Le lendemain je suis obligé de calmer Dior car à 4h du matin, il est au taquet ! Il faut dire que je n'arrive pas à dormir non plus. Alors on discute, de tout et de rien, moi accoudé sur le matelas, tourné vers lui, lui sur le dos, tendant les bras en l'air, décrivant des arabesques imaginaires.
« Tu travailles dans quoi Mike ?
- Je vends des hôtels et des résidences de luxe... La compagnie pour laquelle je travaille aide les anciens propriétaires à revendre leur bien à des prix avantageux. On s'occupe aussi de la mise en valeur et de l'acquisition de nouvelles zones constructibles.
- Pour gagner plus d'argent ?
- Oui.
- Et ça paye bien ?
- Oh oui, assez bien !
- C'est avec ça tu payes tout ? Nourriture, frigo, télé, maison, moi ?
- Oui... »
Je suis gêné par la fin de sa question. Mais je ne vais pas lui mentir.
« Tu as une belle vie alors, tu es heureux !
- Oui, je suppose. »
Il soupire d'aise et, s'étirant, se met face à moi. Je plonge mes yeux dans les siens.
« Et toi, comment tu vis ? Tu gagnes bien ?
- Ça va... Me répond-il, minaudant.
- Tu pourrais t'acheter une télé, un frigo ? Je plaisante, devant sa mimique adorable.
- Aaah ahah ! »
Il tend la main et me caresse la joue. Il est si doux !
A 8h tapante on monte dans le taxi noir, aux vitres teintées. Je n'ai pas pris grand-chose, juste des vêtements pour moi et pour Dior que j'ai prévu de lui prêter. Je lui en achèterai s'ils s'avèrent vraiment trop larges pour lui.
« Mike ! Me dit-il soudain, inquiet. J'ai pas mes papiers ! Faut la carte identité !
- Ah merde ! Je vais te déposer, tu habites où ? »
Il hésite un bref instant puis me donne le nom de la rue. Je demande au chauffeur de nous y emmener.
On s'arrête le long du trottoir. Il descend précipitamment et s'engouffre dans un bâtiment d'aspect insalubre, selon moi. C'est là qu'il vit ? La façade est juste... dégueulasse. Il y a des ordures, des chiens et sûrement des rats. Les gens circulent en tongs sur leurs mobylettes, leurs scooters ou leur vélos sans âge. Il y a des étalages qui dépassent sur la route, les gens passent, repassent. Tout le monde s'active depuis plusieurs heures déjà. Je repense soudain à la fille de l'autre jour, dans cette rue sombre. Dior ne m'a pas répondu, je ne sais pas ce qu'il s'achète avec tout l'argent que je lui verse... Je me demande ce que je fais là.
Le taxis fait visiblement forte impression. Certains n'hésitent pas à s'approcher pour y regarder de plus près, mais finissent par passer leur chemin. Il y a des femmes, des hommes, des personnes âgées, des enfants... une rue vivante somme toute. Mais quelle modestie comparé à mon riche quartier des expats !
Je me rends compte que je ne l'ai jamais vraiment quitté, que je n'ai jamais vraiment découvert toute la diversité de Bangkok...
Dior revient enfin, serrant une petite sacoche noire en bandoulière. Il me rejoint et la voiture redémarre. Il soupire d'aise, regardant autour de lui avec un émerveillement craintif.
« Tu vas voir, ça va être bien. » Je lui susurre tendrement.
Je crois que je commence vraiment à devenir gaga.
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Or rouge
General FictionJ'ai la gueule de bois. Je me retourne et vois la jolie créature à mes côtés. J'ai du goût pour les filles. Elle tourne la tête et se redresse. C'est un mec...