Chapitre VI

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Le bruit de mes pas qui descendent l'échelle résonnent contre les parois du souterrain. Plus je descends, plus Rafael et Line s'éloignent. Plus je descends, plus mes problèmes s'éloignent par la même occasion. C'est comme s'ils étaient restés à la surface et que je les fuyais subtilement. Mon cœur s'allège lorsque je saute sur le sol humide en terre. D'un mouvement circulaire, je tends la lampe torche de mon téléphone devant moi pour pouvoir appréhender ce qui nous attend. J'ai beau avoir fait des recherches sur ce souterrain depuis des mois et des mois, je n'y avais pourtant jamais mis les pieds.

Le souterrain est plus en état que ce que je pensais. Les murs sont en pierres et le sol en terre avec quelques pierres qui le parsèment. Un bruit de goutte d'eau tombant sur du carrelage se fait entendre à intervalles réguliers. Je ne resterai pas ici éternellement mais la balade ne se fera pas en rampant sur de la terre mouillée, c'est déjà ça.

L'échelle tremble de nouveau et j'aperçois Line descendre à son tour. Une fois arrivée, elle ouvre de grands yeux en coinçant son téléphone dans son débardeur pour pouvoir attacher ses cheveux en un chignon flou.

- Quel truc de dingue ! On se croirait dans un film d'action.

- Tu l'as dit.

Rafael nous rejoint enfin. Il frotte doucement son pantalon puis remet sa veste de costume d'un geste maîtrisé.

- J'ai mis un chariot à roulettes qui traînait dans la cuisine sur la trappe pour ne pas que cela soit trop évident.

- On rentrera avant le levé du jour et avec un peu de chance, il n'y aura pas de scénario qui terminera en catastrophe.

- Dépêchons-nous alors.

Nous nous mettons tous les trois en marche, seules les lumières de nos téléphones nous guident dans ce noir le plus sombre. J'espère secrètement ne pas m'être trompée dans la confection de mon croquis. J'espère ne pas avoir oublié un détail, une intersection ou même un chemin entier qui nous desserviraient dans cette mission. J'ai réussi à le dessiner grâce à de vielles archives et à des lettres dans lesquelles ma mère expliquait comment l'utiliser. Je ne sais pas à qui ces lettres étaient destinées ni si mon père était au courant de tout cela mais je me contente de ne pas me poser trop de questions. Un mystère à la fois, c'est déjà bien assez.

Soudain, je me prends une toile d'araignée en pleine face, qui s'emmêle ensuite sournoisement dans mes cheveux. J'allais pousser un cri lorsqu'une main s'abat sur ma bouche et que mon corps est soudainement propulsé contre un torse dur et musclé. La lampe torche de Line braquée dans ma direction me fait plisser les yeux alors qu'elle met un doigt devant sa bouche pour me faire signe de me taire. Et c'est à cet instant que je remarque où nous sommes. À la fameuse intersection.

- Je la veux. Je ne sais pas où elle est cachée mais je la veux. Et je l'aurais.

La voix de mon père se fraie un chemin jusqu'à mes oreilles et je fronce les sourcils. De quoi parle-t-il ? Qu'est-ce qu'il veut ? Je n'ai pas la force de réfléchir davantage car la chaleur du corps de Rafael se propage jusqu'au mien et je me détends subitement. C'est comme s'il agissait d'une manière totalement réconfortante sur mon organisme. Le simple fait de concevoir qu'il pourrait avoir rien qu'un petit impact si dévastateur soit-il sur mon corps me fait tressaillir. Cela ne faisait pas partie du plan et je déteste les imprévus. Sans perdre une minute de plus, Rafael me relâche et nous nous remettons en route. Après avoir pris le chemin de gauche et avoir marché en silence quelques minutes de plus, nous arrivons enfin sous le puit - qui en réalité n'est pas un puit - débouchant sur la rue. La faible lumière des lampadaires nous soulage et nous pousse à remonter à la surface.

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