Dom Malefoy

fifteen

- Je n'arriverai jamais à te faire confiance, pas à toi, lâcha la Gryffondor en baissant les yeux.

Drago soupira et passa sa main sur son visage blafard. Cela le rendait dingue qu'elle refuse son aide ! Malheureusement, elle avait toutes les raisons de le faire, ce qui l'agaçait encore plus.

- Tu crois vraiment que je te supplierais à ce point si je n'étais pas sérieux ? demanda-t-il le visage encore plaqué contre sa longue main.

- Qui me dit que ce n'est pas un de tes plans tordus ?

Hermione releva son doux visage pour regarder Drago tristement. Les bulles commençaient petit à petit à éclater, mais étant incapable de sortir nue sous le regard de son ennemi de toujours, elle versa le produit dans l'eau pour en faire apparaître de nouvelles. Elle se maudit intérieurement de ne pas avoir prit à proximité de quoi se changer ou même sa baguette.

- Je ne suis plus ce garçon là, articula finalement le blond en laissant tomber mollement sa main contre son corps.

La rouge et or fut surprise de la tristesse qu'elle percevait dans la voix de Drago. Il était sincère, cela ne faisait aucun doute. Mais comment arriverait-elle à lui parler de ce qu'elle traversait, comme à un confident ? Ils étaient si différents, et nous parlons du garçon qui l'a tant fait souffrir. Hermione eut une boule dans la gorge quand elle repensa à tous les moments où les moqueries du Serpentard l'avait fait pleurer toutes les larmes de son corps. Le roi des serpents savait faire mal, il savait toucher en plein cœur et vous détruire à petits feux. Hermione avait peur de retomber là-dedans, et que sa vie soit un véritable cauchemar. Enfin, si c'était possible qu'elle le soit plus.

- Je.. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.. murmura-t-elle.

- Ma mère.

Hermione leva un regard interrogateur vers Malefoy en arquant un sourcil, et aperçut de la douleur dans le regard du blond.

- Ta mère, Malefoy ?

- Mon père a fait de sa vie un enfer, comme ce qui se passe actuellement pour toi.

Le serpent s'avança, retira ses chaussures et releva légèrement son pantalon jusqu'aux genoux. Il s'assit sur le rebord de la baignoire, sous le regard surpris d'Hermione et plongea ses deux pieds blancs dans l'eau chaude. Le corps de la jeune femme était seulement à quelques centimètres des pieds de son ennemi mais étrangement, elle n'était absolument pas gênée par cette proximité. Elle voulait qu'il termine son histoire, qu'il lui raconte tout, elle en avait besoin et elle sentait que ça l'aidait à se libérer d'un poids décidément trop lourd à porter.

- Quand j'était petit, je n'étais pas conscient de ce qui se passait dans ce grand manoir. J'étais juste un gamin, qui courrait partout et embêtait tout le monde pour avoir des sucreries.

Hermione esquissa un sourire sans même s'en rendre compte. Ce petit Malefoy la faisait rire.

- Mais dès que j'ai effectué ma rentrée à Poudlard, pour ma première année, j'ai commencé à avoir des doutes. Quand ma mère m'envoyait des lettres, je la sentais très paniquée, très inquiète. Quelque chose n'allait pas, et je ne comprenais pas ce que c'était. Ça me rendait fou.. poursuivit-il en baissant la tête, ses cheveux blonds cachant ses yeux, Mais personne ne daignait m'expliquer quoi que ce soit. Ce fût seulement à l'été qui suivait ma troisième année que j'ai comprit. Je me baladais tranquillement dans l'immense manoir Malefoy, sans but précis, quand j'ai entendu un immense fracas provenant de la chambre de mes parents. Sans comprendre quoi que ce soit, j'ai accouru devant la porte d'où provenait le bruit. J'ai hurlé, frappé à la porte mais le brouhaha à l'intérieur s'intensifiait. J'ai cassé la porte, en pleurs... Ma mère était allongée par terre, le crâne en sang, elle était dans un état pitoyable. La chambre était sans dessus-dessous. Quand j'ai relevé la tête sur mon père, qui arborait un air fier, j'ai cru devenir fou. Je n'ai pas hésité un seul instant et je lui ai sauté dessus, en le frappant. Je ne me contrôlais plus, la rage s'était emparée de mon corps et je ne pouvais passer outre. Elle était présente et je devais me défouler. Je l'ai finalement laissé dans un piteuse état avant qu'on ne conduise ma mère à St Mangouste. Elle y est restée pendant des mois... Elle avait été plongée dans un profond coma suite aux coups à répétition de son agresseur... Les médicomages ne savaient pas si elle allait survivre. Toute cette violence durait depuis mon enfance et je n'avais jamais rien vu ! Durant cette période, j'allais la voir chaque jour, pendant des heures entières, j'étais dévasté de la voir dans un tel état. Je ne suis pas retourné au manoir avant qu'elle y rentre, j'ai squatté chez les Zabini durant toute cette période, qui m'ont accueilli avec une immense sympathie. Leur famille est si différente de la mienne, je les envie tellement... Et tu vois Granger, encore aujourd'hui, je m'en veux. Je m'en veux de ne pas avoir été là pour elle, j'aurai du voir ses signaux et essayer de comprendre ce qu'il se passait. Son calvaire a duré tellement de temps... Je ne veux plus que ça arrive, à qui que ce soit dans mon entourage, tu comprends ? Même si cette personne c'est toi, Granger. Je regretterai toute ma vie la douleur qu'a du subir ma mère sans que je ne puisse l'aider, alors ne me fait pas endurer une double peine, je t'en prie... finit-il d'un ton suppliant.

Drago enfouit son visage entre ses mains, n'osant pas regarder la brunette à ses côtés. Cette histoire, elle faisait partie de lui et personne ne savait ici, à part Blaise Zabini. Si il avait prit la décision de lui raconter, c'est pour qu'il puisse s'en libérer et qu'elle puisse lui faire une entière confiance. Vivre cela une deuxième fois, le faisait espérer d'une certaine manière. Sa mère avait souffert pendant tant d'années en silence, dans le désarroi le plus total, mais cette fois-ci tout pouvait être différent.

Hermione quant-à-elle, était bouché bée. Jamais elle n'aurait pu imaginer qu'il se passait telle misère dans le majestueux manoir Malefoy et dans la douce vie tranquille de Drago Malefoy. Elle éprouva de la compassion pour lui, elle comprenait aussi désormais pourquoi il tenait tant à l'aider elle. Sa douleur devait être immense, et la Gryffondor ne pouvait s'empêcher de réconforter cette âme en détresse. Instinctivement, la rouge et or posa une main réconfortante sur la jambe du blond. Ce dernier sursauta légèrement, surprit du contact de la jeune femme. Il avait eu peur d'avoir fait une erreur en lui racontant cette partie de sa vie, mais il avait fait le bon choix, le contact de la lionne le lui prouvait. Alors, sans hésiter, il posa sa main droite sur celle de la jeune femme. Hermione sursauta à son tour à ce contact, mais lui sourit.

- Ce n'est pas ta faute Malefoy, et tu ne dois en aucun cas t'en vouloir. Ton père est un idiot, c'est lui qui devrait ressentir la douleur que tu portes dans ton cœur. Tu n'étais qu'un enfant, comment aurais-tu pu faire face à ce drame ? Tu as sauvé ta mère, tu l'as aidé à se sortir de son cauchemar, et elle t'en sera éternellement reconnaissante. Tu es un héros Malefoy...

Ces derniers mots avaient été à peine audibles mais remplirent le cœur de Drago de joie. Il se sentait plus léger, plus libre. Ses paroles l'avaient apaisé, elle était sincère et cela se ressentait pleinement. Mais, alors que Drago avait ouvert la bouche pour parler à son tour, il aperçut une marque rouge sur le poignet de la jeune femme. Il se crispa et Hermione tressaillit sous le contact de la main du blond qui s'était durcit. Elle suivit le regard du serpent et remit rapidement sa main dans l'eau, paniquée.

Drago avala une boule dans sa gorge et sans qu'Hermione ne comprenne quoi que ce soit, le Serpentard se laissa glisser dans l'eau savonneuse, complètement habillé, pour se placer face à Hermione. Sous le regard bouleversé de la jeune femme, Drago reprit délicatement la main de la brunette, et déposa un tendre baiser sur la marque rouge ancrée à son petit poignet.

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