Prologue

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La Lune brillait ce soir là. Posée délicatement sur le lit du ciel étoilé, elle éclairait avec force les jardins du palais, d'où montait un doux parfum de menthe. Il s'était assis à son balcon un instant pour réfléchir à ce que sa mère lui avait dit, juste avant le repas... et ça faisait finalement une heure qu'il respirait l'air frais et nocturne, sa bande de tissu verte sur les yeux. Il ne réfléchissait pas, ç'aurait été sacrilège, il sentait simplement. Ressentait.

Le petit frisson qui remontait le long de sa colonne vertébrale, une feuille tombée de la vigne qui parcourait la façade du palais, caressant doucement sa joue dans sa chute, le hululement d'un oiseau au loin... Et ses jambes raides d'être restées si longtemps sans bouger, compressées sous le poids de son corps.

Il respira. Vida ses poumons, les remplis, et refusa de faire plus. Il bloqua fermement son esprit, s'empêchant totalement de penser à quoi que ce soit d'extérieur à lui même, à son corps. Mais ses pensées étaient folles, rebondissaient de partout et débordaient... Il finit par abandonner, se forcer n'allait certainement pas l'aider à se sentir mieux.

Il retira la bandelette de tissu de ses yeux, et ouvrit ses paupières. La Lune l'accueillit, et il sourit à cette vision. Elle était pleine, éblouissante, au sommet de sa forme. Il la fixa en se levant difficilement, ses jambes lui semblaient cotonneuses. Il se retint à la balustrade du balcon alors qu'elles menaçaient de se dérober sous lui, chancela un peu, et releva son regard vers la Lune.

Elle l'hypnotisait.

Et pourtant, il n'arrivait pas à être digne d'elle. La bandelette de tissu qu'il serrait entre ses mains en témoignait, la médiation lui demandait trop. Trop d'exclusivité dans ses pensés, qui avaient pour habitude de partir dans tous les sens possibles. Ne pas cogiter, alors que c'était chez lui presque une seconde nature, lui demandait bien plus d'efforts qu'à d'autres. Et dès qu'un événement imprévu, comme actuellement, surgissait dans sa vie, il perdait totalement sa capacité à faire abstraction du monde autour de lui... Et s'en était foutu de sa méditation.

Il lâcha la balustrade, ses jambes redevenues de sûres alliées, et laissa derrière lui la Lune et sa lumière hypnotique pour rejoindre la lueur, plus chaude, des bougies. Quelqu'un avait déjà préparé son lit pour la nuit, et ses couvertures semblaient l'appeler. Il laissa derrière lui les battants de bois de la porte du balcon ouverts, l'air de la nuit pénétrant à flot dans ses appartements, et se glissa entre les draps cotonneux. Voilà au moins une chose qu'il savait bien faire, et était sûr de pouvoir exécuter à merveille : s'endormir.

Paradoxalement, alors que ses pensées trop nombreuses auraient dû l'empêcher de fermer l'œil toute la nuit durant, faisant de lui un abonné aux insomnies et autres joyeusetés nocturnes, il n'en était rien. Dès que sa tête touchait l'oreiller, il s'endormait du sommeil du juste, et ne se réveillait qu'au matin, avec le chant des oiseaux.

L'avantage était qu'il n'avait pas embêté ses parents bien longtemps, et avait fait ses nuits très vite. L'inconvénient, qu'il ne se réveillerait sûrement pas en cas d'urgence dans la nuit, et si le palais brûlait il brûlerait avec lui. Ou encore, si un assassin, grassement payé, parvenait à se frayer un passage jusqu'à lui, il l'accueillerait en ronflant comme un bien heureux, profondément engoncé dans ses couvertures.

Heureusement pour lui, les gardes stationnant devant sa porte, ou encore sa dame de chambre qui dormait dans la pièce à côté étaient là pour parer à ce genre de problèmes.

Alors, comme toujours, il plongea. Et ses pensées s'envolèrent, le laissant en paix pour quelques heures au moins.



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Et voilà, ma première vrai publication sur Wattpad. Une aventure qui commence !

Et il va s'en passer, des aventures, dans cette fic... 

À lundi prochain :)

Tes yeux dans les miensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant