Chapitre 25

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 Le cœur serré, j'observe le commissariat, respirant bien fort, comme pour me donner du courage. Je sais qu'en entrant dans cet établissement, ma vie changera à tout jamais. Je me demande encore si c'est une bonne idée de détruire ma carrière, mon histoire d'amour et ma vie toute entière mais cette pensée disparaît rapidement. Il est évident que jamais je ne pourrais regretter ce choix. C'est la meilleure solution. Comment vivre en liberté tout en sachant qui a commis ce crime ? Je ne peux tout simplement pas. J'ai besoin d'être jugé, d'être reconnu coupable pour aller mieux, pour me reconstruire. Je penserais à tout jamais à cet acte. Ses images ne cesseront jamais de me traverser l'esprit et je ne pourrais plus jamais regarder mon reflet de la même façon mais je préfère m'observer en ayant été jugé pour mon acte plutôt qu'en vivant une vie tranquillement. Je sais que cette étape est importante pour mon deuil. Je ne pourrais jamais le faire en étant dehors. Je sais à présent que je ne suis pas une personne bien, je suis une mauvaise personne mais je me dis qu'il doit probablement exister des criminels en liberté, sans scrupules, restant dehors afin de ne jamais être jugé. Je sais qu'au fond, j'aurais pu continuer ma vie. Les policiers sont tellement focalisés sur son mac, qu'ils n'ont envie que d'une chose : le coincer et peu importe si ce n'est pas lui le véritable coupable mais je ne peux pas les laisser faire. Cet homme commet des actes graves, à ne pas nier mais je ne peux pas le laisser se faire accuser pour un acte qu'il n'a pas commis. Il peut être jugé pour les prostituées, pour son trafic, pour probablement de la drogue mais pas pour un crime qu'il n'a pas commis.

Le poing serré, je me décide enfin d'entrer. Les jambes tremblantes, le cœur battant, mes pas sont petits, comme si une partie de moi avait peur. Peur d'être jugé. Peur d'être mal comprise. Une femme vient me voir, sûrement parce qu'elle me voit perdue, ne sachant quoi faire ni où aller. Une jeune femme, bien plus jeune que moi. J'en déduis très rapidement qu'elle est nouvelle, ayant obtenu probablement son tout premier travail, espérant ne pas la dégoûter en devant lui raconter mon histoire. Une queue de cheval parfaitement coiffée, un pas déterminée sûrement pour montrer qu'elle est faite pour ce métier, elle décide de se présenter à moi. Manuela Toro. Je décide de déposer ma déclaration avec elle. J'aurais préféré le faire avec l'un des officiers qui ont débuté cette enquête mais je n'ai pas de temps à perdre. Je sais qu'Antoine va lire ma lettre et je ne voudrais pas qu'il m'arrête avant même d'avoir annoncer ce que j'ai commis. Je me dis que cette jeune femme est très bien, qu'elle sera m'écouter et qu'elle doit probablement être au courant de cette affaire.

- Je m'appelle Manon, commencé-je d'une voix tremblante. Manon Maltais. Ma sœur jumelle a été assassiné il y a quelques semaines, Margot Maltais. Est-ce cela vous parle ?

- Oui, me dit-elle d'une voix plus douce comme si elle voulait me mettre en confiance. Vous avez eu un détail qui vous ait revenu ?

- J'ai mieux que ça, affirmé-je. Je connais le meurtrier. Ou plutôt la meurtrière.

Manuela semble gênée par mes paroles. Je pense que cela est dû à son manque d'expérience. Cette affaire doit probablement être sa première, elle n'a donc jamais vu un criminel, jamais vécu une situation comme celle-ci mais je suis sûre qu'elle prendra ma déposition correctement.

- Ce sont des accusations graves, déclare-t-elle. Un faux témoignage peut se retourner contre vous.

- Je le sais mais je ne mens pas. Je connais parfaitement la meurtrière et je peux vous donner tous les détails que vous souhaitez si vous avez du temps à m'accorder.

- Bien sûr. Je vous écoute.

- La meurtrière, c'est moi.

Son visage se décompose et je peux la comprendre. Elle n'a personne avec qui partager ça, aucun supérieur n'est avec elle. Elle doit gérer ça toute seule mais je prendrais le temps qu'il faut afin qu'elle est tout le temps qu'elle souhaite pour écrire ce que je lui dirais et si je dois répéter, je le ferais même si ce n'est pas agréable. Maintenant que j'ai fait le plus dur : venir et annoncer qui est la coupable, je ne peux plus reculer.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant