Chapitre 9

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     Si je ne me trompe pas, on est dimanche. Donc je ne suis pas pressé. J'essaie de me rappeler ce qui a bien pu se passer hier soir... Comment s'est fini cette soirée ? J'ouvre les yeux et reconnais immédiatement la superbe vue que j'ai depuis mon dernier étage. Ouf. Déjà, je suis chez moi et je crois être entier... J'ai de la chance décidément ! Je tourne la tête et réprime un sursaut de surprise.

     A mes côtés il y a le petit gigolo. Mais qu'est-ce qu'il fou encore là ?! Il est toujours vêtu... ça me rassure. Parce que moi je suis à poil sous mon peignoir. Il est allongé sur le flanc, tourné vers moi. Son visage, aux traits délicats, exprime une profonde sérénité. Ses lèvres charnues, entre-ouvertes, laissent filer un souffle si léger que je ne peux l'entendre. Il n'a pas changé de vêtements depuis la veille. Il arbore toujours ce petit ensemble imitation cuir noir, moulant... Quelques mèches de geai viennent caresser son front, ses paupières, ses joues... Que fait-il ici ?

     Ah merde je viens de me souvenir que j'ai dû dégueuler partout en rentrant hier. Je me redresse avec difficulté. Sur le bar, il y a un sac plastique blanc, qui contient encore une sorte de bol... Je me lève et vais voir dans l'entrée. Bizarre, j'étais certain d'avoir rendu une partie de mon alcool ici. Dans les toilettes alors ? Rien. Pire que ça, tout est nickel. Et cette fois quand je dis nickel c'est nickel, je peux presque me voir dans la cuvette. Dans la douche il y a deux bassines avec des vêtements qui trempent à l'intérieur. Ça sent bon la lessive... Je reconnais sans trop de peine que l'une contient ma chemise, l'autre mon pantalon. Qu'est-ce qui s'est passé cette fois ?

     Je ressors de la salle de bain. Le jeune prostitué s'est assis sur le rebord de mon lit King-size qui le fait paraitre encore plus menu. Il étend ses bras nu au-dessus de sa tête ébouriffée, baille lentement, les yeux encore fermés. Son léger déhanché lui fait prendre une pose langoureuse. Son petit short met en valeur ses jambes glabres, fines et brunes. Pourquoi est-ce que je le regarde comme ça ?

     « Mike, ça va ? » Me demande-t-il d'une petite voix ensommeillée.

     Je suis tellement surpris que je ne réponds rien. Je ne sais pas comment réagir.

     Comme s'il comprenait mon malaise, le jeune homme se lève et se dirige vers le sac en plastique. Il en sort un petit bol avec un couvercle adapté, me l'apporte et l'ouvre.

     « Tient Mike. C'est pour toi, mange. Dit-il gentiment.

     - Qu'est-ce que c'est ?

     - Soupe de riz ! Contre la... gueule de bois ! »

     Dans un grand sourire convaincu il me tend le bol. Je le récupère et m'assied sur le lit, adressant un regard circonspect au jeune. Ça a un goût... exactement celui de la veille ! C'était donc ça !

     « C'est ce que tu m'as fait boire hier ? Je lui demande, sans préambule.

     - Oui. Avec ça, pas gueule de bois. » Affirme-t-il, de sa voix aiguë.

     Pas gueule de bois mon cul oui ! J'ai la tête encore enfarinée. Enfin avec ce que je me suis mis, je ne vais quand même pas lui reprocher de m'avoir...

     « Attend... C'est toi qui m'as ramené ici ?

     - Oui.

     - Et c'est toi qui as mis mes affaires à tremper ?

     - Oui.

     - Et tu... tu as nettoyé ?

     - Oui.

     - Attend c'est quand même pas toi qui m'a remonté jusqu'ici depuis la rue ?

     - Euu... Oui. »

     Là j'avoue que je ne sais pas quoi répondre. Il me regarde droit dans les yeux, me répondant simplement. Un doute me saisit.

     « On... On l'a refait ?

Or rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant