Or rouge

Chapitre 4

     « Mike ! »

     Je relève les yeux et les plante dans les siens.

     « Avec aucune des trois. » Dis-je lentement, savourant cet effet que, sachant la vérité, je trouve presque malsain.

     « Non ! T'as pas pu ! Comment t'as fais ?

     - Tu veux savoir ? En fait j'étais tellement bourré que je ne me rappelle même plus ce qui s'est passé. En tout cas je suis rentré chez moi car je me suis réveillé ce matin dans mon lit avec une gueule de bois, je t'explique même pas !

     - Ahah ! Bien fait le tombeur ! Moi en tout cas j'ai réussi mon coup !

     - Ah oui ? Et avec laquelle s'il te plait ? Fis-je comme si je ne le croyais pas.

     - Avec celle aux yeux noisette, on croirait qu'ils sont verts. Enfin je dis ça mais c'est pas trop ses yeux que j'ai regardé par la suite...

     - Ah ? Je ne vois pas qui c'est. »

     Mensonge ! je me rappelle très bien de cette petite, toute affriolante dans sa jupe en jean moulante. Mais je préfère nier car je sens comme un haut-le-corps venir en pensant qu'elle a tout à fait le profil d'une mineure...

     « Mike, tu te sens bien ?

     - Ouais t'inquiète. C'est la gueule de bois qui a du mal à passer. »

     Je ne finis pas mon assiette et ne prend pas de dessert. On retourne s'enfermer dans la salle de réunion vitrée pour poursuivre le dossier avec Steve. On y travaille tellement qu'il est au trois-quarts achevé quand on finit par sortir du bureau, à 16h. Mine de rien sous ces latitudes, 16h ça ne nous laisse que 2h de grand jour pour profiter de l'après-midi. Après le soleil décline. Et oui les magnifiques images avec coucher de soleil sur la mer des tropiques, c'est pas à 21h qu'on les fait ! Ça c'est l'été à la méditerranée, avec les soirées qui n'en finissent plus. Ici à 19h il fait nuit. Au début ça fait bizarre. On n'est pas habitué, en zone tempérée, au binôme chaleur/nuit précoce. Et puis on s'y fait.

     En sortant dans la rue, une faim de loup me tenaille. Je n'ai presque rien prit ce midi et je ne vais pas pouvoir tenir jusqu'à 18h30 après le sport... Je fonce dans une petite supérette et achète un sandwich déjà tout préparé. Je n'ai pas encore testé la street food mais ça ne me dit pas grand-chose. J'ai peur que ce soit trop épicé ou encore pas très propre. Une fois mon en-cas avalé je me dirige vers la salle de sport dernier cri où j'ai loué un casier en plus de l'abonnement. J'y laisse ma tenue en permanence, c'est plus pratique.

     La séance se passe bien. A voir les regards de convoitise sur mon corps en mouvement, je devine sans trop de peine que je fais des envieux. J'adore sentir cet effet que je produis sur les femmes mais aussi, sur les hommes. Tiens, est-ce que c'est bien mon cul qu'il tente de mater discrètement celui-là ? Mais qu'est-ce que je raconte ? Il va falloir que je me remette en selle rapidement sinon je risque bien de me perdre moi-même !

     Je me dirige vers les vestiaires pour me changer. En passant, une femme, une belle femme, me regarde, visiblement intéressée. Depuis 10 minutes elle ne me lâche pas des yeux. Elle a tout de la bimbo blonde que beaucoup voudraient mettre dans leur lit. Ou même sans passer par le lit. Et elle est chaude comme la braise. Elle me lance un regard outrageux avant de se glisser dans les vestiaires pour femmes, à cabines indépendantes... La tentation est trop forte et, après vérification, je m'engouffre à sa suite. Je n'ai pas le temps de repérer les lieux que déjà elle attrape brutalement mon tee-shirt et m'attire irrésistiblement dans une des cabines.