De nombreux jours ont passé. Tout se passe pour le mieux dans notre vie. Le bébé commence tout doucement à prendre de la place. Je n'ai pas encore un ventre rond mais je ressens qu'il a légèrement gonflé. Cela ne se voit pas à l'œil nu mais me voyant tous les jours, connaissant parfaitement mon corps, je le remarque plus que les autres. Antoine commence à devenir gaga de ce bébé alors qu'il n'est même pas encore arrivé dans ce monde. Pire que ça, je n'ai même pas fini le plus trimestre. Il a même écrit une liste de prénom pour chaque sexe, ce qui est un peu précipité mais je le trouve mignon à être comme ça. J'ai l'impression qu'il va être un véritable papa poule. J'ai vraiment hâte de le voir s'occuper de cet enfant. Je suis complètement sûre qu'il s'en occupera à merveille. Il va être un bon père, c'est plus qu'évident. Il a voulu acheter un doudou ou des vêtements unisexe mais j'ai préféré qu'il ne fasse aucun achat. Le premier trimestre n'est pas encore passé et en tant que médecin, je sais pleinement qu'il est possible de faire une fausse couche. Je ne voudrais pas m'avancer trop vite. Je veux être prudente. Heureusement, Antoine est compréhensible et trouve même que j'ai raison. Nous commencerons les premiers achats dès les quatre mois. Dès qu'il y aura moins de risque de fausse couche. J'ai si peur que cela se produise. Des fausses couches, j'en vois très souvent à l'hôpital. Toutes ses femmes qui perdent leur bébé me brisent le cœur. Je sais à quel point c'est difficile. C'est pourquoi je fais tout pour être prudente.
- Rien d'autres ? Me demande l'une des infirmières.
- Non. Rien d'autres, à part Madame Ronpoint qui n'en fait qu'à sa tête.
- On va essayer de la calmer. Si il faut monter le ton pour qu'elle comprenne qu'il ne faut pas qu'elle marche pendant quelques temps si elle veut que son genou se rétabli, on le fera.
- Si seulement elle pouvait comprendre.
- Si elle veut pouvoir gambader sur la plage, il va falloir qu'elle comprenne.
Je rigole face à sa blague et prends mes affaires en souhaitant bon courage à mes collègues. Certains patients ne veulent en faire qu'à leur tête mais ils ne comprennent pas que si nous leur interdisons certaines choses, c'est uniquement pour leur bien. Malheureusement, il existe des patients un peu rebelles mais avec un peu de fermeté, la plupart accepte les règles.
Je décide d'aller faire un petit tour au marché afin de faire quelques courses. Je ne voudrais pas avoir à ressortir tout à l'heure, voulant profiter de ma sieste et la suite de ma journée. Vu l'heure qu'il est, je suis pratiquement seule sur le marché. Quelques vieux sont déjà présents, prêt à faire leur sortie de la semaine. Je ne comprends pas comment ils font pour être au petit matin debout, déjà préparé, à se balader comme ils le font. Je sais que beaucoup n'arrivent pas à dormir et préfèrent sortir plutôt que de tourner en rond, rester dans leur lit à ne rien faire mais à leur place, je profiterai sûrement de mon lit, du sommeil en moins que j'ai accumulé et que je vais accumuler pendant toutes ses années. Ou peut-être que je serais comme eux, voulant essayer de m'occuper d'une longue journée sans objectif précis. Les commerçants sont de bonne humeur, même à 7h30 passé. Je fais le tour tranquillement, tout en essayant malgré tout de me dépêcher afin d'aller dormir, voulant finir ma nuit. Le panier rempli, je suis sur le chemin du retour. Tout est calme, paisible. Les passants dorment encore ou sont sur le point de partir au travail pour certains. Un cri résonne non loin de cette rue. Un cri d'une femme. Je m'imagine tout de suite au pire, pensant à une agression, physique ou sexuelle. Le cri n'était pas un cri joyeux. C'était un cri de douleur, un cri triste, d'appel à l'aide. Je me précipite, cherchant où la femme se trouve, allant dans les petites ruelles. Je m'arrête brusquement lorsque je vois Margot avec un homme. Un homme bien plus âgé qu'elle, au moins la quarantaine. Cigarette à la bouche, les cheveux qui lui restent sur le crâne sont plaqués en arrière avec du gel, habillé d'un costard, sûrement coûteux. Son visage ne me dit rien de bon. Je ressens de la méchanceté en lui. C'est comme dans les dessins animés où nous savons dès le début qui est le méchant dans l'histoire à cause de sa tête. Là, c'est exactement la même chose. Les traits de son visage le durcit, le rendant agressif. Margot a l'air paniqué, comme si elle avait peur de lui, peur de ce qu'il peut dire. Je suis loin, n'attendant pas vraiment ce qu'ils se disent mais si ils crient, je peux comprendre des morceaux de phrases, des bouts de la conversation. Ce n'est pas très clair mais je ne peux pas m'approcher, je risquerai de me faire repérer.

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Pardonne-moi.
FanfictionManon Maltais. Antoine Griezmann. Margot Maltais. Deux sœurs jumelles que tout oppose.