Chapitre XIII

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- Rafael !

Nous ne sommes même pas encore arrivés jusqu'à ma chambre que nous nous faisons interpeller. Je me fige lorsque cette voix me parvient jusqu'aux oreilles. Une voix qui vous glace le sang. J'ai appris à l'apprivoiser avec le temps et la pratique mais après l'horrible nuit que j'ai passé à la cave, je ne suis plus sûre de rien. Je me retourne au ralenti pour faire face à mon paternel. Il ne me lance même pas un regard ni ne me questionne sur les robes de mariée que je viens d'essayer, comme si j'étais invisible à ses yeux.

- Rafael, je dois m'absenter quelques jours pour des raisons professionnelles. Je te charge de la surveillance de ma fille. Elle ne doit pas sortir d'ici. Je veux que tu la suives partout, jusqu'à son cours de danse du lundi. Me suis-je fait bien comprendre ?

- Oui, Monsieur.

- Bien.

Il tourne les talons et je me mets à rire nerveusement. C'est de pire en pire. Qu'est-ce que ce sera après ? Un boulet de plomb à la cheville ? Je dois m'enfuir avant ce désastre, je n'ai pas le choix. C'est pour cette raison que j'attrape la main de Rafael et que je cours jusqu'à ma chambre.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Tu n'as pas entendu ? Il s'absente quelques jours, c'est l'occasion de sortir d'ici !

Il rit à son tour et me serre la main encore plus fort. Nous nous mettons à courir à grandes enjambées dans les couloirs déserts de la villa. Un sentiment de plénitude prend possession de mon corps et je bascule la tête en arrière pour rire à gorge déployée. Rafael me regarde presque fasciné avant de passer un bras sous mes cuisses et un autre sous mon dos pour me porter. Je m'accroche alors à son cou pour profiter de cette petite balade improvisée. J'ai l'impression qu'à cet instant, nous pouvons braver tous les obstacles qui se dressent et se dresseront sur notre chemin. Lorsque nous sommes tous les deux, nous sommes plus forts. C'est vraiment ce que je ressens. J'essaie de rejeter les petits papillons qui s'envolent dans mon ventre lorsqu'il est près de moi, mais c'est de plus en plus difficile.

Lorsque nous arrivons enfin dans ma chambre, il ferme la porte et nos rires s'éteignent. Comme si la réalité nous tombait subitement sur la tête. J'ai soudain très chaud et mes mains commencent à devenir moites tandis que je continue à m'accrocher au col de son tee-shirt. Nous sommes seuls, dans ma chambre. Je ne sais pas comment réagir et apparemment, lui non plus. Il y a quelques jours, le malaise n'était pas présent. Je jouais avec lui et il me repoussait en retour. Pourtant, j'ai comme l'impression qu'en quelques jours à peine, tout a changé. C'est si rapide et si intense que cela me fait presque peur. Je sens le souffle de Rafael atterrir sur ma joue alors je ferme les yeux en déglutissant. Il me repose doucement sur le sol, sans qu'aucune de ses mains de s'éloigne de mon corps. Ainsi, un long frisson me parcours lorsque ses doigts tracent le contour de ma taille, frôlent mes fesses et effleurent mes cuisses. Il est si doux et si absorbé par le chemin de ses doigts que j'ai presque envie de lui remonter le menton pour que ses yeux plongent enfin dans les miens.

Je ne fais rien de tout cela. Je me contente d'observer ses longs cils bruns qui encadrent ses yeux bleus. Il est vraiment très beau. Beaucoup trop pour une fille comme moi, perdue et sans possibilité d'avenir. Je me mords la lèvre lorsque ses yeux remontent enfin jusqu'aux miens. Un sourire malicieux vient décorer ses lèvres et je ne peux m'empêcher de lui sourire en retour. Rien n'est compliqué avec lui. J'ai l'impression que tout se déroule de la plus simple des manières. Je n'ai pas besoin de réfléchir lorsque je suis avec cet homme et cela me repose l'esprit, bien trop souvent surmené ces derniers jours. Il m'apaise, tout simplement.

- J'aime bien ton sourire, me chuchote-t-il doucement.

- J'aime bien tes yeux.

- J'aime bien tes lèvres.

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