Courant à vive allure en plein milieu de la nuit, dans un parc désert, remplis de nombreux arbres, cachant au maximum le ciel, je sentais mon cœur battre à une vitesse incroyable, à une vitesse peu commune. La panique. Le désespoir. La peur. Les paysages défilaient toutes les secondes et l'angoisse montait petit à petit. Je me retournais, voulant observer derrière moi afin de savoir si la personne me suivait toujours. La réponse était rapide : oui. Cet inconnu me poursuivait encore, sans s'arrêter, comme si elle ne ressentait aucune fatigue, aucun épuisement, ce qui n'était pas mon cas. Je manquais cruellement d'air, l'impression d'avoir épuisé le stock dans mes poumons. Mes jambes portaient mon corps avec beaucoup de difficulté, au point de laisser mon corps s'écrouler entièrement lorsqu'une branche d'un arbre me coupait la route. Impossible pour moi d'éviter la chute, de me rattraper. Le corps allongé sur le sol, sur la terre, n'ayant presque plus d'herbe à cet endroit à cause des enfants qui courent, à cause du passage fréquent, je pivotais enfin s'apercevoir ce qu'il pouvait se produire. La silhouette flou apparaissait bien plus claire lorsque s'approchait de moi. Il n'y avait plus cette ombre qui cachait son visage, plus ce brouillard qui m'empêchait de mettre une image sur elle, de mettre peut-être un nom. Mon sang ne faisait qu'un tour en découvrant qui était derrière ma peur, en démasquant cette fameuse personne. Ma sœur. Margot. Elle se tenait devant moi, bien droite, me regardant, ne pouvant s'empêcher de ricaner de plus belle, comme si la situation était drôle, comme si cela l'amusait de me voir ainsi, par terre, dans une mauvaise posture.
- Alors, on est tombé ? Rigolait-elle.
Son visage n'était pas comme d'habitude. Il était plus terrifiant. Rien à voir avec de la douceur, avec la délicatesse et la gentillesse qu'elle dégageait. Ses yeux étaient gros, ronds, prenant une énorme place dans une petite tête comme dans les dessins animés où les personnes avaient des détails de leur visage bien plus grands que la normale. Son regard était poignant, me fixant comme si j'étais l'une de ses proies, comme si des couteaux allaient sortir de ses yeux afin de m'éliminer sur le champ. Son nez était en revanche petit, presque inexistant en comparaison de sa gigantesque bouche, recouvrant pratiquement le bas de son visage. Ses lèvres ne se voyaient quasiment pas, laissant plutôt apparaître en majorité ses dents. De longues dents blanches, parfaitement alignées sans aucun écart, sans aucun trou. Son sourire se s'estompait pas, restant ainsi. C'est comme si Margot s'était transformé à moitié en personnage de dessin animé. À cet instant, elle me faisait atrocement peur. Je sentais mon corps trembler, constatant mon envie de crier, de pleurer. Son visage s'approchait de moi, un peu plus à chaque seconde, me faisant reculer mais rien ne se produisait. Mon corps ne bougeait pas, comme si il était attaché à cet arbre près de moi, comme si il était paralysé par la peur. Seulement quelques centimètres nous séparaient. Son rire me terrifiait. Habituellement et pour n'importe quelle personne, lorsque nous riions, un bruit apparaissait, indiquant notre bonne humeur. Le bruit communiquait un moment drôle, partageant cette joie de vivre avec ceux qui nous entourait. Ce n'était pas son cas. Son rire montrait sa méchanceté, me donnant de nombreux frissons. Son rire indiquait clairement une envie de meurtre, une envie de désir profond de faire du mal. Elle me montrait ses mains. Des mains qui paraissaient tout à fait normales jusqu'à ce que ses ongles se transformaient en de grandes aiguilles en fer, comme Edward dans le film Edward aux mains d'argent sauf qu'à la différence de celui-ci, ce n'étaient pas des ciseaux mais des lames, tranchantes et seulement au niveau des doigts et non de la main toute entière. Son regard se dirigeait vers ses lames avant de reposer ses yeux sur ma personne, me confirmant l'idée qu'elle voulait en finir avec moi. Comment pouvait-elle vouloir ma mort ? J'étais sa sœur jumelle, une grande partie de sa vie, sûrement la seule qui pouvait la comprendre pour toutes les erreurs qu'elle avait pu comprendre, pour toutes les fois où elle pensait différemment des autres. J'étais celle qui pouvait tout accepter d'elle, même le pire. Les larmes coulaient sur mes joues, la tristesse montait en moi. La fin arrivait donc à ce moment ? En plein milieu de la nuit, avec aucun passant pour me protéger, pour m'aider dans mon malheur. J'étais seule. Seule face à Margot. Seule face à cette femme qui était désormais devenu un monstre. Sa main gauche reculait, comme pour prendre son élan et sans avoir le temps de la repousser, de partir, ses lames me rentraient dans mon corps, au niveau de mon ventre, là où se trouvait mon bébé qui grandissait à l'intérieur de moi au fil des jours. Lorsque ses lames ressortaient de ma bedaine, l'enfant que je portais était accroché à ses doigts mais en regardant d'un peu plus près, mon bébé était embroché à l'une d'entre elle. Le sang dégoulinait de partout. Le bébé sans vie me laissait sans voix, incapable d'exprimer ce que je ressentais., incapable de crier ma détresse. Margot rigolait de plus belle. Je voyais dans ses yeux qu'elle était heureuse, qu'elle aimait ce qu'elle venait de faire. En ce qui me concerne, j'avais peur. J'avais terriblement peur. Sa main droite reculait, comme précédemment avec son autre main, prête à recommencer. Je me sentais uriner dessus à cause de la peur, ne sachant comment réagir, comment faire pour me sortir de cette catastrophe. Sa main droite se précipitait sur moi, rentrant ses lames au niveau de ma poitrine.
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Pardonne-moi.
Fiksi PenggemarManon Maltais. Antoine Griezmann. Margot Maltais. Deux sœurs jumelles que tout oppose.