Leigh avait horreur des mondanités. Elle se sentait bien mieux dans le creux de sa couette ou assise à son bureau, dans le petit appartement qu'elle partageait avec ses sœurs et sa mère. Ce soir-là pourtant elle avait fait un effort, pour ses beaux-parents. Parce que Thomas lui avait dit que ça leur ferait plaisir de la voir. Elle n'en avait aucune certitude.
Aucun des deux ne lui avait adressé ne serait-ce qu'un regard depuis le début de la soirée, voguant entre leurs invités. Même Thomas avait disparu parmi le Tout-Paris rassemblé dans le salon des Chesnay.
Leigh avait saisi une coupe de champagne au vol lors du passage d'un serveur, plus pour se donner une contenance que par réelle intention de la boire, et elle se tenait maintenant debout, seule, au centre de la pièce avec son verre à la main.
Elle se sentait ridicule, et pourtant personne ne faisait attention à elle. Elle se sentait aussi vide, elle qui était souvent caractérisée par sa bonne humeur. Elle frissonna à cause du léger courant d'air déclenché par le passage au pas de course des serveurs autour d'elle, tourbillonnant avec les amuse-gueules sur un plateau d'argent. Elle aurait été bien incapable d'en attraper un seul, d'ailleurs le personnel semblait avoir intégré l'idée qu'il n'était pas nécessaire de lui en proposer.
Si elle avait été un tout petit peu plus courageuse, elle aurait glissé un mot à l'un d'eux pour signifier qu'elle n'était ni transparente, ni persona non grata. Mais Leigh n'était pas ce genre-là. Alors elle fit un simple pas de côté pour s'éloigner du centre de la pièce et s'adosser à un mur, le plus discrètement possible.
De là, elle saisissait des bribes de conversations diverses, on parlait politique, travail et placements en bourse. Rien qu'elle ne maîtrise parfaitement, et rien qu'elle soit incapable de saisir non plus. Leigh songea qu'elle aurait pu faire partie de ces conversations si elle s'était glissée auprès d'eux quelques minutes plus tôt. Mais elle avait eu une telle peur du rejet qu'elle avait préféré rester à l'écart, comme toujours.
Leigh observait aussi son fiancé du coin de l'œil. Il discutait avec entrain en compagnie d'amis de son père. Elle ne ferait jamais partie de leur monde, à cause de cette façon qu'elle avait d'abhorrer la manipulation et les techniques calculatrices, phénomènes qui gangrenaient l'entourage du jeune homme.
Thomas partit dans un éclat de rire, et lorsqu'il reprit son souffle il croisa le regard de sa fiancée. Il s'excusa auprès de ses interlocuteurs et traversa le salon pour la rejoindre.
- Tu devrais te mêler aux discussions, tu vas t'ennuyer à mourir sinon...
Thomas entraîna finalement sa fiancée vers ses parents qui étaient en pleine conversation avec un homme que Leigh ne connaissait pas. Il était en surpoids, proche de la cinquantaine, il avait fait une petite tâche de gras sur sa chemise blanche. Son rire tonitruant s'éleva tandis que les deux jeunes gens arrivaient à sa hauteur, et il s'arrêta pour leur serrer la main avec un sourire de convenance sans même attendre de savoir à qui il s'adressait.
Nicole Chesnay s'empressa de faire les présentations.
- Monsieur De Vaillac, vous ne connaissez pas encore mon fils, Thomas, ainsi que Leigh, sa fiancée. Vous deux, voici Raymond De Vaillac, il dirige actuellement les assurances NRF, vous avez sûrement entendu parler de lui.
Leigh hocha la tête poliment et sourit, incapable de savoir si oui ou non, le nom de cet homme lui était familier. La gêne revenait à grands pas au milieu de cette conversation où Leigh n'avait rien à faire. Elle redoutait par-dessus tout de finir par ressembler à sa belle-mère, qui restait sagement plantée à côté de son mari en attendant qu'on l'autorise à se mêler de la conversation.
VOUS LISEZ
Éblouissante [gxg]
RomanceAnja Marenger a tout pour plaire. Elle est riche, célèbre et d'une beauté à tomber. Dès leur première rencontre, Leigh est subjuguée par l'aura de cette femme, alors même que son entourage la met en garde : Anja n'a de loyauté qu'envers elle-même et...