Chapitre 22

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 Assise dans une salle d'attente, je patiente. Mon tour ne va pas tarder à arriver. C'est le jour J. Le jour où je vais rencontrer mon psychologue et débuter une séance et peut-être pas la dernière. J'ai préféré choisir une femme, travaillant indépendamment, en dehors de l'hôpital et de la ville où je travaille. Je ne voudrais pas que de mauvaises langues parlent à mon sujet. Ce que je fais ne regarde que moi. Certains collègues sont respectueux, ne jugeant pas les autres mais ils ne sont pas tous comme ça. D'autres sont plus méchants, plus hypocrites, aimant raconter des ragots, des rumeurs, semer la zizanie. Je préfère être loin afin d'éviter tout ça. Une boule au ventre s'est installée en moi depuis le début de la journée. C'est étrange comme sensation. Je suis médecin, des psychologues, j'en ai vu. J'ai pu échanger avec eux à de nombreuses reprises sans avoir peur mais lorsque les rôles s'inversent, devenant la patiente, c'est autrement. Les questions se posent dans ma tête. Comment se déroule réellement une séance ? Comment se comporte vraiment une psychologue face à un patient ? C'est différent lorsque nous sommes derrière la barrière, lorsque c'est nous qui devons être suivi. Je pense que chaque personne dans ma situation serait angoissée lors de son premier rendez-vous. Certains le seront peut-être même un peu plus, n'arrivant pas à contrôler leur stress. D'autres sûrement un peu moins, sachant gérer leurs émotions.

La salle d'attente est chaleureuse. Les murs sont blancs avec des touches de décorations en bois ainsi que des cadres reposants. Deux canapés en tissus de couleurs taupes sont en face l'un à l'autre, de style scandinave. Deux fauteuils dans le même style sont présents également. La table basse est en bois clair avec quelques magazines dessus afin de faire patienter les patients. Je me sens bien dans cette pièce. Je me sens à l'aise, en confiance. C'est comme si j'étais chez moi, ayant plus ou moins une décoration similaire. Je ne savais pas où j'allais tomber en prenant rendez-vous et finalement, mon intuition était plutôt bonne. Il n'y a personne avec moi, me disant que ce n'est pas plus mal. Je pense qu'en voyant d'autres patients dans cette pièce, mon stress se serait amplifié tout seul. Voir d'autres personnes angoissées, attendant pendant plusieurs minutes notre tour, se posant probablement les mêmes questions ne m'aurait pas aidé. La porte s'ouvre et je découvre une femme d'une trentaine d'années, les cheveux blonds attachés en un chignon décoiffé, portant des lunettes ainsi qu'un jean, des talons et une chemise. Ma première impression est bonne. Cette femme m'inspire confiance. Elle a un visage doux, un visage gentil. Je ne saurais l'expliquer mais parfois, lorsque nous rencontrons une personne, nous nous imaginons de quel côté fait-elle partie. Si c'est une bonne personne ou à l'inverse, si c'est une mauvaise personne. Elle fait partie du bon côté. Elle me donne envie de discuter avec elle, de tout lâcher, ce qui est un bon signe pour un début. Ma boule au ventre disparaît tout doucement.

- C'est à nous, me sourit-elle en me dirigeant avec son bras dans sa salle de consultation.

Je me lève, serre la main de la professionnelle et entre, découvrant son cabinet. Il y a deux espaces. Le premier, sur la gauche, un bureau est installé. Un bureau en bois clair, comme sa salle d'attente, avec son fauteuil taupe et de deux chaises pour les patients. Des plantes sur le côté, une armoire pour ses dossiers, des cadres pour décorer. Du côté droit se trouve également une plantes, assez haute, avec un énorme tapis gris, ainsi qu'une chaise pour la psychologue et d'un siège un peu plus confortable pour le patient. C'est une sorte de divan mais nous ne pouvons pas s'allonger dessus, simplement s'étaler, si je puis dire afin d'être le plus à l'aise possible. Une commode rempli également la salle avec une cafetière, des gobelets, de quoi se nourrir et de déshydrater. J'ai l'impression qu'elle a conçu cet endroit afin d'être le plus à l'aise possible, afin de se sentir bien. C'est dans le même style que sa salle d'attente. Je me sens bien ici. Ça aurait pu être une pièce de ma maison.

- Je vous en prie, installez-vous, me dit-elle en me montrant la chaise en face de son bureau.

- Merci.

Pardonne-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant