Chapitre 6: Distance.

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PDV Ethan :

Je jetais mes fringues dans un coin de ma chambre, après les avoir roulés en boule, puis je m'allongeais sur le lit, pensif. La chaleur de cette petite souris me manque déjà. Cette soirée avait été très agréable, plus que celles de ces dernières semaines, dont les conclusions étaient pourtant plus pimentées. C'était inquiétant. Le sang que j'avais consommé ces derniers jours me paraissait fade, aussi bien l'odeur que le goût. Et cela s'était confirmé tout au long de la soirée. Elle avait réussi à me faire oublier toutes les autres présences du périmètre, les éclipsant à chacun de ses gestes et autres sourires. Je l'avais mordu, comme affamé, désirant son sang... et son corps. Elle m'a plu. Putain. Je chassais cette dernière pensée. Et alors ? Tant mieux si elle savait faire autre chose que geindre, fuir ou afficher une expression déprimée et lassée en permanence. Je pouvais faire d'une pierre, deux coups à notre prochain égarement. Elle ne compte pas plus qu'une autre. Elle est mon calice, c'est normal que je n'y sois pas habitué. C'est éphémère. Une fois que j'aurais obtenu ce que je veux, je pourrais reprendre le contrôle total. Ou alors je dois prendre un peu de recul. J'avais besoin de m'aérer, loin de cette fille, de reprendre le dessus sur ce jeu de chat et souris bien ficelé. J'enfonçais ma tête dans mes oreillers. Penser n'était pas non plus dans mes habitudes, et s'en était assez.

PDV Mia :

Je m'éveillais alors que le soleil n'allait pas tarder à se coucher. Bientôt, nous n'allons plus nous croiser, mon splendide ami. Je m'étirais avant de m'asseoir en tailleur. Les événements d'hier repassaient lentement dans mon esprit et je n'y trouvais toujours pas d'explication rationnelle. Oh mais pourquoi je me prends la tête. Autant continuer sur cette lancée et laisser les choses se faire. Sur ses bonnes pensées, je filais prendre une douche. Une fois habillée d'un jean et d'un pull, j'allais m'abandonner à un peu de lecture quand je remarquais une douce mélodie s'élever dans tout le manoir. Comme envoûtée, je traversais le couloir des garçons pour remonter à l'origine de la volatile et mélancolique berceuse dont je reconnaissais l'air. Arrivée devant une porte près de l'endroit où j'avais, semble-t-il, perdue une part de mon humanité, j'entre-ouvrais la porte sans réfléchir. La complainte se suspendu. Une chaleur tropicale, mélange de sueur et de stress se dégageait de la pièce. Elle était relativement petite, par rapport à ma chambre. Un grand lit occupait l'espace et de nombreux débris et affaires diverses étaient éparpillés sur le sol, ne faisant que renforcer le sentiment d'oppression qui se dégageait de l'endroit. Enfin, dans un coin sombre, une silhouette aux prunelles orangées me fixait. Une voix fébrile, craintive, s'éleva.

??- Qu- qu'est-ce que tu fais ici ? Tu... devrais partir.

M- Je...

??- Je suis désolé... je suis dangereux, tu devrais partir...

Depuis que j'avais appris que j'aurais pu le croiser à tout moment, je m'étais imaginé de nombreux scénario de ma réaction face à Ivan. Je criais ou m'énervais dans la plupart, avant de m'enfuir en lui hurlant de ne plus m'approcher. Je m'attendais à ressentir de la colère, voire de la haine face à mon meurtrier. Mais, face à son ton terrorisé et hésitant, je n'arrivais pas à lui en vouloir. Et c'est moi qui suis venue le chercher, accessoirement.

M- Ivan, c'est ça ?

I- ... oui.

M- Ça fait longtemps que tu es enfermé ici ?

I- ...

M- Est-ce que tu es sorti au moins, depuis mon arrivée ?

I- ...

Mes yeux s'étant habitués à la pénombre, je distinguais un jeune homme, de mon âge, avachi sur un fauteuil. Il était d'une pâleur effrayante, et semblait avoir des traces de griffures et de bleus sur tout le corps. Ses traits étaient tirés, des cernes dessinaient ses orbites. Ses cheveux en bataille lui retombaient sur le visage. On aurait dit un animal sauvage, battu.

Tu m'appartiens.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant