Chapitre 23

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 Les jours ont passé et malheureusement pour moi, les séances avec Marta, la psychologue, n'ont pas eu l'effet escompté. Je pensais réellement aller mieux avec le temps, pensant oublier ou accepter les tragédies mais ce n'est visiblement pas le cas. J'aurais pu. J'aurais pu aller mieux, j'aurais pu enlever tout l'énorme poids que j'ai un moi, que je supporte depuis le décès de Margot, suivi du décès de mon bébé. Il y a toujours un mot, une pensée pour cet horreur, pour me rappeler ce que j'ai vécu, ce que j'ai vu. Je n'arrive pas à vivre avec ça. Je n'arrive plus à vivre correctement. Je suis à bout de forme et j'ai beau user de toute ma volonté, je ne tourne pas la page. Le chapitre est toujours le même, l'histoire également. Comment pourrais-je passer à autre chose ? Comment pourrais-je penser à mon avenir ? Je ne peux pas. Chaque jour, j'y pense un peu plus. Chaque jour, je me dis que ma vie est horrible, que je ne mérite tout simplement pas d'exister. Je me sens sale, me lavant pourtant tous les jours, parfois jusqu'à trois douches, pensant mon corps crasseux, comme si il était rempli de boue. J'ai essayé de vivre, reprenant ma vie comme je l'avais arrêté avant ses drames mais je ne peux plus. Les mensonges me pourrissent toute mon existence, ne sachant plus quoi faire, plus quoi dire pour ne pas que quiconque découvre la vérité. Je pleure, chaque soir, me cachant de l'homme que j'aime. Je n'arrive plus à me regarder dans le miroir parce que mon reflet me dégoûte. Comment peut-on aimer une femme comme moi ? Comment est-il possible d'admirer ? De me contempler et de me chérir chaque jour alors qu'en réalité, je ne mérite rien de tout cela. Je ne mérite même pas la moindre petite attention. Je mérite de finir dans une déchetterie, au milieu des ordres, même si de simples déchets sont moins crasseux que ma propre personne. Je n'arrive plus à rien. Je ne peux plus avancer. J'ai réfléchi, sûrement trop même, à comprendre mon histoire, à accepter cette nouvelle vie, à mentir sur mes intentions mais j'ai atteint mes limites, allant même au dessus d'elles. Ma vie doit s'arrêter dès à présent, refusant catégoriquement de la continuer dans de telles conditions. Des souffrances psychologiques. Des mensonges. Des images ne cessant de défiler dans ma tête. Jamais je ne pourrais oublier. Jamais je ne pourrais vivre normalement parce qu'une vie simple n'existe plus, parce qu'une vie mensongère n'a plus lieu d'être. Antoine devrait vivre avec une femme correcte. Une femme qui ne lui ment pas comme je l'ai fait pendant plusieurs jours, plusieurs semaines. Il a besoin d'une femme belle, d'une femme digne de lui. Il a besoin d'avoir une bonne personne à ses côtés. Une personne sans aucun secret, sans aucun mensonge. Il doit pouvoir avoir confiance les yeux fermés, comme si nous faisions un test d'équilibre où l'une des deux personnes est censée la rattraper lorsqu'elle tombe. Il ne doit pas ouvrir les yeux à ce moment-là. Ici, c'est la même chose. Il ne doit pas douter. Il a besoin d'être avec une femme normale, une femme souriante, aimante. Je ne suis pas celle qui lui faut. Je ne suis pas la bonne personne. Je suis une personne incapable d'être sur le droit chemin. Je lui ai menti. J'ai osé mentir à l'homme que j'aime, à cet homme si doux, si pur. À cet homme qui m'a tant aimé. À cet homme qui m'a tant donné. Il m'a accordé toute sa confiance, tout son amour et à aucun moment, il n'a douté de moi. Si seulement il savait la personne horrible que je suis. Si seulement il me voyait telle que je suis réellement. J'ai les mains sales. Je suis sale. Les larmes coulent de plus en plus, étant mal un peu plus à chaque seconde passée. Lorsqu'Antoine rentre, il s'arrête brusquement, me voyant sur le sol, pleurant toutes les larmes de mon corps. Il s'avance à toute vitesse sur moi, pensant à une nouvelle crise de ma part, pensant que le chemin vers la guérison que j'ai pu parcourir jusque là est en chute libre. Quand ses mains se posent sur mes bras, je sursaute aussitôt, le repoussant dans la seconde qui suit, refusant tout contact avec lui. Comment pourrais-je avoir envie de tendresse avec lui ? Comment pourrais-je le laisser me réconforter alors que je ne le mérite pas ? Je ne peux pas. Je ne mérite aucune attention, aucun geste de tendresse, aucun geste de réconfort. Rien. Je mérite d'être laissé sur le côté, d'être à l'écart, sans amour, sans rien recevoir.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant