Éblouissante [gxg]

dix-huit (2)

Leigh regarda Anja s'éloigner et disparaître au détour du couloir. Elle eut un haut-le-cœur et s'appuya contre le mur derrière elle pour tenter de retrouver son sang-froid. 

Pourquoi les choses finissaient-elle toujours par dégénérer avec Anja ? Et pourquoi avait-il fallu qu'elles dégénèrent à cet instant précis ? 

Leigh venait à peine de se remettre de la grande révélation qu'elle s'était faite à elle-même moins d'une heure plus tôt, et Anja la lui avait renvoyée en pleine figure. Sans le savoir, il est vrai, mais ça ne faisait pas moins mal pour autant. 

Leigh secoua la tête, elle avait besoin de réfléchir. Ou plutôt non. Elle avait besoin de rentrer chez elle et dormir. Elle réfléchirait demain.

Elle réussit finalement à retrouver son chemin et passa rapidement par le vestiaire pour récupérer son manteau avant de quitter la soirée, le cœur lourd. Elle ne voulait voir personne, seulement fuir cette ambiance décidément trop festive pour son humeur et disparaître dans la nuit.

Lorsqu'elle retrouva enfin l'air libre, le froid la saisit brusquement. 

- Te voilà enfin.

C'était Thomas. Il l'avait attendue devant le musée tout ce temps. Cette soirée prenait décidément une tournure bien ironique. 

- Je n'ai pas la force de discuter là maintenant.

- Il faut pourtant qu'on en parle.

- Tu as dépassé toutes les limites possibles et imaginables, je n'arrive même pas à te regarder. Je ne sais pas si tu te rends compte de ce que tu lui as dit.

- Tu ne comprends pas que c'est ce qu'elle voulait ? Me pousser à bout pour que je réagisse et que tu prennes sa défense !

- Tu te fous de moi ? se retourna brusquement la jeune femme. C'est elle qui a pris ma défense face à toi ! Tu as été lucide deux jours à son sujet et tu repars à nouveau dans tes délires de persécution... 

- Cette femme nous fait beaucoup de mal à tous les deux Leigh, mais tu es trop aveuglée pour t'en rendre compte.

- C'est toi qui lui fais du mal, qui me fais du mal par la même occasion. Tu n'as toujours pas compris que chaque fois que tu t'en prends à elle, je souffre aussi ?

- Tu ne devrais pas. Je ne comprends pas pourquoi tu t'attaches autant à elle au point de souffrir en même temps qu'elle. Quand je te dis que c'est malsain.

- Arrête de me faire passer pour une folle. Si on t'écoute Anja est une grande psychopathe et moi je suis le pauvre agneau atteint du syndrome de Stockholm. J'en ai marre d'avoir toujours la même discussion avec toi.

Leigh lui tourna le dos et s'éloigna d'un bon pas.

- Je crois qu'on devrait faire une pause Leigh, cria-t-il dans la rue pavée. Se séparer quelques temps toi et moi.

La phrase résonna dans la tête de la jeune femme, répétée par un millier d'échos, et Leigh se retourna pour fixer son fiancé d'un regard vide. Dire qu'une heure avant elle se serait empressée de dire oui. Mais actuellement c'était le dernier de ses soucis. 

Thomas attendait visiblement une réponse et Leigh dut faire un effort colossal pour produire une phrase cohérente :

- Si tu veux.

Elle avait réussi à retenir un "je m'en fous" venu du cœur qui aurait probablement détruit tout ce qui restait de leur relation.

- Si je veux ? C'est tout ce que tu as à dire ?