Chapitre X

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Je ne sais plus où donner de la tête. Les révélations s'accumulent sans que je ne puisse rien contrôler. J'ai l'impression que ma vie ennuyeuse et sans saveur se transforme en une vie trépidante et pleine de rebondissements. Cela me fait juste peur. Je me demande quand est-ce que tout ça finira, quand est-ce que je saurais enfin tout, quand est-ce que je pourrais enfin savoir qui je suis et comprendre ce qui m'entoure. En réalité, c'est comme si j'étais dans un nuage épais et opaque, sans possibilité de voir l'extérieur et de comprendre où je suis. Je me laisse juste porter par le vent qui m'amène là où bon lui semble. Pour le moment, il m'a déposé bien au chaud sur le canapé de la mère de Rafael et Nicholas.

Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que Rafael et Nicholas sont frères, alors rencontrer leur mère qui connaissait la mienne de surcroît, c'est le pompon. Beaucoup de temps semble s'être écoulé entre la photo que j'ai vu d'elle dans la chambre de Rafael et la femme qui se trouve en train de me servir du thé à ce moment même. Pourtant, sa beauté n'a aucunement disparu. Elle semble juste plus fragile, assise dans son fauteuil roulant. J'essaie de ne pas trop regarder sa jambe amputée pour ne pas la rendre mal à l'aise, mais c'est la première fois de ma vie que je vois cela. Elle m'a expliqué, lorsque nous avons quitté l'hôpital et qu'elle m'a invité à boire le thé chez elle, qu'elle a subi un grave accident de moto il y a plusieurs années de cela. Une ombre est passée dans ses yeux lorsqu'elle m'a confié ce secret. Elle paraît pourtant pleine de vie, comme si rien de tout ça ne s'était passé.

- Alors Flore, comment se porte ton père ?

J'ai arrêté de chercher le lien entre cette femme et ma famille, pour le moment du moins. J'imagine que trop de secrets sont encore cachés et demandent beaucoup d'efforts pour les trouver. Je vais donc me contenter de suivre mon plan de base, pour l'instant.

- Plutôt bien madame.

- Je t'en prie, appelle-moi Marie. Il doit être ravi que tu te maries, mon fils est un gentil garçon.

Je me force à sourire en jetant un coup d'œil aux deux hommes assis en face de moi, les yeux rivés sur le match de basket passant à la télévision. Les sourcils froncés de Rafael me prouve qu'il est moins concentré sur le match que sur notre conversation. Il a l'air sur les nerfs et nerveux. Tous ces secrets commencent à me faire perdre patience. Plus je me rapproche de Rafael, plus j'ai l'impression qu'il s'éloigne de moi. Nicholas, quant à lui, semble plongé dans ses pensées, les bras croisés sur la poitrine. Il fixe la télévision d'un air absent. J'ai comme l'impression d'être de trop ici.

- Il est très content oui.

Marie repose la théière puis se tourne vers moi. Son regard devient immédiatement plus sérieux et son sourire s'efface de ses lèvres. Elle tourne la tête vers les garçons avant de se mordre la lèvre subtilement.

- Il n'est pas trop... exigeant ?

Dubitative, je penche la tête en plissant les yeux. Je ne sais pas ce qu'elle entend par exigeant mais si c'est ce que je pense, cela veut dire que Rafael lui a sûrement raconté ma situation. Cela ne m'embête pas plus que ça. Cette femme connaissait ma mère disparue et c'est bien la seule personne dans ma vie qui n'ait fait rien qu'évoquer son nom. C'est pour cette raison que je lui fais étrangement confiance. De plus, au vu de la grimace qui a accompagné sa question, il semblerait qu'elle ne porte pas vraiment mon père dans son cœur.

- Il est exigeant, c'est vrai. On va dire qu'il aime quand tout se déroule comme il le souhaite.

Marie hoche doucement la tête, comme si elle me comprenais mieux que quiconque. Elle finit par inspirer grandement avant de me sourire gentiment. Pour combler le petit silence qui s'est installé, j'attrape ma tasse de thé et souffle dessus pour le refroidir.

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