Deux jours. Deux jours ont passé depuis la révélation et Manon ne s'est toujours pas dénoncé. Le jeune footballeur est heureux, ne voulant réellement pas voir sa copine derrière les barreaux. Il essaie, tant bien que mal, de lui accorder toutes les intentions du monde, de lui offrir des moments uniques, de lui donner du temps afin qu'elle comprenne qu'elle n'est pas toute seule, qu'il est là, qu'il ne veut que son bien et même si un terrible drame est parvenu, ils peuvent vivre ensemble et correctement. Antoine sait qu'il sera difficile pour Manon d'accepter d'être en liberté, d'accepter son crime et de vivre comme si rien n'avait eu lieu mais il sait également qu'avec le temps, tout sera plus simple. Il est persuadé qu'ils vont pouvoir revivre naturellement, comme si tout ceci n'avait pas eu lieu. Manon regarde énormément de téléfilms où les personnages sont capables de cohabiter avec ce genre de secret, Antoine se répète souvent qu'elle finira par faire la même chose.
Le jeune sportif rentre de son entraînement et s'apprête à proposer à sa copine une après-midi au bord de l'eau, dans un endroit un peu secret où les passants se font extrêmement rare, où la tranquillité est au rendez-vous. Là-bas, ils pourront passer du temps entre amoureux, ils pourront profiter, rêver de leur vie future, s'imaginer leurs prochaines vacances, leur prochain restaurant. Malheureusement, Antoine a beau crier son prénom, il a beau cherché dans toutes les pièces de leur maison, elle est introuvable. Son premier réflexe : l'appeler. Une dizaine de fois, lui laissant à chaque fois un message vocal. Il commence à paniquer, se demandant où elle pouvait être, s'imaginant aussitôt le pire. C'est seulement lorsqu'il s'assoit sur le canapé qu'il voit une lettre posée sur la table basse. Il la regarde quelques secondes, sans la prendre. Les battements de son cœur s'accélère. Il n'est pas stupide, il sait que cette lettre provient de Manon. Il se laisse du temps, laissant passer un court instant, voulant avaler cette nouvelle avant de découvrir ce que contient celle-ci.
- Il faut la lire, souffle un bout coup Antoine.
Les mains tremblantes, il prend la lettre et l'ouvre enfin.
Antoine,
Il faut que tu saches que je t'aime. Je t'aime vraiment. Je t'aime comme ce n'est pas permis. Je t'aime pour ce que tu es, pour ce que tu étais. Je t'aime pour tout et je t'aime plus que tu ne peux le penser. Tu as été mon tout premier amour. Celui avec qui on grandit. Celui avec qui on imaginait vieillir tout au long de sa vie. J'y ai cru tu sais. J'ai cru dur comme fer que tu étais l'homme de ma vie, que tu serais l'homme avec qui j'allais me marier, l'homme avec qui j'allais fonder ma famille, l'homme avec qui j'allais finir. À l'heure d'aujourd'hui, mon amour pour toi a changé. Il n'est plus comme avant. Il est différent. Je ne t'aime pas comme une adolescente qui découvre son premier amour. Je t'aime comme une femme peut aimer un homme. Je t'aime d'une manière si forte. Je t'aime d'une puissance à couper le souffle. Pour toi, j'aurais fait n'importe quoi. Pour toi, j'aurais pu décrocher la lune et l'au-delà. J'aurais pu t'accorder tout mon temps, toute mon énergie pour te garder auprès de moi, pour rester toute ma vie à tes côtés. Si tu savais Antoine. Si tu savais comme je t'aime. Nous aurions pu être heureux. Bien plus que nous pouvons le penser. Nous aurions pu avoir des enfants, nous marier, voir grandir nos petits enfants. Nous aurions pu réaliser de grandes choses ensemble. Nous aurions pu réaliser nos rêves et bien plus. Malheureusement, j'ai commis une grave erreur. Tu sais de quoi je parle. J'ai commis un acte grave, un acte qui me suivra toute ma vie. Je regrette. Je regrette tellement. Ce n'était pas ce que je souhaitais. Je voudrais revenir en arrière. Je voudrais retrouver ma sœur, pouvoir la serrer dans mes bras, sentir son corps, entendre sa voix. J'aimerais lui dire comme je l'aime, comme je tiens à elle mais c'est impossible. Elle n'est plus là. Elle ne sera plus jamais là par ma faute. J'ai honte de moi. Je me dégoûte. Je ne sais même pas comment j'ai pu faire pour vivre autant de temps avec ce secret, avec ce mensonge. Probablement parce que j'étais malheureuse. La tristesse a dû prendre le dessus, camouflant mon cœur brisé, cachant mon mal-être. Je t'ai tout avoué. Je t'ai tout avoué, ne pouvant plus garder ça pour moi, ne pouvant plus faire semblant. Je me sentais plus moi. Je me sentais perdue, fausse. J'avais l'impression de jouer un rôle mais qui suis-je pour masquer ma véritable identité ? Je ne suis personne. Je dois assumer mes actes. Je les ai commise et j'aurais beau regretter, pleurer, hurler, rien ne changera. J'ai voulu t'écouter. J'ai voulu suivre ce que tu voulais mais c'est plus fort que moi. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. Tu mérites tellement mieux Antoine. Tu mérites quelqu'un de tellement meilleure que moi. Tu mérites de vivre une vie plus simple, plus douce. Depuis ce qu'il s'est passé, je ne suis plus la même et les jours auront beau passer, rien ne changera. Je n'accepterai jamais ce que j'ai commis. Je n'accepterai jamais de vivre avec ceci sur la conscience. J'ai essayé. Je n'ai pas réussi. Je veux pouvoir me reconstruire. Je veux pouvoir essayer de me regarder dans une glace le matin et pour ça, je dois assumer.
Je suis désolée Antoine. Désolée de ne pas être la femme que tu aurais voulu que je sois. Désolée de te décevoir, d'être ainsi, d'avoir commis un crime. Désolée pour tout. À travers cette lettre, je souhaite que tu comprennes tout l'amour que je te porte. Cet amour est immense. Je sais que je t'aimerais toujours. Toute ma vie, jusqu'à ma mort. Je serais incapable d'aimer un autre homme que toi mais je me vois dans l'obligation de mettre fin à cette relation qui pourtant, me plaisait tant. Il est temps pour toi de trouver une autre femme, de tourner la page sur ce long chapitre de ta vie. Tu ne pourras en ressortir que meilleur.
Au moment où tu liras cette lettre, je serais au commissariat, expliquant ce que j'ai fait. Je ne reculerai pas. Je veux être jugé pour ça, je veux être condamnée, je veux payer. Je ne mérite pas d'être en liberté. Il est normal d'être derrière les barreaux. Je me mets à la place de toutes ses personnes qui ont perdu un proche, ils souhaitent tous voir le meurtrier en prison afin de pouvoir débuter le long chemin du deuil. Pour Margot, c'est exactement la même chose. Si une autre personne l'aurait tué, j'aurais voulu que cette personne soit jugé. Cette personne, c'est moi. Je mérite donc d'être jugé pour ça. Il n'y a uniquement comme ça que je pourrais me sentir mieux.
Je t'aime Antoine. Je t'aime passionnément.

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Pardonne-moi.
FanfictionManon Maltais. Antoine Griezmann. Margot Maltais. Deux sœurs jumelles que tout oppose.