Chapitre 1

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28 mars.

Une grande maison presque vide. Pas d'enfants, pas de télévision ou autre appareil numérique allumé. En revanche, pratiquement toutes les pièces sont dans un désordre impensable. Les coussins campent désormais sur le sol, certains bibelots et cadres photos ont été projeté en dehors de leur place habituel. Ce domicile n'a jamais été dans un tel foutoir. D'ordinaire, la demeure est nettoyée, rangée et impeccable, comme à la télévision, dans les séries où les personnages principaux vivent dans un lieu sans aucun défaut, toujours parfaitement ordonnée et c'est exactement ce qu'il se passe dans cette maison. Bien que la maison semble déserte, deux personnes sont en train de se disputer. Deux personnes qui réveillent ce logement. Une dispute qui n'a rien d'être joyeuse, remplie de haine, de colère et de dégoût. Des cris, des larmes, des coups qui se perdent. Une violence surgit chez l'une de ses deux personnes. Une violence plus intense que la deuxième. Une grande colère remplie son cœur. Ses yeux en disent long. Les murs tremblent en écoutant de telles insultes, n'ayant pas pour habitude d'entendre ce genre de menaces.

- Ne me touche pas ! S'exclame l'une des deux personnes.

- Je peux au moins m'expliquer, réponds l'autre.

Pendant un court instant, la dispute s'était apaisée mais il a fallu un geste, des paroles pour que tout recommence, pour que cette tension apparaisse à nouveau, créant de nouveaux conflits. Des conflits qui ne diminuent pas, qui augmentent au fil des minutes. Les deux personnes savent qu'il serait préférable d'arrêter, de mettre fin à cette dispute afin d'y voir plus clair, afin de ne pas aller plus loin que ça ne l'est actuellement mais les deux personnes continuent, voulant avoir le dernier mot. Le dialogue n'a plus lieu. Personne n'écoute l'autre. Personne n'entend ce que l'autre déclare. Le plus important pour eux est d'annoncer ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent, ce qu'ils veulent.

- Tu me dégoûtes !

La voix résonne dans toute la maison. Pris de colère, l'inconnu furieux pousse la jeune femme. Perdant totalement l'équilibre, elle recule petit à petit, manquant la marche en haut de l'escalier et dégringole jusqu'en bas en un quart de seconde. Le corps de la jeune femme est allongée sur le parquet, ne bougeant pas le moindre centimètre. L'individu reste debout, en haut de l'escalier pendant une minute. Une minute qui semble durer un plus longtemps, comme si l'information n'était pas encore arrivé jusqu'au cerveau.

- Margot ? Finit par dire l'inconnu.

Descendant les marches rapidement, ses doigts contrôlent le pouls. Rien. Le contrôle se fait plusieurs fois, pensant peut-être ne pas être doué pour ça, mal faire les choses mais au fond, le mystérieux inconnu comprend parfaitement la vérité. Cela ne l'empêche pas de secouer le corps légèrement, puis un peu plus fort, comme pour la réveiller d'un sommeil profond. Aucune réaction. Cette même personne passe sa main dans les cheveux de la victime, voulant savoir si son sang s'échappe de son crâne. Rien. Son crâne ne s'est pas fêlé, comprenant aussitôt que lors de sa chute, son bulbe rachidien n'a pas supporté un tel choc. Brisé en un seul coup.

- Margot, réponds-moi.

Toujours aucune réponse. Margot ne dira plus jamais le moindre mot mais secrètement, le meurtrier espère une réponse, un geste, même un coup, des insultes. N'importe quoi mais quelque chose qui lui permettrait de comprendre que Margot est toujours vivante. Mais le corps de Margot est vide, sans vie. Son cœur n'émet plus aucun battement. Ses yeux sont grands ouverts, sans la moindre expression, ne clignotant plus. L'inconnu ne pensait pas que cette altercation allait se transformer en meurtre. Les deux personnes voulaient simplement s'expliquer, avoir des réponses aux questions posées, avoir des détails sur certains points et peut-être même pour reprendre une vie normalement, comme avant, comme si il n'y avait jamais eu de disputes. Accidentel ou volontaire, là n'est pas la question. Un cadavre est dans cette maison. Margot n'a rien senti. Elle n'a pas eu le temps d'avoir mal, ni le temps de pleurer. La mort lui est arrivée en une fraction de seconde.  

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant