Chapitre 13

37 3 4
                                    

 Margot s'apprête à me faire la bise, comme tous les jours pour se dire bonjour mais aujourd'hui est un autre jour. Je recule d'un pas et le sourire de ma sœur se transforme en une incompréhension de sa part. Elle ne comprend pas ma réaction et c'est normal. Comment peut-elle se douter une seule seconde que je l'ai vu dans les bras d'Antoine ? En la voyant, la colère emporte tout. Ma tristesse s'envole. Je ne vois que le mal, que la trahison de ma jumelle. Je serre mon poing gauche de toutes mes forces, créant probablement une marque dans le creux de ma main, voulant estomper ma rage mais sans succès. D'un coup, sans me contrôler, ma main droite la gifle. Je ne lui ai jamais levé la main dessus. Jamais un coup. C'est la première fois et au lieu de m'en vouloir d'avoir eu un geste de violence, je suis plutôt soulagée, comme si je venais de dégager un poids en moi.

- Non mais qu'est-ce qu'il te prend ? Me demande Margot.

Elle pose sa main sur sa joue, ressentant sûrement encore la douleur. Je tourne en rond, essayant de chercher mes mots afin d'être le plus diplomate possible mais la colère est tellement élevée que je refuse de peser mes propos. Elle va entendre réellement ce que j'ai à lui dire, même si mes phrases seront probablement crues.

- Qu'est-ce qu'il me prend ? Rigolé-je nerveusement. J'espère que tu te fous de moi. Tu es vraiment une connasse.

- Pardon ? Tu me donnes une claque et c'est moi la connasse ?

- Tu préfères peut-être le mot salope ?

- Pourquoi tu m'appelles comme ça ? Je...

- Alors comment tu appelles une sœur qui s'envoie en l'air avec mon mec ?

Son visage se décompose. Ce n'est pas comme la dernière fois où notre conversation tournait autour de la prostitution ou de ses mensonges. Là, son expression est différente. Elle devient rouge écarlate. Rouge de honte. C'est la première fois que je l'insulte et honnêtement, je ne ressens rien. Pas un remord, pas un manque de respect de ma part. Rien du tout si ce n'est qu'un soulagement. Margot n'ose rien dire et je crois que c'est mieux ainsi. Je ne suis peut-être pas prête à entendre ses explications qui seront probablement un tissu de mensonges mais d'un autre côté, j'ai envie de l'écouter afin de comprendre ce qui lui est passé par la tête.

- Comment as-tu pu me faire ça ? Demandé-je en cherchant son regard. Comment as-tu pu coucher avec mon mec ?

- Ça s'est fait naturellement. Ça ne s'explique pas ce genre de choses.

Je rigole nerveusement. Comment peut-elle me mentir à ce point ? Quand une personne ment, il est difficile de connaître ses intentions mais quand nous connaissons la vérité, il est encore plus difficile de garder son calme. Je me surprends moi-même à être aussi détendue. Face à cette situation, un bon nombre de femmes auraient tout envoyés en l'air, auraient tout détruit sur leur chemin. Je reste paisible, dotée d'une grande sagesse ou plutôt, je me force à être ainsi afin de garder le contrôle, d'avoir des réponses. Je me dis que si je m'énerve, je n'aurais aucune réponse et je ne serais pas plus avancée. La violence ne mène à rien non plus même si ça peut soulager. Ça ne servirait à rien de me déchaîner sur elle, cela ne changerait rien à ce qu'il a pu se passer.

- Margot, arrête de me mentir, dis-je le plus délicatement possible.

- Je ne te mens pas. Hier, tu n'étais pas là alors on a discuté avec une bouteille de vin. On a trop bu et il s'est passé ce qu'il s'est passé. Ce n'était pas...

- Laisse-moi deviner, la coupé-je. Tu vas me dire que l'alcool a pris le dessus et que tout s'est chamboulé dans votre tête. Je manquais à Antoine, Antoine t'a plu subitement et vous avez couchés ensemble sans amour de votre part.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant