Chapitre 18

23 4 1
                                    

     On arrive un peu avant 10h. L'endroit me déçoit : une résidence quelconque, petite piscine, pas de palmiers, une plage courte et une vue somme toute classique pour la Thaïlande... En plus il fait gris. Je soupire en récupérant mon sac que le chauffeur me présente.

     Dior jailli de la voiture, un sourire solaire sur le visage.

     « OOH ! Mike c'est beau regarde !! »

     Il observait tout ce qu'il voyait avec ces yeux, ces expressions pures, presque enfantines.

     Nous pénétrons dans le hall, petit lui aussi. Je comprends mieux la notion d' « intime » affichée sur le site ! Que voulez-vous, c'est ça quand on ne vise pas le cinq étoiles... Mais Dior regarde partout, surexcité, comme s'il n'avait jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit...

     L'hôtesse s'adresse à moi avec un accent plus fort que ceux auxquels je suis habitué. Je me tourne vers Dior. Sans même avoir besoin de me regarder, il s'adresse à elle en Thaïlandais, d'une voix calme, posée. J'ai l'impression de ne pas le reconnaître. Il est... très pro ! On croirait mon traducteur ! Finalement, il n'a même pas besoin de lui présenter sa carte d'identité.

     Nous entrons dans notre chambre... J'aurais dû regarder ailleurs pour une autre résidence et prendre une suite ! Le lit est de bonne taille, baldaquin à moustiquaire, mais la salle de bain est minuscule ! Pas de bar... une mini-terrasse mais vue mer heureusement ! Je jette mon sac négligemment au sol, passablement énervé. Je ne suis pas habitué à tant de simplicité !

     Mais Dior, lui, passe partout en furetant, laissant échapper des petites exclamations enthousiastes :

     « Oh ! Ah ! C'est bien... C'est bien !! »

     Faut qu'il arrête il commence à m'exciter là...

     Il se précipite sur la terrasse :

     « Oooooh ! La mer ! Regarde Mike comme c'est beau ! »

     Son enthousiasme me fascine, on le croirait imprégné de magie, à voir ce que je ne peux pas voir. Par ses yeux, tout me semble meilleurs. La chambre n'est pas si petite finalement, la salle de bain est fonctionnelle, claire et propre, la vue depuis la terrasse est intime et agréable... Le bar ? Il y en a un quelques mètres plus loin dans la rue.

     Il s'accroupit très bas, comme je l'ai vu faire par certains Asiatiques, position très inconfortable quand on n'y est pas habitué. J'admire secrètement cette souplesse, cette finesse des membres. Il triture les feuilles des buissons devant la terrasse.

     Comme il n'y a pas de balustrade, il en profite pour descendre sur la plage. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Il a un air... à la fois serein et mélancolique. Il traine les pieds dans le sable, tout en regardant le ciel et la mer. Il est beau. Quand son regard se pose dans le miens, il me sourit et le soleil revient.

     On va se baigner, Dior est heureux. Il saute dans les vagues, nage dans l'écume, rit et m'appelle. On mange au petit restaurant de l'hôtel qui s'avère tout à fait convenable, puis on retourne longer la plage, entourés de touristes et d'habitants.

     On ne se touche pas et je dois avouer que, à part quelques coups d'œil, Dior sait très bien se tenir ! En même temps je m'attendais à quoi ? A ce qu'il me saute dessus, se pende à mon cou ? Non... Il n'est pas comme ça, en fait. D'ailleurs si je fais bien attention, il n'y a guère que les touristes pour se manifester des marques ostentatoires d'affection, et encore pas tous.

     L'après-midi est torride ! On profite de la faible brise marine et je dois tenir mon chapeau de playboy pour qu'il ne s'envole pas. Je ne sais pas comment fait Dior, sans protection sur la tête, seulement ses cheveux dont les mèches folles partent au vent. Mon tee-shirt blanc est bien trop grand pour lui, il claque comme une voile de navire ! Il a beau le rentrer en partie dans son petit short, l'effet n'en est que plus comique.

     « Dior ! Attention tu vas t'envoler !

     - Ah ? Ahah ah ! Oui ! Moi je veux voler ! »

     Il étend les bras, se tend vers le ciel, le visage au Soleil. Il ferme les yeux. J'ai presque l'impression qu'il va décoller. Il est vraiment beau.

     Puis il tourne vers moi un regard malicieux et se met à rire. Comment ai-je pu ne pas le reconnaître dans cet hôtel ? A présent, parmi les gens qui nous entourent, il me semble ne plus voir qu'une seule personne, lui.

     « Tu sais Mike... Dior, c'est pas mon vrai nom ! Me dit-il, sur le ton de la conversation.

     - Oui, je crois que je m'en suis douté. Et c'est quoi ton vrai nom ?

     - Je m'appelle ThongDaeng. »

     Sa voix chante tandis qu'il prononce son prénom dans sa langue natale. ThongDaeng...

     « Tong Deng ? Je tente de répéter maladroitement.

     - Thong, Thong ! Daeng... plus long, écoute: ThongDaeng ! »

     Avec patience il me fait répéter jusqu'à obtenir un résultat correcte. J'ai un peu honte de ma médiocrité.

     « Tu sais ça veut dire quoi ? Me demande-t-il.

     - Non pas du tout. Je ne parle pas Thaïlandais !

     - Ça veut dire « Or rouge ». »

Or rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant