Chapitre 24 : Démons

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Le trajet en direction du toit se fait dans un silence pesant. Je préfère me dire que comme nous sommes censés dormir, il vaut mieux éviter de se faire repérer en parlant, mais je sais bien que ce n'est qu'une excuse de ma part. Il va falloir trouver rapidement un moyen de gagner du temps tout en évitant d'éveiller tout soupçon chez lui, ce qui est quasiment impossible avec ce blond démoniaque, qui semble lire en moi comme dans un livre ouvert.

Je tente de mémoriser le chemin pour pouvoir m'y rendre seule la prochaine fois, cela peut toujours m'être utile. J'ai toujours eu une mémoire photographique, alors j'arrive à retrouver assez aisément les chemins que j'ai déjà parcouru.

Au détour d'un couloir, nous débouchons face à une impasse composée d'un grand mur blanc. Cela ne semble pas pour autant arrêter le blond, qui longe ce dernier jusqu'à poser sa main dans un coin. Il tâtonne quelques secondes avant de pousser un petit cri de triomphe. Une porte jusque-là invisible s'ouvre et avale mon ami.

Il ne me reste qu'à le suivre et je m'engouffre à mon tour dans les ténèbres. Mes yeux peinent à s'habituer à la pénombre environnante tandis que mon cœur commence à s'emballer. Je déteste ne rien pouvoir voir.

C'est dans ces moments que les vieux démons se réveillent...

Des images que j'aurais préféré oublier me reviennent par flash tandis que ma respiration s'accélère, devenant rapidement chaotique.

Une douce chaleur envahit mon esprit, tentant tant bien que mal de m'apaiser. Mais cela n'a pas l'effet escompté et la panique finit de s'emparer de moi.

Ce n'est que lorsque je vois une flamme timide déchirer l'obscurité que je parviens à reprendre mes esprits. Mon corps est toujours tétanisé, mais j'ai au moins le contrôle de mes pensées, c'est un bon début. Sans que je m'en rende compte, des bras enserrent mes épaules, réchauffant légèrement mon corps tremblant.

- Calme toi Ambre, tout va bien. Respire un grand coup et essaye de te relever.

J'obtempère sans réfléchir et parviens à me redresser, non sans l'aide de mon ami, qui ne m'a toujours pas lâché.

Lorsque je reprends finalement mes esprits, nous sommes adossés contre un mur, dans notre refuge habituel. Son bras gauche entoure ma taille tandis que ma tête repose contre son épaule.

En plus de me sentir en sécurité, cela m'évite d'avoir à faire face à son regard transperçant. Il y a des choses que je préfère garder pour moi.

- Je suppose que tu ne vas pas me parler de ce qu'il vient de se passer.

Je me contente de secouer la tête contre lui, encore trop perturbée pour parler.

- C'est la première fois que je te voyais autant désemparée, autant... faible.

Sa voix n'était qu'un murmure, il devait sûrement se parler à lui-même, mais cette phrase me fait l'effet d'un coup de couteau.

C'est vrai que je n'avais pas été aussi vulnérable depuis un moment. Je m'étais pourtant promis de ne plus jamais me laisser engloutir par les souvenirs, aussi flous soient-ils. J'avais presque oublié ce que c'était que de perdre autant ses moyens, au point d'en être paralysée.

Une voix résonne dans ma tête, coupant court à cette conversation à sens unique.

« Ça me fait mal de l'avouer, mais je dois te donner raison sur ce coup-là. Il semble plutôt digne de confiance. Mais ça n'empêche que je trouve que ce sont des risques inutiles que tu t'apprêtes à prendre. »

Pacte avec l'AbysseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant