dans le vide, diront certain. Mon pas dans le vide a, pour ma part, eu lieu il y a quatre ans. Depuis, les choses s'enchaînent sans que rien ne me paraisse abstrait. Quand notre monde s'effondre une première fois, tout ce qui suivra ne nous impactera pas avec la même force. Du moins, c'est ce que je pense. Ne sommes-nous tous pas différents ?

Des sauts dans le vide, on en fait plein finalement au cours de notre vie. Aucun ne sera mortel excepté le dernier. L'éternité n'existe pas... Pourtant, j'aurai donné cher pour que ce soit le cas. Pour avoir le pouvoir de guérir, celui de ramener les gens à la vie. Une vie si précieuse que nous ne devrions pas la perdre à se perdre soi-même, à s'enliser dans un monde qui ne nous plait pas.

Je ferme un instant les yeux. Je n'ai qu'un vœu à formuler. Un seul. Je veux aimer, sentir mon cœur battre si fort qu'il m'en ferait mal, vivre mille aventures, m'amuser et respirer. Je veux vivre.

« Yerine ? Je suis rentré !

Je sursaute, laissant tomber au sol le bol que je tenais dans mes mains. Celui-ci se fracasse au sol dans un bruit de verre brisé. Son contenu se déverse au sol, éclaboussant le bas de ma longue jupe. Je bondis en arrière dans l'espoir de diminuer les dégâts. Un rire grave me parvient et mon cœur se serre dans ma poitrine. Si doux, si enchantant, si mélodieux... Pourquoi diable faut-il que mon corps réagisse ainsi ?

Tirée de ma léthargie, je me précipite à quatre pattes pour ramasser les débris. Avant que mon colocataire et ami n'arrive. Il ne manquerait plus qu'en plus d'avoir tout entendu, il puisse voir ce désastre. Je peux presque l'entendre se moquer : « Yerine Deski, toujours dans la lune. ».

Même à vingt ans, je suis toujours autant maladroite et tête en l'air que je l'étais, adolescente. C'est une chose qui n'a pas changé et qui ne changera sûrement jamais. Et il n'en loupe pas une pour se moquer. Pourtant, jamais je n'ai été aussi proche de quelqu'un que de lui. Après la mort de mes parents, il m'a prise sous son aile alors que je n'avais que seize ans et lui... Une vingtaine d'année je suppose... Je ne lui ai jamais demandé son âge, même après quatre ans de cohabitation. Au final, il reste assez réservé et mystérieux. Musicien, voyageur, beau, intelligent, moqueur... Le personnage parfait. De quoi faire craquer mon cœur de jeune romantique.

Stupide petite fille. Mes rêves sont inutiles.

Je me coupe contre un des bouts de verre que je ramasse. Un juron bien senti m'échappe dans un grognement peu élégant et à bout de nerfs, je balaye le sol d'un coup de pieds.

Cuisine de merde. Maladresse de merde.

Agacée, je remonte les manches de ma chemise avant de saisir un t-shirt qui trainait sur une des chaises. Tant pis, il me servira de serpillère – au même titre que ma jupe. La couleur pourpre du jus de tomate m'évoque celle du sang et je glousse nerveusement. On pourrait croire que je viens de commettre un crime et que j'essaye désespérément d'essuyer le sang et d'effacer les preuves. C'est un peu le cas d'ailleurs : salir la si précieuse cuisine de mon colocataire – alors qu'aucun de nous deux ne sait se servir des fourneaux – c'est miner encore plus cette maison déjà en bazar. Je suis bordélique, lui aussi.

Si semblables et pourtant si différents...

J'entends ses pas dans l'escalier et je me presse à tout ramasser. Sa voix grave s'élève, s'approche et je frémis.

- Yerine ?

Il passe alors sa tête par l'encadrement de la porte, une expression narquoise sur le visage. Si je n'étais pas habituée à ce genre de situation, j'aurais pu rougir de honte. La vue doit être comique, je suis affalée au sol à tenter de nettoyer le beau bazar que j'ai causé. Mes cheveux sont en pagaille, des mèches blondes s'échappant des deux petites tresses qui tombent sur mes épaules normalement tenues par un ruban rouge, ma jupe noire baigne dans la soupe de tomate et un de boutons de ma chemise a éclaté. Alors que lui... Lui est si beau ! Ses courts cheveux clairs semblent ne jamais pouvoir être domptés, son regard émeraude accroche mes yeux bruns et sa carrure se découpe parfaitement dans la lumière. À la fois jeune mais mûr. Il est... Divin !

Reprenant rapidement mes esprits, je me relève, essuyant mes mains sur ma jupe – belle et bien foutue – et secouant la tête, je souris :

- Salut Orélien ! »

***

Voilà pour un premier chapitre, qui introduit nos deux personnages principaux, plutôt court ^^ promis, les prochains seront bien plus long ;)

Happy Easter !

Dredre🖤

Yerine (Mélusine HS.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant