Chapitre 20

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Je sors du lit sans grande difficulté ce matin. Je n'ai pas autant envie de dormir que les nuits précédentes. Prête pour aller faire une ronde sur mon territoire, je sors du bungalow en évitant de faire trop de bruit. Comme d'habitude à cette heure, le silence règne sur le camp. C'est un silence paisible. Je longes le chemin pour arriver à ma partie de la forêt, quand des bruits pas se mêlent aux miens. Sans grande surprise, je croise Elena. Après tout, elle et sa meute sont logés sur ce chemin là.
Je pense que Ally et Terrence nous ont volontairement désignés des bungalows qui se trouvent à l'opposé de nos territoires. Ma partie de la forêt se trouve entre celle de Elena et Asher. Pourtant, c'est elle et sa meute qui sont installées sur le chemin du milieu. Celui qui mène chez Megan et Phoebe, ainsi qu'aux ateliers et la salle de cours. Le territoire de Asher est celui à la droite du mien. Les bungalows de sa meute se trouvent sur le chemin de gauche, alors qu'il est celui qui mène vers le territoire de Elena. Je pense que leur but était de nous obliger à nous croiser régulièrement, nous obliger à cohabiter. Leur technique porte en effet souvent ses fruits. Que l'on soit au réfectoire, que l'on veuille aller au gymnase, en salle de jeu ou autre, ou que l'on se déplace entre chez nous et nos territoires. Nous avons toujours des chances de croiser des loups d'une autre meute.
Bien sûr, je ne prête pas attention à sa présence lorsque nos chemins se croisent. Je regarde devant moi, garde la même allure et reste dans mes pensées. Je me demande pourquoi Phoebe a préférée se battre à ma place la veille, jusqu'à que je sois interrompue.

– Moi aussi je vais faire une ronde sur mon territoire Astrid, commence Elena. Rejoins-moi  juste après à la frontière, tu sauras comment me trouver. Si je ne suis pas encore là, attends moi, je saurai te trouver.

Je m'arrête en tournant mon attention vers elle et lui répond sans aucune opposition:

– D'accord.

J'effectue la même patrouille que chaque matin. C'est une vérification assez rapide. Il suffit que je trottine un peu, jette quelques coup d'œil et renifle la limite entre mon territoire et tout le reste de la forêt.
Une fois terminée, je vais comme convenu à la frontière entre mon territoire et celui de Elena. Je me fît à mon odorat pour trouver sa position. J'arrive là où la jeune femme m'attend, debout, sous forme humaine. Ses cheveux noirs sont lâchés, en contact avec sa peau jusqu'à la naissance de sa poitrine. Elle affiche encore ce même regard, qui n'a aucune véritable signification. Mais ses yeux noirs n'en restent pas moins beaux. D'ailleurs, ces mêmes yeux ne me quittent pas lorsque que je m'avance vers elle, toujours en loup. Je ne compte pas me changer, pas tant qu'elle ne m'aura pas expliqué pourquoi je suis ici. Je m'assoie et l'observe. Elle semble immédiatement comprendre, car elle prend les devants:

– Un loup gris clair ?  J'ai l'impression que c'est bien ce qui te correspond le mieux, sourit-elle.

Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Son sourire non plus n'était pas attendu. Ces temps-ci, nos conversations sont différentes de rares que nous avions eu. La barrière qu'a toujours formé son visage lorsqu'elle parle à d'autres loups que ceux de sa meute change. Mais ce n'est pas très important, je veux connaître la raison de ma présence. J'incline ma tête sur le côté, en attendant une nouvelle réponse de sa part. Elle roule des yeux avant de me donner ce que je veux:

– J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit hier. Alors c'est à ton tour, tu vas me suivre et je vais t'emmener quelque part.

Elle se retourne aussitôt sa phrase finie. Quelques craquements d'os se font entendre durant trois secondes, laissant un loup noir apparaître. Elle fait la même taille que moi, comme je me le disais. Mais je n'ai rien deviné, ce n'est que la taille des loups issue des familles originelles.
Sa tête se retourne vers moi, m'invitant à la suivre. Je n'hésite pas longtemps avant de le rejoindre sur son territoire. Nous marchons côte à côte, jusqu'à ce que Elena décide d'accélérer le pas, pour finir par courir. Nous avançons à la même allure en esquivant chaque arbre qui se dresse devant nous. Je sens les odeurs de tous les loups qui ne sont pas les miens, déposées un peu partout. Mais aussi, les odeurs de la terre, des animaux et de la végétation. J'écoute aussi le son de nos pattes qui foulent le sol, en même temps que les gazouillis des oiseaux et les bruissements des feuilles. C'est un moment assez agréable, je l'avoue. Nous allons vite, mais quand même assez lentement à mon goût. Je veux savoir si la colombienne peut tenir la même allure que la mienne. Même si je me sais pas où elle veut me mener, je décide d'accélérer bien plus. Surprise, la louve  me jette un coup d'oeil, puis suit ma vitesse sans avoir l'air d'être peinée. Nous courrons toutes les deux plus vite que le reste des loup de premières familles.
Je trouve cette course à deux plutôt amusante. Des bruits commencent à se mêler à ceux des oiseaux et de nos pas. L'air, lui commence à s'humidifier. L'autre loup ralentit en m'adressant un regard, signifiant de faire de même. Elena se change sous forme humaine en continuant sa route à mes côtés. Je ne me transforme cependant pas, je reste en loup et marche avec elle.

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