Chapitre 21

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     Il faut que je lui en parle. Il fait ce qu'il veut mais qu'il me lâche avec ça, je veux avoir la paix. Mais pas tout de suite. Faut pas qu'il risque de faire le lien avec la présence du « traducteur ».

     Alors j'attends, à quoi bon lui dire tout de suite ? Plus on laissera passer de temps, mieux ça vaudra. De toute façon,

     Toute la journée je rêvasse à la soirée qui m'attend avec Thong.

     La semaine est géniale. Je rentre et Thong me rejoins très vite, s'il ne m'attend pas déjà devant la porte d'entrée. Je lui ai bien proposé de laisser des affaires, mais il refuse toujours. En revanche il fait la cuisine et me montre des recettes « faciles ». Oui parce que moi, je n'ai jamais cuisiné... On sort aussi, pour se promener et acheter des trucs tous prêts si on n'a pas envie de se mettre aux fourneaux. Beaucoup de gens consomment de la street food et, jusqu'à présent, je n'ai jamais été malade.

     « Ah regarde Thong ! Les brochettes de bœuf ! Goûte-les je suis sûr que tu vas adorer ! »

     Je lui tends la brochette pour mettre le morceau de viande directement dans sa jolie bouche. Il se recule, jetant de petits regards autour de lui, visiblement gêné. Mais il me prend doucement la brochette des mains et goûte. Je suis surpris de sa réaction, mais je me souviens que sur la plage, seuls les touristes se comportaient de la sorte... Ai-je gaffé ?

     « Mmh ! Acquiesce-t-il, agrandissant ses beaux yeux. Oui très bon ! Merci Mike. Mais... Tu veux goûter quelque chose différent ?

     - Ouais ! Carrément ! Vas-y montre-moi !

     - Alors viens, viens ! »

     Il m'emmène dans une autre ruelle animée, bordée de stand de nourriture et de gargotes. Toute cette bouffe ! Thong cherche quelque chose du regard et se rend vers une vieille femme qui vend des petites fritures, couleur brun-doré, aux formes irrégulières. Il en achète une portion et par politesse, me tend le sachet. Pour m'encourager il en prend également entre ses doigts.

     « Goûte, goûte ! C'est bon ! »

     Il la porte à sa bouche et ça croustille. Rassuré je fais de même. Ce n'est pas mauvais, ça ressemble un peu à des... chips ! Avec un goût plus subtile.

     « Oui c'est bon ! Qu'est-ce que c'est ?

     - Des... in... insectes ? Demande-t-il d'un air incertain, mais malicieux.

     - Q-quoi ?! »

     Je regarde ce qu'il tient dans les mains... un gros tas de criquets grillés ! Je suis dégoûté.

     « Mike ! Ahah ! Tu dis que c'est bon !

     - Oui mais...

     - Alors c'est bon ! Regarde-moi ! »

     J'en prend encore un ou deux, pour lui faire plaisir. C'est vrai que ce n'est pas si mauvais... On termine la portion, mais il en mange plus que moi !

     « Et ça Mike ? Tu goûtes ?

     - Des... araignées grillées mmh ! Non merci ! Mais je t'en prends si tu veux.

     - Oui ! Juste une alors... »

     Je paye et on se régale tous les deux, lui en mangeant, moi en le regardant.

     Puis on reprend le chemin de l'appartement. Thong est beaucoup plus détendu depuis qu'il sait qu'il n'aura pas à repartir pour la nuit. Je me demande à quoi peut bien ressembler sa vie...

     Dans la pénombre de la soirée, on passe dans une rue plus tranquille, éclairée par les lampadaires. Je revois le petit chien famélique qui cherche désespérément sa pitance dans les ordures. J'ai un reste de brochette, je le lui tends. Va-t-il venir me manger dans la mains ? Curiosité presque malsaine...

     Il me regarde avec ses grands yeux noirs luisants et s'approche, craintif, tout doucement. J'essaie de lui parler d'une voix apaisante pour ne pas l'effrayer. Il est de plus en plus près. D'un coup, il avance furtivement la gueule et m'arrache littéralement la brochettes des mains avant de s'enfuir misérablement se repaître de son butin. Je suis choqué, c'est tout juste s'il ne m'a pas mordu !

     « Quelle ingratitude ! Ne me remercie pas voleur ! Je m'indigne, essayant de paraitre amusé.

     - Il a peur. Si tu es gentil et tu reviens souvent, il te connaît et il te fait confiance. Mais... la faim, ça rend méchant... »

     Thong avait soufflé cette phrase, de son air pensif et mélancolique, ne regardant même pas vraiment le chien.

Or rougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant