Prologue

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« Plus le regard d'un homme s'attarde sur une femme lors de leur première rencontre, plus elle l'intéresse. Si le regard dure 4 secondes, il peut juste être impressionné, mais s'il dépasse les 8,2 secondes, il pourrait déjà être amoureux. »

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Jour 1 : la rentrée

L'angoisse me ronge. Une peur viscérale m'envahit à l'idée de franchir les portes de ce nouveau lycée et de me retrouver plus seule que jamais.


Ici, je ne connais personne. Pas un visage familier pour m'accueillir, pas un ami sur qui compter. C'est le pire scénario imaginable pour une introverti comme moi. Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour exister, mais un repère, un soutien, même discret, m'aiderait à me sentir moins perdue.

Assise seule dans le bus, je regarde défiler le paysage, un nœud dans l'estomac. Mes amies d'hier me manquent terriblement. Lilith, Marine et les autres... Là-bas, dans ma petite ville tranquille du Dakota du Nord, j'avais ma place, un semblant de normalité. Mais tout ça, je l'ai laissé derrière moi. J'ai choisi de déménager avec mon père dans son pays pour fuir ma mère, trop tyrannique. Un divorce, ça chamboule tout. Ça m'a arrachée à ma stabilité d'avant et m'a jetée ici, en terre étrangère.


Ici, tout me semble différent. Bien que je sois bilingue, les habitudes françaises m'échappent encore. L'architecture serrée, les routes étroites, cette langue que je comprends mais qui ne coule pas naturellement dans ma bouche. La chaleur des gens de Devil's Lake me manque déjà. Là-bas, on s'entraide. Ici, tout paraît plus distant, plus précipité. Et pourtant, malgré ce choc, je suis heureuse d'être avec mon père. Découvrir ses origines est une opportunité que je ne pouvais pas laisser filer.


Le bus s'arrête enfin. Je descends, emportée par une vague d'élèves qui prennent tous la même direction. Le lycée se dresse devant moi, imposant, mais banal. Rien à voir avec mon ancien établissement, Bethléem High, où chaque recoin respirait le caractère de ma petite ville. Ici, les murs aux couleurs plus douces n'enlèvent rien à la monotonie ambiante.


Dans le flot des étudiants, je me faufile à l'intérieur, cherchant désespérément la salle de mon premier cours. Mes mains tremblent, mon cœur cogne dans ma poitrine, et la chaleur monte. Je n'ai jamais été aussi nerveuse qu'aujourd'hui !


Les couloirs bruissent déjà des rires et des conversations. Les petits groupes se forment, grandissant au fil des arrivées. Moi, je me fonds dans la masse, silencieuse et invisible. C'est étrange d'être entourée de tant de monde et de se sentir si seule à la fois.

Malgré tout, j'espère que je vais réussir à me plaire dans cette ville, où la population dépasse de loin Devil's Lake.

Porte 305. Je pousse un soupir de soulagement : je l'ai trouvée !

Je m'engouffre dans la pièce, celle-ci est presque vide. Je choisis une place au fond, collée au mur, espérant me fondre dans le décor. Si je pouvais disparaître complètement, je le ferais sans hésiter.

Quelques minutes plus tard, un groupe de filles fait irruption dans des éclats de rire. Elles semblent à l'aise, comme si elles étaient chez elles. J'envie leur aisance, cette facilité à exister sans retenue.

Je sors mon cahier et mon manuel, ceux qu'on m'a remis à mon inscription cet été. Je plonge immédiatement le nez dedans pour échapper aux regards des autres. Mais ma tranquillité s'évapore lorsqu'une fille s'assoit à côté de moi. Tant pis. Rester seule, c'est raté pour ce cours.


L'enseignante arrive à son tour, une femme aux cheveux grisonnants et au sourire bienveillant. Elle s'installe calmement, note son nom au tableau et balaye la salle du regard. Elle semble heureuse d'être là, ce qui, quelque part, me rassure un peu.

Sans crier gare, elle s'avance vers moi. Mon cœur bat encore plus fort à chacun de ses pas qui s'approchent de moi.

– Tu es Heavan Freffern ? La nouvelle élève venue d'Amérique ?

Je hoche la tête, incapable de prononcer le moindre mot.

– Voici quelques fiches qui pourront t'aider si tu en ressens le besoin. N'hésite pas à venir me voir si tu ne comprends pas quelque chose.

– M-merci, murmuré-je faiblement, le plus poliment possible.

Des murmures et quelques rires résonnent autour de moi. Se moquent-ils de moi ? De mon accent ? De mon air perdu ? Je n'en sais rien, mais le doute me pique comme une aiguille. Je fixe mon bureau, priant pour que cette journée se termine vite.

À cet instant, je ne veux qu'une chose : rentrer chez moi. Chez mon père. Là où, même dans ce pays étranger, je me sens encore un peu en sécurité.

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