Chapitre 18: Destin.

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PDV Mia:

???

Les yeux écarquillés, je fixais, dans la lumière d'un éclair, le garçon hagard qui se tenait devant moi. Ses longues mèches blondes, en bataille, tombaient de part et d'autre de ses épaules, lui couvrant partiellement le visage. Il portait des haillons, chemise et pantalon de soie déchirés, il était pieds nus. D'une pâleur extrême il me fixait lui aussi.

On aurait dit...

M- Vladimir ?!

Mais ce que je soupçonnais être un vampire, dû à la longueur de ses canines effilées, n'eut aucune réaction, se contentant de lever une main tremblante en ma direction. Je m'écartais précipitamment, affolée. Et sa main abaissa tout simplement la poignée.

Il entra dans le manoir, les yeux toujours vagues. J'osais enfin l'interpeller.

M- Vladimir ? Vladimir !

Rien, c'était comme s'il m'ignorais. Il se dirigeais à présent vers la cuisine. Je me mis à le suivre, prise d'un étrange pressentiment.

Au moment où Vladimir disparut dans le cellier, des bruits de pas provenant du salon m'interpellèrent. Je faisais désormais face à un homme, bon vivant, ayant la trentaine. Il portait un polo bleu marine, un jean et des baskets, les yeux fixés sur un tas de papiers qu'il tenait entre ses mains. Ne voulant pas lui provoquer un arrêt cardiaque, je cherchais une excuse, bafouillais :

M- B-bonjour monsieur, excusez-moi je-

Et il passa devant moi, sans m'adresser un regard. Je compris enfin : j'étais invisible à leur yeux. En détaillant le visage de l'homme qui venait de s'arrêter pour trier des papiers sur le meuble, quelque chose me frappa plus encore. Cet homme ressemblait... Non, cet homme était mon père.

Troublée, je me précipitais dans le cellier, cherchant à trouver ce qui semblait être un repère. En m'aventurant dans un long couloir bitumé, je le traversais brutalement. Et je fus aussitôt aveuglée par un flash de lumière.

Ouverture d'une porte. Une femme se retourne elle m'a vu! Un vampire est attaché par des sangles sur une table. Plusieurs instruments ensanglantés. Peur.

FLASH

La femme s'écroule, les yeux grands ouverts d'horreur. Qu'ai-je fait ?! Pas de pouls... elle est morte. Sortie précipitée de la pièce.

FLASH

Un homme me percute dans le couloir. Mes crocs me démangent sans que je ne le veuille. Confusion. Odeur de sang, rire rauque.

J'ouvris les yeux, ayant l'impression de sortir d'une longue apnée. Je mis quelques secondes à revenir à moi. Puis, la vague d'informations me revint en pleine tête. J'étais dans le corps de Vladimir ! Ces flashs... étaient des souvenirs ? Il-il aurait... Bon sang. Non, non, non...

Je sentis mes jambes se dérober sous moi, sous le choc. Vladimir a tué mes parents. Je percutais un carton. Cette fois, j'étais donc matérielle. Je me précipitais dans le hall. À nouveau la radio, à nouveau le refrain, à nouveau l'odeur de cuisine. Se pourrait-il que...

J'ouvris la porte, remarquant que j'étais tout bonnement passée à travers dans mon... mon apparition (?) précédente. À nouveau la pluie battante, à nouveau cet éclair fulgurant, à nouveau la silhouette de Vladimir. Mais, à l'étrécissement de ses billes noires, je sus qu'il me voyait.

Le temps semblait suspendu. La pluie fouettait mon visage, les souvenirs me submergeaient. Alors c'est ainsi qu'il eut ce manoir. Par la mort. Ah.

Il est beau l'aristocrate pacifiste.

Tu m'appartiens.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant