Damien Daffy / L'Hommage

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J'ai rencontré Damien pour la première fois dans un foyer d'hébergement, en juillet 2000.

Coup de foudre amical immédiat, on se voyait chaque jour dans nos chambres, pour se confier, mais aussi pour se marrer. J'ai toujours apprécié de te voir après mon travail, qui m'a réconforté.

Le jour où je suis parti du foyer, lorsque j'ai obtenu mon logement au centre ville de Bordeaux. Tu t'es senti mal, tu as cru que j'allais t'abandonner. Je t'ai fait la promesse de te revoir des qu'à ton tour tu sortiras du foyer.

Chose qui s'est produit en 2001, tu as eu la fierté d'avoir réussi à ton tour d'obtenir ton propre appartement, c'était tout ton premier, une grande fierté, alors que tu n'y croyais pas y arriver.

Avec notre parcours en commun, tu m'as proposé en février 2002, de rencontrer une association qui se nomme ATD Quart Monde, et nous étions devenus par dessus en plus des collègues militants contre la misère. Nous nous sommes battus cote à cote.

J'ai un souvenir mémorable avec toi, lorsque ATD nous a envoyé en Belgique en mai 2002, et que tu as eu un courage immense d'affronter tes peurs, en te lançant un défi, celui de lire un poème devant une centaine de personnes, ce poème qui se nommait : "Les Victimes de la Misère".

À la fin du poème, tout le monde t'applaudissait, et l'émotion t'a envahi. Nous pouvons revoir ce moment intense grâce à la vidéos ci dessous :

Depuis ce jour, la confiance en toi a pris le dessus, et tu as continué à extérioriser tes sentiments à travers tes poèmes. Cela peut être des poèmes d'amour, de joie, mais aussi beaucoup de souffrances en toi que tu avais besoin d'extérioriser et exprimer.

Le 17 Octobre 2002, journée contre la misère, tu t'es lancé un nouveau défi : en premier lire tes poèmes dans les radios locales (auquel j'en ai été témoin). Puis ensuite au grand public à Bordeaux. La population t'a écouté et t'a compris.

En 2003, nous avons choisi tous les deux de nous lancer un nouveau défi, celui de rentrer dans le journal d'ATD, pour exprimer autrement notre parcours.

De ton côté, tu continuais à t'exprimer avec tes poèmes, et les numéros suivants du journal comportaient tes poèmes. Des poèmes qui sont diffusés désormais dans toute la région Aquitaine (car c'est un journal régional) et non plus uniquement à Bordeaux.

Tu avais ce besoin de transmettre tes poèmes, ce besoin fort et puissant qu'on comprenne tes souffrances, et ce que tu as vécu, par tes poèmes.

Plus personnellement, on se voyait aussi souvent chez nous. Et petit à petit j'ai découvert d'autres souffrances chez toi, que tu gardais beaucoup en toi, mais tu as eu confiance en moi pour en parler.

Le fait que tu n'arrivais pas à trouver une compagne dans ta vie, est l'une de tes plus terribles souffrances. Tu te disais que c'est de ta faute, ou parce que tu es moche.

J'ai tout fait en retour pour te rassurer que tu n'es pas responsable des comportements des autres. Tu as quand même réussi à trouver la force en toi pour t'en faire une raison.

Mais je l'avoue, tu n'as pas mérité non plus de ne pas vivre une histoire d'amour, j'aurai préféré que tu le vives au minimum une fois, cela s'est malheureusement jamais produit.

Tu avais quand même pour compagnie tes deux animaux, ta chienne Nora et ton chat Pralinou. Et que tu m'as donné ta confiance pour m'en occuper pendant tes absences.

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