Part sombre

Chapitre 21

Il court le plus loin possible de la demeure de Garret, aussi loin que ses jambes puissent le porter.

Le loup se détransforme enfin puisque le calme règne (plus ou moins). Ses pensées sont confuses vu les évènements qui viennent de se produire. Ce dernier se retrouve désormais seul sans la femme qu'il aime. La douleur est encore présente comme une plaie ouverte qui continue de saigner. James se doit d'achever la mission. Celle qu'ils s'étaient fixés.

Pour Sarah...

Le jeune homme s'arrête un moment au pied d'un arbre pour se calmer et mettre de l'ordre dans ses idées. Il est vrai que c'était l'adrénaline qui faisait « tout le boulot » mais celle-ci s'estompe. Les larmes qu'il retenait finissent par couler. La rage se dissipe comme le combat pour s'évader est passé.

Certaines personnes disent que c'est lorsque nous perdons une personne que l'on comprend à quel point elle comptait. Une idée tout à fait étrange et qui ne vaut pas pour tout le monde bien sûr, il y a des exceptions. En tout cas il s'agirait des personnes qui ont du mal à s'attacher aux autres. Dans le cas de James et Sarah cela ne s'appliquent pas vu qu'ils savaient tous deux la valeur de chacun.

La culpabilité le hante. Le corps couvert de sang de Sarah dépouillé de toute son humanité qu'il tenait dans ses mains.

Je sais que Garret m'a piégé. Cependant la personne qui a ôté la vie de Sarah c'est moi...Je viens de perdre la seule chose qui me rattaché à la vie. La seule personne qui me donnait envie de garder espoir quand je croyais avoir tout perdu, celle qui m'a permis d'avoir encore la foi. Elle m'a montré ce qu'est le véritable amour et moi je l'ai privé de tout ça en un coup. J'essaye de me persuader que je n'y suis pour rien seulement une victime du jeu d'échec de Garret, ce sociopathe.

...

Garret pense que les émotions ne sont que des freins à la réflexion. Elles influencent nos jugements, on ne peut parvenir à penser la moindre chose cohérente, logique si nos sentiments rentrent en jeu. Bien sûr cela est carrément la vision d'un sociopathe. Pourtant ce comportement peut avoir pour origine un traumatisme qui fait que notre alter ego rentre en scène. Je vois par là notre côté sombre qui est tapis dans notre subconscient. Cette part de nous-même qui nous protège en quelque sorte. Dans le cas d'un psychopathe ou d'un amoureux obsessionnel et encore le personnage doit un peu exagérer, le subconscient recèle tous nos démons. Prenant le cas de l'amoureux, il développe une double personnalité. Ce qu'on veut dire par là c'est que sa part qui aime de façon inconditionnelle et pleine de bonnes intentions, la personne décide de la partager. Cependant tout au fond de lui, il est obligé de cacher ce qu'il pense pour faire bonne figure et combler sa promise. Alors chacune de ses actions ne sont que pour apporter du bonheur à son élu. Commettre un meurtre « par amour » notre esprit peut nous faire croire comme une sorte de protection que la personne le méritait et que cet acte ne va rien changer, au contraire on rend service à l'humanité en se débarrassant des parasites. Alors les deux personnalités se mélangent pour se créer une excuse afin d'éviter la culpabilité.

Garret s'avance vers la porte de la chambre de la jeune femme. Cette dernière qui le vit arriver par la serrure recule vite vers le lit. Le son de la clé qu'on tourne dans la serrure retentit.

Le vampire fait son apparition dans la pièce. Il tient dans ses mains un plateau.

- J'ai pensé que tu aurais sûrement faim ma chérie !

Elle s'approche de l'homme en ne le perdant pas du regard. Un sourire se dessine sur le visage de Garret. Sarah fait voler le plateau avec son contenu dans les airs pour le voir atterrir au sol.

- Ta nourriture tu te la garde. Où est James ?!

- Mon cœur...

- (lui fait signe de se taire avec doigt levé) Boucle-la Garret ! Ne m'appelle pas comme ça tu as compris ! Je veux savoir où est James !

- Mon petit oiseau...

- Garret ferme-la !!! Je ne t'aime pas ! Celui que j'aime de toute mon âme c'est James ! James !

Il la gifla. Ensuite il l'a pris par le cou.

- Ne t'avise plus de prononcer son nom. Je me montre généreux envers toi, alors pourquoi te contenter de la médiocrité ?

- Je l'aime c'est la stricte vérité...

- James ne t'aime pas.

- Tu dis n'importe quoi.

- Ma chère Sarah, ta naïveté est très divertissante. James est parti, il t'a abandonné.

- Je lui ai menti car tu m'y as contrainte.

- Visiblement il ne t'aime pas suffisant, puisqu'il t'a pourtant cru.

- Ne joue pas à ce jeu Garret.

- Quel jeu ? C'est "la stricte vérité". Tu ne veux pas me croire ? Je vais te le prouver dans ce cas, viens avec moi...

Sarah demeure sceptique, cela devait sûrement cacher un mauvais coup. Garret la conduit dans son bureau.

- Viens t'assoir...

Il tire la chaise pour qu'elle puisse prendre place (un faux gentleman).

- Appuie sur la touche d'entrée...

Elle prit une profonde inspiration et appuie sur la touche. L'écran se met en marche et la fenêtre qui apparait est une vidéo en noir et blanc.

- Bien tu vas visionner cette vidéo de surveillance.

La vidéo est lancée. Sarah voit James enfermait dans une cellule. Progressivement cette dernière se rend compte à quel point Garret est un monstre.

L'homme lui tend un casque.

- Il est préférable que tu sois seule pour entendre tout ça. Mais sache que son comportement m'intrigue tout autant.

La jeune femme ne prononce pas le moindre mot et se contente de saisir le casque. Garret sort du bureau, de toute évidence il sait qu'elle ne tentera rien pour s'évader après ce qu'elle va voir.

Elle poursuit le visionnage. James se met à crier, il perd totalement la tête. Soudain Garret se tient devant la cellule qui s'ouvrit juste ensuite.

- James mon pauvre garçon...

- Brûle en enfer !

- Tu es dur avec moi je viens prendre de tes nouvelles.

Il ne répond pas.

- Écoutes, tu dois accepter le fait que Sarah ne t'aime pas.

James continue de rester dans le silence.

Soudain Sarah commence à avoir la vision trouble.

Qu'est-ce qui se passe ?

Elle se lève avec peine de la chaise.

- Garret !

Elle essaye de crier le plus fort possible mais hélas. Sa vision se rétrécie et le noir prend place. La jeune femme s'écoule.

La porte s'ouvrit de nouveau, le vampire voit sa victime au sol. La sorcière Abigail se tient derrière lui.

- Et maintenant ?

- J'ai bien une idée... Est-ce que tu peux faire en sorte de bloquer ses souvenirs avec ce répugnant loup domestique ?

- Oui seigneur...

- Qu'on la conduise dans ses appartements. Je voudrais lui adresser des dernières paroles avant sa « transformation ».