Je sais pertinemment que c'est mal de fouiller dans les affaires d'autrui. Seulement, si c'est pour se sauver soit-même, est-ce préjudiciable ? Je pense que la question ne se pose même pas. Sauver ma peau malgré et contre tout, c'est ma nouvelle philosophie de vie. Les toilettes sont à ma droite. À ma gauche, je tombe sur une porte entrouverte qui me laisse deviner une chambre. Une belle chambre avec des tons de bleus et de gris qui m'attire comme un aimant. Je suis là pour ça après tout alors autant faire les choses jusqu'au bout.
Je regarde une dernière fois derrière moi puis je pousse la porte qui se trouve à ma gauche. La chambre est spacieuse et très bien rangée, à l'exception d'un petit bureau blanc qui est maculé de tonnes de papiers et de classeurs colorés. C'est un contraste ahurissant. Comme si le propriétaire de cette chambre ne vivait que sur ce bureau et qu'il ne touchait à rien d'autre. Pas même à son lit qui est si bien fait que ma femme de chambre rougirait de honte.
Je m'avance d'un pas lent en tendant l'oreille pour être sûre que personne ne m'a suivi. J'ai les mains moites et les jambes qui tremblent, la fatigue et le stress ne font pas bon ménage. Une fois arrivée à hauteur du bureau, je regarde attentivement chaque détail qui pourrait m'être utile. Aussi, j'attrape un cadre posé dans un coin et l'examine de plus près. La photo représente une femme souriante qui pose sur un vieux vélo bleu clair, une fleur dans les cheveux. Un sourire triste naît sur mes lèvres parce que j'aimerais pouvoir être à sa place un jour, à sillonner le pays à vélo. Un rêve irréalisable pour le moment.
Soudain, la photo glisse du cadre et s'échoue par terre, au même titre que mon cœur lorsque des pas s'approchent de la chambre. D'un mouvement rapide, je pousse la photo sous le meuble le plus proche à l'aide de mon pied puis je repose le cadre là où il était. La porte s'ouvre à la volée tandis qu'un regard noir tombe directement dans le mien. Pour donner le change, je me redresse et souris à Rafael pour lui montrer que je ne suis pas nerveuse et que je n'étais pas en train de fouiller cette chambre. J'espère simplement que les coins de ma bouche ne tremblent pas et que mon souffle rapide ne me trahira pas.
- Rafael. C'est ta chambre ?
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Est-ce que tu peux arrêter ça ?
- Quoi ?
- Répondre à une question par une question.
Les poings serrés, il s'approche de moi et je tente de maîtriser mon niveau d'anxiété, toujours accentué lorsqu'il est près de moi. Il s'approche d'ailleurs si près que je ne peux que reculer, jusqu'à être coincée entre son corps de dieu grec et le meuble sous lequel j'ai caché la photo. D'un mouvement lent, il tourne la tête de telle sorte qu'il se retrouve presque avec la bouche collée à mon oreille. Sa respiration fait virevolter les quelques mèches de cheveux qui se sont échappées de ma coiffure, me faisant frissonner des pieds à la tête.
- Tu te crois discrète mais tu ne l'es pas, Virgie.
Il chuchote cette phrase et je dois me concentrer de toutes mes forces pour ne pas perdre le fil de la discussion.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Il rigole légèrement avant de poser un doigt sur mon épaule. Il le laisse ensuite glisser le long de mon bras jusqu'à ma main qu'il caresse doucement. Je crois que je n'arrive plus à respirer. Jamais aucun garçon ne m'a touché de cette manière. Jamais aucun garçon ne m'a touché tout court, finalement. Et puis jamais personne n'a réussi à me faire ressentir rien que le quart de ce que je ressens actuellement.
- Dis-moi ce que tu veux, ce sera plus simple que de fouiller ma chambre.
- Tu sais déjà ce que je veux.

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VIRGIE
RomansaFlore est vierge. Pas spécialement par choix, mais plutôt par obligation. Par ailleurs, elle n'a presque jamais vu d'hommes de sa vie. Ça aussi, ce n'était pas un choix. La raison de tout cela ? Son père. Mark Silver est un homme influent et importa...